Comment les Français ont instrumentalisés le 29 mars pour garder la mainmise sur le pays ?


  • FrançaisFrançais

  • Le 29 mars 1947, l’insurrection fait des milliers de morts, mais on oublie toujours ce qui s’est passé avant et après, car ce n’est pas toujours dans le sens de l’indépendance pleine et entière.


    Suivez-nous sur notre page Facebook et notre canal Telegram


    L’insurrection du 29 mars 1947 va provoquer 30 000 morts, mais il vient d’un éveil politique des indépendantistes à partir de 1936, des indépendantistes qui étaient surtout des assimilationnistes, car les premiers mouvements de rebelion post-colonisation voulaient surtout supprimer le Code de l’Indigénat (qui faisait une différence entre les habitants de la colonie et ceux de la métropole) ce qui, ironiquement, nous laisse entendre que les indépendantistes malgaches voulaient surtout être des français à part entière.

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    Quand la France comprendra la bêtise du code de l’indigénat, il va le supprimer et offrir la représentation politique en 1936. A ce moment, le MDRM va apparaitre avec Joseph Raseta et Joseph Ravoangy à sa tête. Etrangement, ce parti pour l’indépendance de Madagascar sera fondé à Paris… Le MDRM va s’allier avec la bourgeoisie malgache merina qui était toujours rancunière par rapport aux colons français qui avaient décapité leurs privilèges quand ils étaient au pays. Ils ne se sont jamais occupé de la légitimité du peuple ou de donner une vraie indépendance.

    Comme le MDRM était majoritairement merina, les cotiers se sont sentis lésés et ils vont créer le PADESM qui sera soutenu discrètement par le pouvoir colonial. Et c’est normal, quand les Français arrivent à la fin des années 1800, c’est la monarchie merina qui règne sur le pays, les colons, portés par les idées de 1789, vont s’empresser de débouter cette monarchie et ils vont promouvoir les cotiers en les mettant dans l’administration. Malgré ces magouilles populistes, le MDRM est populaire, car c’est le premier qui apporte un discours cohérent et structuré sur la libération du pays.

    L’insurrection du 29 mars est un mouvement spontané, organisé par plusieurs groupes en même temps. Cela va être une boucherie, car en plus des milliers de morts, cela va provoquer un afflux massif de réfugiés dans les grandes villes. Pour le pouvoir colonial, le MDRM est dangereux et donc, il va tout lui mettre sur le dos, arrêter la plupart de ses membres et exécuter les autres. C’était un bon calcul de la part du pouvoir colonial, car il fallait décapiter le mouvement qui lui était hostile, il voyait que l’indépendance allait se produire tôt ou tard et il fallait donc un parti politique qui soit à la cool avec l’ancienne puissance coloniale. Cela va être le rôle du PADESM qui va devenir ensuite le PDS, mené par Philibert Tsiranana et après, il ne faut pas s’étonner que la transition vers l’indépendance s’est faite en douceur et que Tsiranana soit devenu le premier président.

    Est-ce à dire que le 29 mars n’a servi à rien ? Je dirais que cela a accéléré le processus d’indépendance, mais ce n’est pas lui qui en est à l’origine. Après 1945, De Gaulle va se dépêcher de quitter les colonies africaines, car cela lui coute un pognon de dingue sans forcément les retours sur investissement. Et la preuve est que l’indépendance se fera en 1960 après une passation de pouvoir et un référendum. Le problème est que quand vous avez un président qui est à la solde des colons, mais qui doit concrétiser l’indépendance du pays, alors on peut dire qu’on peut attendre longtemps. Le virage socialiste de Ratsiraka dans les années 1970 va changer légèrement la donne.

    Depuis le début, les élites malgaches se fichent pas mal de la légitimité du peuple ou de faire en sorte d’être réellement souverain. On le voit encore à l’heure actuelle où le pouvoir est extatique dès qu’il est adoubé par les officines internationales qui sont les nouveaux colons.

     

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

    Sur Amazon ou Acheter directement

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *