Pourquoi l’AGOA n’aidera pas Madagascar ?


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  • L’AGOA n’a pas aidé Madagascar à enrichir sa population et il ne l’aidera pas dans le futur, car le modèle économique est fondamentalement décroissant sans oublier que les critères sont au doigt mouillé.


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    Le gouvernement se dandine pour montrer qu’il est un bon élève de l’AGOA, l’accord avec les Etats-Unis pour qu’on exporte nos produits sans aucune taxation douanière. Cela concerne surtout le textile. On a été l’un des premiers bénéficiaires de ce truc dans les années 2000, on a été suspendu en 2009 après le Coup d’Etat et on l’a réintégré vers 2014/2015. Cet accord est problématique à plus d’un titre, sur le plan économique, il ne rapporte rien à l’Etat malgache, car :

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    • Il n’y a aucune TVA pour les entreprises de zone franche
    • Les conditions de travail sont assouplies dans le langage néolibéral, mais elles sont inexistantes
      • Ce sont les femmes qui travaillent le plus à coudre les merdes portées par les américains
      • Les entreprises peuvent leur imposer des heures supplémentaires sans couts supplémentaires
      • Comme ces femmes sont soumis à un quota, alors elles s’épuisent pendant 12 à 14 heures par jour pour tenter de gagner quelques centimes de plus
    • Aucune progression dans l’emploi, une femme qui a travaillé dans une zone franche bénie de l’AGOA en 2009, sera toujours une femme au même poste en 2025 et au delà

    En bref, comme je le dis dans mon livre, une zone franche est un régime d’esclavage, mais qui est autorisé par l’Etat et les modèles néolibéraux vénérés par les cadres de la Banque mondiale, du FMI et de toutes les multinationales occidentales qui n’ont jamais vu une seule machine à coudre de leur vie

    Des critères au doigt mouillé

    Et évidemment, le plus gros problème avec l’AGOA est que éligibilité est selon des modèles d’Etat de droit, de droits de l’homme et de bonne gouvernance, ce sont des expressions qui ne veulent absolument rien dire et on peut mettre tout ce qu’on veut dedans. Et pour les américains, l’AGOA est une manière de contrer la Chine… comme d’habitude, donc, dans les prochaines années, les critères seront plus durs. Si vous ne promouvez pas le LGBTisme, alors vous êtes cuit, si vous ne condamnez pas la Russie, vous êtes cuit, etc

    Parce que nous aussi, on pourrait donner des leçons de droit de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’Etat droit aux yankees. On pourrait parler d’Assange ? Ou on pourrait parler du soutien hilare au génocide des palestiniens ou encore l’implication directe des Etats-Unis dans des attentats terroristes, notamment une certaine ville de Russie ?

    Le problème dans une relation entre un maitre et un esclave et que l’esclave est toujours récompensé par davantage de servitude pour son excès de zèle !

    Souverainiser l’AGOA

    On peut tout à fait jeter l’AGOA à la poubelle et balancer un cocktail Molotov par dessus, mais on peut développer notre textile si on y injecte de la souveraineté. Premièrement, il faut contrôler tout le cycle de production des vêtements impliquant :

    • Améliorer et augmenter la production de coton – Nous produisons du coton dans la région du Sud-Ouest, mais d’une part, c’est riquiqui, mais stupidité néolibérale, nous exportons tout notre coton alors qu’il devrait être injecté dans les usines de tissage qui vont aller ensuite dans celle des vêtements.
      • On se retrouve dans la situation idiote où nous exportons les fils et les tissus pour nos entreprises franches alors que nous produisons du coton sur place ! Faire en sorte de bannir le coton pour l’exportation et l’intégrer dans la filière, créer les usines de tissage pour avoir un cycle local pour toute la production de vêtement
    • Lancer la fabrication de machines à coudre – Vu la nullité du gouvernement sur place, je sais que c’est une grosse marche à monter, mais la souveraineté attire la souveraineté. On doit réfléchir pour créer nos propres machines à coudre sur place. Ce ne sont pas des machines de haut technologie, même des modèles bas de gamme peuvent faire l’affaire dans un premier temps et forcer les entreprises franches à les utiliser. Ensuite, on peut augmenter la cadence et la technologie dedans pour créer toute une filière industrielle.

    Déjà, une usine de machines à coudre vous donne de meilleurs salaires et si on arrive à les exporter, alors nos bénéfices explosent. Le Vietnam a clairement pris ce chemin quand il s’est développé. Il a fabriqué du textile pendant des années à destination de la Chine, puis il a commencé sa production locale de tout le secteur textile.

    On ne se rend pas compte du cercle vertueux de ce type d’industrie, car vous avez plein de sous-industries qui se créent avec des emplois bien plus rémunérés que dans le secteur textile. Dans les zones franches, le salaire minimum est autour de 100 000 ar, bien loin du minimum de l’Etat, car justement cette beauté de l’AGOA fait qu’on n’est pas obligé de respecter les lois du travail.

    Je ne suis pas partisan du secteur textile, car je pense que la population malgache mérite bien mieux que ça, mais si on n’a que ça, alors il faut le souverainiser et lui donner des moyens de créer réellement de la richesse.

    Si nous maitrisons la production de coton, que nous avons nos propres usines de tissage et que par la grâce de Dieu, nous pouvons aussi fabriquer nos propres machines à coudre, alors on peut dire à l’AGOA d’aller se faire foutre et exporter notre textile où on veut et comme on veut.

    L’Asie n’a jamais fait partie de l’AGOA et pourtant, il possède le secteur textile le plus développé au monde…

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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