ChatGPT et Bard : Google s’est-il fait piéger par le Dilemme de l’inventeur ?
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Google avait tout misé sur l’IA depuis des années, mais il semble bien qu’il se soit fait avoir par le Dilemme de l’inventeur. Explications.
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ChatGPT a pris tout le monde par surprise, mais ce n’est rien comparé à la surprise chez les ingénieurs de Google en mode :”Comment ça, ils sont meilleurs que nous ? Nous sommes l’entreprise IA !“. Ce sont les mots de Sundar Pichai pour réagir à ChatGPT en disant que cela fait 6 ans que Google se considère comme une entreprise IA.
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La même chose pour Facebook, est-ce que vous saviez que Facebook avait lancé un équivalent à ChatGPT appelé Galactica et qui avait été supprimé très rapidement pour ses “commentaires offensants” ? Non, et c’est le problème, Facebook et Google sont surveillé comme le lait sur le feu, notamment Facebook après les prétendues accusations d’interférence de votes en 2016 (une chose qui n’a jamais été réellement prouvée).
Et donc, ils tentent des produits IA, mais ils sont bloqués net par une masse bête ignorante et méchante dont la principale mission dans la vie est de pointer un doigt accusateur. Ce qui est encore plus risible est que la technologie de Deep Learning utilisé par ChatGPT a été inventé par Google et ce dernier qui est laissé sur le carreau.
On est dans un cas typique du Dilemme de l’inventeur. Ce dernier est un concept en économie qui décrit un problème dans lequel un inventeur peut se trouver lorsqu’il souhaite commercialiser une innovation. Il y a généralement deux options pour l’inventeur : soit il garde le secret sur son invention et en tire un avantage exclusif, soit il la partage avec d’autres pour encourager la diffusion et la développement de l’innovation.
Cependant, s’il choisit de partager son invention, il risque de voir d’autres personnes en tirer profit sans lui donner de compensation, ce qui peut décourager les futurs investissements dans la recherche et le développement. De plus, si l’inventeur choisit de garder son invention secrète, il peut manquer des opportunités de collaboration avec d’autres acteurs qui pourraient aider à accélérer le développement et la diffusion de l’innovation.
ChatGPT plante une fois sur deux, il propose parfois de mauvaises réponses, mais il est LE PREMIER et dans la sphère technologique, c’est tout ce qui compte. Votre produit de merde deviendra le numéro 1 si vous le proposez en premier. Pour un capitaine de l’industrie comme Musk qui est derrière OpenAI, c’était une évidence.
Evidemment, Google ou Microsoft ont réagi. Microsoft est une entreprise abominable vu son passé avec Windows, ce sont sans doute les pires prédateurs de la technologie, mais ils ont ce génie de la survie qui n’a jamais été égalé. Il faut se rappeler que Microsoft est plus ancien que AOL, Yahoo, Caramail ou Lycos !
Et pourtant, ils ont survécu à toutes les vagues, le web 2.0, les réseaux sociaux, la vidéo et dans l’IA, ils ont misé sur le premier arrivé. C’était à la fois très intelligent et économique. ChatGPT a le soutien du public puisqu’il est gratuit et il peut faire des choses qu’on ne pouvait pas faire auparavant. Et même si on n’est pas parfait, on lui pardonne.
Dans un premier temps, Google a déclaré qu’une entreprise de sa taille devait réagir prudemment à cause des raisons qu’on a mentionné auparavant. Et une semaine plus tard, ils annoncent Google Bard qui est une IA qui va alimenter son moteur de recherche. Et donc, on a une présentation étincelante en début de semaine. C’était en mode : “Nous sommes Google et nous pouvons faire mieux qu’une petite startup minable comme Open AI“.
En un sens, Google Bard agissait comme un charmant escroc qui dirait n’importe quoi pour vous impressionner. Et pendant la présentation, les mecs de Google ont demandé à Bard sur qui a pris la première image d’une exoplanète et celui-ci a répondu que c’était le James Webb Space Telescope.
Malheureusement, c’était complètement faux. Ce n’était pas le JWST qui a réalisé ce exploit, mais Chauvie et al en 2004. Cette erreur flagrante a été repérée par la communauté scientifique, avec plusieurs scientifiques la publiant rapidement sur les réseaux sociaux. L’un de ces scientifiques est Bruce Macintosh, qui a photographié une exoplanète 14 ans avant le JWST.
Bien sûr, ChatGPT fait des erreurs, il m’a quand même proposé un hamburger avec des langoustes et de la confiture de rhubarbe, mais c’est une autre histoire… Et Google Bard n’est pas parfait, mais ici, c’était une réponse pour une présentation officielle. C’était quand même la moindre des choses de vérifier les réponses avant de les publier et c’est aujourd’hui un réflexe de n’importe quel utilisateur de ChatGPT.
La conséquence a été immédiate ! Google a perdu 100 milliards de dollars en bourse après cette présentation. Ce n’est pas qu’on a été scandalisé par une mauvaise réponse, mais on attendait bien mieux de Google. Il y a 15 ans, quand Google faisait sa Keynote, tout le monde était pendu à leurs lèvres en se disant : “Mais qu’est-ce qu’ils ont encore bien inventé ? “. Gmail, Youtube, Adsense, Google Maps, Google Street, c’était la belle époque.
Cela fait des années que Google n’a rien inventé d’excitant, car il s’est vautré dans la bureaucratie avec une structure de plus en plus lourde et en visant le politiquement correct. Ainsi, Facebook avait aussi lancé une IA pour générer des images appelée BlenderBOT, mais Facebook l’a tellement restreint pour éviter qu’elle génère des choses offensantes qu’elle était emmerdante à souhait. Elle était inutilisable. Quand ChatGPT a été lancé, pendant les premiers jours, il refusait de donner constamment des réponses. Mais OpenAI a desserré sa ceinture et il s’est dit que le public mérite des réponses aussi libres que possible, même si elles ne sont pas exactes.
Par ailleurs, quand on regarde Google Bard, on est davantage proche d’un Google Assistant boosté aux stéroides. Il sera davantage dans l’exécution des tâches plutôt que la génération de contenu, qui est quand même la principale qualité apprécié de ChatGPT par les utilisateurs. Mais le truc n’est pas encore sorti officiellement et cela reste à voir. Google pourra miser sur sa gratuité et sa disponibilité à toute épreuve. Cependant, il lui faudra faire bien plus que ChatGPT.
On pourrait dire que l’inclusion de ChatGPT dans Bing est la même chose qu’un assistant, oui, mais Microsoft ne prend pas beaucoup de risques. C’est un bonus pour lui, sa mise de 1 milliard de dollars est une goutte d’eau comparé à la montagne de cash qu’il possède et même si cela permet de grappiller seulement 1 % supplémentaire des parts de marché des moteurs de recherche, il gagne sa mise. En revanche, l’arrivée des IA conversationnelles bouleverse tout l’écosystème du web avec les sites web et la publicité qui les rénumère dont Google a le monopole.
On attend bien plus de Google, j’espère qu’il ne nous décevra pas sinon il va rejoindre ses collègues AOL, Lycos ou Caramail dans le cimetière des éléphants qui n’ont pas suffisamment maigris pour survivre.
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