Dungeons & Dragons dit NON à l’IA : l’éditeur interdit les images générées par l’intelligence artificielle

L’éditeur américain Wizards of the Coast, propriétaire de la célèbre franchise Dungeons & Dragons, a pris une décision radicale : il a interdit à ses artistes d’utiliser des outils d’intelligence artificielle (IA) pour créer des illustrations pour ses livres de jeux de rôle. Cette mesure fait suite à la découverte qu’un de ses illustrateurs, Ilya Shkipin, avait utilisé un logiciel d’IA pour améliorer ses propres dessins, sans en informer l’éditeur.

Ilya Shkipin, qui travaille pour Dungeons & Dragons depuis longtemps, avait publié sur Twitter des images qu’il avait réalisées pour le livre Xanathar’s Guide to Everything, sorti en 2017. Il avait reconnu avoir utilisé un logiciel d’IA pour affiner ses designs, mais pas pour les générer entièrement. Il avait expliqué que les générateurs d’IA n’étaient pas assez performants à l’époque où il avait soumis ses images.

Sur la gauche, l’image générée à l’aide d’une IA, sur la droite, l’image finale de l’artiste

Sa démarche avait suscité la controverse dans la communauté des designers, certains étant très réticents à l’égard de l’art généré par l’IA. Face aux critiques, Ilya Shkipin avait décidé de supprimer ses publications. Le site Gizmodo avait toutefois réussi à les sauvegarder sous forme de capture d’écran.

Wizards of the Coast avait réagi par un bref communiqué sur Twitter : il avait affirmé ne pas être au courant que Ilya Shkipin utilisait des outils d’IA et avoir convenu avec lui qu’il ne les utiliserait plus à l’avenir. Il avait également annoncé que les illustrations en question seraient retravaillées et que ses propres directives seraient révisées pour préciser aux artistes qu’ils devaient s’abstenir d’utiliser “la génération par IA comme partie de leur processus de création artistique”.

Cette décision témoigne de la volonté de Wizards of the Coast de préserver la valeur de son art, qui repose en grande partie sur le travail manuel et le talent de ses artistes humains. L’éditeur craint sans doute que les outils d’IA ne transforment son art en une marchandise facilement accessible à tous (voir mon image de couverture), disponible à tout moment. La question est de savoir si, malgré ou peut-être grâce à cette banalisation par l’IA, les gens continueront à accorder une valeur, voire une valeur particulière, à l’art créé par des humains. Wizards of the Coast semble parier que oui.