Madagascar : Le Coup d’Etat de 2009
Ci-dessous, des extraits de mon livre Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain.
Pour résumer, on donne 1,3 millions d’ha de terre à une entreprise étrangère, elle emploie des malgaches, payés au lance-pierre pour travailler dessus et ensuite, tout la production va aller engraisser les sud-coréens, j’ai tout bon ? C’est ce qui se passe quand on est tellement enivré de pouvoir qu’on ne se compte même pas compte de la bêtise monumentale qu’on est en train de commettre.
Pour comprendre l’ampleur de l’accaparement, Madagascar possède 40 millions d’ha de terres arables et 4 millions sont cultivés. Cela signifie que le régime Ravalomanana était prêt à donner gratuitement quasiment l’équivalent de la moitié des terres cultivables dans le pays à une entreprise étrangère.
Le scandale est tellement énorme que cela va permettre à Andry Rajoelina d’embrayer dans la contestation populaire. Et les effets du néolibéralisme se font de plus en plus ressentir. La population vit une stagnation économique sans précédent pendant que les voyants de la Banque Mondiale et du FMI sont au vert. Et comme ils ne comprennent pas cette dissonance, alors ils utilisent le seul mode d’expression à leur disposition qui est la manifestation.
Et le pillage a continué le 27 janvier 2009. Je suis sorti ce jour-là malgré les interdictions de tous mes proches. Quand je m’approche de cette grande surface à Tanjombato, je vois un paysage entièrement en blanc. La route, les arbres autour, les terrains vagues étaient entièrement blancs comme s’ils étaient enneigés. Cela allait jusqu’à Ankadimbahoaka. C’était de la farine, des tonnes de farine qui ont été saccagés et cela vous montre la violence et la haine des gens pendant ces pillages.
J’ai vu ces bourgeois, devenir de vulgaires receleurs. Comme la racaille en face n’avait aucune idée de la valeur des biens qu’ils pillaient, vous aviez ces riches qui achetaient des bouteilles de Jack Daniel’s pour 2 euros ou des services en porcelaine pour 3 euros. Comme quoi, les vraies crapules et parasites ne sont pas ceux qu’on croit.
Il y a une scène que je n’oublierais jamais. A 2 mètres de moi, je vois une 4 × 4 noire avec des vitres entièrement fumées. Une Française pure souche en descend et elle alpague une petite frappe qui ramenait de la bouffe, c’était une boite de lait concentré et du vin blanc. Elle le rachète pour quelques billets, elle ouvre la boite de lait concentré et elle avale toute goulûment. Elle ouvre ensuite la bouteille et cul sec, ma bonne dame. Elle me remarque et se fend d’un rire dément, une dingue dans une folie collective, c’était tout à fait la norme.