Madagascar : Le programme de pauvreté d’Andry Rajoelina

Une investiture en grande pompe d’Andry Rajoelina pour le 16 décembre 2023. Sa victoire a été nette, l’opposition ne peut s’en vouloir qu’à elle-même pour sa médiocrité face à un pouvoir fragile. Et je le dis, vu sa prestation, l’opposition doit bien fermer sa gueule avant de nous donner des leçons ici et là.

Andry Rajoelina a annoncé son programme dans les grandes lignes :

• Formation des familles les plus vulnérables à l’agriculture et à l’élevage
• Contraception massif
• Et formation des jeunes

Aucune de ces trois dispositions ne créera de la richesse et surtout, c’est un programme qui manque d’ambitions, on se contente de faire tenir la maison en espérant qu’elle ne craque pas au premier souffle économique. Déjà, la formation agricole pour les familles les plus pauvres ne sera que de trois mois. J’ignore quel débile lui a dit qu’on pouvait devenir agriculteur et éleveur en 3 mois, on dirait une de ces formations foireuses qui vous promettaient d’apprendre la bureautique dans les années 2000 !

L’agriculture de pauvreté

Il faut des années pour devenir un agriculteur et éleveur, rompu aux techniques modernes. De plus, il faut un accompagnement de l’Etat que ce soit sous forme de terre et le gouvernement a annoncé son machin de titres verts. Mais il faut les accompagner financièrement sur le long terme, car ils sont dans les griffes du micro-financement, les agriculteurs payent des intérêts jusqu’à 30 % ce qui est pire que de la rapacité.

La majorité des agricultures des pays riches sont subventionnés massivement et on attend qu’un pays pauvre s’en sorte sans aucune aide ? Ensuite et je l’ai déjà dit et répété sur mon dossier sur pourquoi Madagascar est pauvre en suivant les travaux de Reinert, l’agriculture n’a jamais créé de la richesse et n’en créera jamais. Il faut de l’industrie à rendement croissant qui favorise l’innovation et les salaires élevés ce qui percole sur le reste du pays.

Le modèle de Reinert est simple et redoutablement efficace. Ce sont les grandes villes qui créent de la richesse, mais des villes industrialisées et non des villes de service. Ensuite, tout autour de ces villes, on a les agricultures qui fournissent ces grandes villes. Et le programme d’Andry Rajoelina fait exactement le contraire.

Il part des zones agricoles pour enrichir les grandes villes ce qui n’arrivera jamais pour une raison simple est que l’agriculture ne rapporte jamais de bénéfices. Si vous cultiviez et vendiez du riz il y a 100 ans, vous allez toujours cultiver et vendre du riz dans 100 ans.

C’est un rendement fondamentalement décroissant. Car en cultivant, vous appauvrissez les sols tandis qu’avec une industrie à rendement croissant, vous pouvez sauter d’innovation technologique en innovation technologique en préservant une main d’oeuvre qualifiée. Cela implique une fuite en avant croissante puisqu’il faut toujours inventer de nouvelles choses, mais c’est le modèle économique de tous les pays asiatiques. Les résultats parlent pour eux.

On va me dire que dans un pays où on n’est même pas autonome en riz, ça va être compliqué de fabriquer des semi-conducteurs. Eh bien, il faut bien commencer quelque part. Les chinois ont commencé à fabriquer des boulons pendant des décennies, mais ils n’ont jamais cessé d’avancer. Nous, on fait du surplace. Nous pouvons suivre le modèle de l’Indonésie où nous bannissons les exportations de ressources minières pour forcer les investisseurs à créer des produits transformés sur place.

Plutôt que de se réjouir qu’on est maintenant un exportateur de graphique, on devrait interdire son exportation sous forme brute et créer des industries qui l’exploitent : pétrochimie, industrie automobile, métaux, boites conserves, etc. Plutôt que d’exporter le cobalt, on pourrait l’utiliser pour créer des industries de chimie et même des composants aérospatiaux.

Vous avez compris l’idée. Mais les gouvernements malgaches successifs ont tellement les pieds et mains liés par le FMI et la Banque mondiale qu’à chaque fois, qu’ils ont tenté ces modèles économiques, ces institutions les ont sanctionnés. N’oubliez jamais, le FMI et la Banque mondiale appauvrissent tous les pays qu’ils financent pour les donner en pâture aux multinationales.

Quand je vois des médias malgaches se glorifier que Madagascar fait de bons chiffres d’affaires avec l’AGOA. Alors que l’AGOA est une traite négrière bénie des Etats-Unis où on fabrique du textile très bon marché sans aucune protection du travail, sans aucun filet de sécurité, avec des jeunes gens qui détruisent leur santé dans des usines infernales et la seule récompense est qu’on s’ouvre au marché américain. Putain, on fait de vous des esclaves et vous félicitez même vos négriers !

Et ce ne sont pas les ressources qui manquent, vanille, clou de girofle, huile lourde, arachide. Chacune de ces ressources nous permettrait de faire des bonds industriels, mais à la place, on préfère former des gens à cultiver du riz et des pommes de terre !

Il faut une souveraineté alimentaire, mais quand on une industrie florissante, on peut se permettre d’importer ce qu’on veut. Singapour n’a quasiment pas d’agriculture et pourtant, c’est l’un des Etats les plus riches au monde et sa population ne meurt pas de faim. En fait, les pays les plus agricoles sont ceux où il y a le plus de famine.

Contraception ne sera jamais la solution

Ensuite, on a le dada du régime Rajoelina qui revient avec la massification de l’avortement. Car derrière l’idée de populariser la contraception, on veut clairement généraliser l’IVG. Il avait déjà tenté le coup dans le passé où le régime avait créé une femme de paille, Masy Goulamaly, pour tenter de faire passer une loi sur l’ITG (Interruption Thérapeutique de grossesse), mais ça avait capoté.

Ils suivent toujours les idées libérales et progressistes sur le fait que l’avortement et la contraception va libérer la femme ce qui ne s’est jamais vérifié. Le but est de faire entrer les femmes dans le marché du travail pour faire encore plus de concurrence salariale. Avec des salaires les plus bas du monde, on veut encore les baisser pour avoir de beaux nègres bien pas chers et malléables !

Je suis partisan de l’idée de Bernanos que la richesse se compte uniquement en nombre d’hommes. Plus il y a en et mieux c’est sur le long terme. Les femmes doivent avoir un moyen de contraception et l’avortement ne doit pas être criminalisé, mais on doit le décourager par des mesures d’aides aux enfants et à la maternité. C’est autant de bras qui alimenteront les générations futures. Et surtout, nous allons bientôt attendre notre plateau démographique dans quelques années et à partir de 2030, nous allons descendre comme tous les autres pays.

En plus de l’avortement, je commence à voir de la propagande infecte du LGBT dans le coin. On s’amuse à les intégrer avec humour. Mais cette saloperie, dans un pays chrétien et pratiquant à 90 %, ne peut provoquer la guerre civile. Il faut arrêter ces merdes dès qu’elles arriveront.

La formation des jeunes

Là encore, on prend le problème à l’envers, on espère qu’éduquer les jeunes va générer du travail par la magie du Saint-Esprit. C’est le contraire qui est toujours vrai. Quand vous avez de l’industrie, vous avez de l’emploi facile d’accès et même si vous n’êtes pas formé, alors l’entreprise vous formera parce qu’elle a besoin de vous.

Le nombre de personnes qui m’ont contacté pour un boulot de rédacteur de merde alors qu’ils avaient des maîtrises et même des doctorats, prouve que la formation ne marche pas. Quand vous avez une maitrise en sociologie et que vous êtes prêt à écrire un texte pour 10 000 ar, c’est qu’il y a une couille quelque part.

Au final, on sent un gouvernement, même s’il a été réélu, au bout du rouleau. Déjà l’équipe gouvernementale n’est plus celle de 2018, on a surtout des pique-assiettes, des parasites et des magouilleurs. Aucune idée ou compétence à l’horizon. Ensuite, les partenaires étrangers sont plus que sceptiques et j’ignore même si ce gouvernement arrivera au bout de son mandat tellement les mecs aux rênes roulent sur des vapeurs d’essence.