2024 : Les Grandes Espérances d’Andry Rajoelina pour Madagascar


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  • Lors de son discours du Nouvel An, Andry Rajoelina a annoncé ses plans pour 2024. Il y a du bon, parfois, même du très bon, mais la question si c’est cela va rester des annonces sur le papier.


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    Andry Rajoelina a fait son discours habituel lors du Nouvel an et il a annoncé plein de choses pour 2024. Je dois dire que sur le plan de la communication, c’est extrêmement soigné et convaincant, mais comme d’habitude, c’est la réalisation qui pêche un peu. Parce que bon, le train urbain qui devait fonctionner à partir d’aout 2023 et qui n’est toujours pas à l’horizon, autant dire qu’on est déçu. Mais on va voir les principales annonces.

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    Une usine aurifère pour des lingots et de pièces d’or

    Andry Rajoelina annonce la construction d’une usine pour transformer l’or sur place. Cette usine, annoncée, mais on ignore quand elle sera fonctionnelle, fabriquera des lingots et des pièces d’or pour l’exportation. Car aujourd’hui, on extrait de l’or à Madagascar, mais ce sont des raffineurs suisses ou autre qui les transforment. Donc, la valeur ajoutée, c’est eux qui l’empochent.

    Si cette usine voit le jour et qu’on fabrique et exporte des lingots et des pièces d’or, cela signifie qu’une des nos matières premières sera transformée sur place. C’est une excellente nouvelle, mais il faut la combiner avec l’interdiction d’exporter l’or brut. L’or est quelque chose qui intéresse beaucoup Andry Rajoelina. Dès 2020, pendant les fameux discours hebdomadaires de l’épidémie, il avait fait un point sur le métal jaune, arguant que beaucoup d’entreprises étrangères exploitent l’or malgache sans verser un centime à l’Etat.

    L’absence d’usine donne lieu à des situations ubuesques où on ne peut pas utiliser notre propre or pour augmenter nos réserves de lingots à la Banque centrale et on doit attendre que les étrangers veuillent bien le fondre pour nous. Franchement, je suis épaté, c’est ce qu’on attend. Mais j’attend de voir la construction de cette usine et quand les premiers lingots seront disponibles.

    Une usine de transformation de la vanille

    On dirait qu’Andry Rajoelina ou un membre de ce gouvernement a lu mon article sur pourquoi Madagascar reste pauvre parce que dedans, je disais que nous sommes le principal producteur et exportateur de vanille, mais on n’a pas une seule fichue usine pour cette précieuse épice. Rajoelina a annoncé la construction d’une usine pour extraire la vanille et en faire des produits transformés.

    L’avantage est multiple, d’une part, cela évite l’aspect périssable des gousses, car les produits transformés durent plus longtemps. Et les emplois de cette usine seront mieux payés que de simplement en faire la culture et l’exportation à l’état brut. Mais comme avec l’or, une fois que cette usine sera fonctionnelle et qu’on pourra exporter nos produits à base de vanille Made in Madagascar, il faudra interdire l’exportation de vanille brute ou lourdement taxée.

    Nous avons déjà une usine de clou de girofle et elle donne des résultats remarquables puisqu’en 2022, nous avions dépassé l’Indonésie en termes d’exportations de clou de girofle. Et le fait de battre l’Indonésie, géant industriel, n’est pas un mince exploit. Mais on doit généraliser l’industrialisation à toutes nos ressources naturelles.

    Seule l’industrie crée de la richesse et à terme, il faudra un vrai plan de transformation de nos minerais. Mais là encore, je tire mon chapeau et de nouveau, je féliciterais ce gouvernement quand l’usine sera construite et exportera ses produits transformés.

    Cela nous permettra aussi de nous débarrasser de ces exploiteurs étrangers qui n’apportent aucune valeur ajoutée. Plutôt que de fixer les prix des producteurs comme Rajoelina l’a fait en 2022 et 2023, vaut mieux tout transformer sur place et exporter uniquement les produits finis.

    Sur l’énergie, c’est un peu poussif

    Personnellement, je suis contre les énergies renouvelables, car elles ne sont pas pilotables. Mais le grand plan de 2024 d’Andry Rajoelina est de continuer à investir dans le solaire et l’hydraulique. Les barrages hydrauliques sont une bonne chose, mais le solaire ne fait que rajouter de l’énergie par dessus l’énergie pilotable.

    Elle ne la remplace pas. Cependant, cela reste de bonnes initiatives. Je rêve du jour où Madagascar pensera à une filière nucléaire qui nous permettra d’avoir de l’énergie totalement décarbonnée, abondante, stable et suffisamment abordable.

    Une ville pour les plus pauvres

    Pour les plus pauvres, Andry Rajoelina a annoncé qu’il va créer une nouvelle ville ou plutôt un grand espace à Arivonimamo où les personnes les plus démunies seront déplacés, on leur donnera un titre vert, une maison et ils pourront ainsi cultiver et subvenir à leurs besoins. Le projet semble être bien lancé puisque Rajoelina annonce que cette nouvelle ville sera terminé en juin 2024 et que les populations seront déplacés dans les trois prochains mois.

    C’est toujours une bonne chose que de s’occuper des plus démunis, mais est-ce que c’est la solution de les mettre à l’agriculture ? La question n’est pas qu’ils mangent à leur faim, mais qu’ils puissent accéder à de la richesse. Certes, ils pourront vendre leur produits agricoles, mais si le reste de la population reste pauvre, alors cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Je suis chiant à le répéter, mais seule l’industrie peut sortir une population de la pauvreté.

    Car les marges bénéficiaires de l’industrie sont croissants, signifiant que si 1 000 ouvriers fabriquent 10 000 pièces de bagnole aujourd’hui, ils en fabriqueront 50 000 dans quelques années grâce à l’automatisation. Si 1 000 agriculteurs cultivent du riz aujourd’hui pour en produire 10 000 tonnes, alors ils produiront toujours 10 000 tonnes dans quelques années.

    Cependant, je reste positif, c’est un mieux comparé à l’état de misère de la population.

    L’identifiant unique

    La numérisation est une autre marotte d’Andry Rajoelina et il annonce le déploiement d’un identifiant unique à terme. On a déjà eu les carnets de fokontany “digitalisés” en 2020. L’identifiant unique est similaire à ce qui se fait en Chine avec l’application WeChat. Vous aurez un seul identifiant pour payer vos taxes, pour recevoir des aides, pour demander un passeport, pour tout en fait.

    Le gouvernement ne vous connaitra qu’avec cet identifiant unique. Sur le papier, c’est extrêmement alléchant, car cela supprime la cauchemardesque lourdeur de l’administration. Je dois renouveler mon passeport depuis des années et cela me donne des sueurs froides et des palpitations rien que de pointer au ministère de l’Intérieur tellement c’est chiant et archaique.

    Le problème est le suivant, est-ce que nous avons suffisamment de technologie et de compétence pour gérer un truc pareil ? En tout cas, c’est quelque chose qui lui tient à coeur et il va l’implémenter même si les résultats ne seront pas toujours à la hauteur des attentes. Certains vont dire que cela donne un plus grand contrôle du gouvernement sur ses citoyens, mais c’est une tendance qui se généralise dans de nombreuses parties du monde.

    Perpétuité et castration chimique contre les pédophiles

    C’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié de la part d’Andry Rajoelina est que la loi est maintenant impitoyable contre les violeurs d’enfants. Désormais, la prison à perpétuité sera systématiquement requise contre les pédophiles, mais qu’ils subiront aussi une castration chimique. De cette manière, on va neutraliser ces insectes nuisibles qu’il faut écraser comme de la vermine.

    Si en Occident, la tendance est à la légalisation de la pédophilie, je suis content de voir qu’ici, nous n’avons aucune pitié envers ces gens là. Cependant, vous connaissez mon coté de l’Ancien Testament, pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi la société devrait nourrir et loger ces gens pendant des décennies ? Si nous avions la peine de mort, on leur met une balle dans la tête ou on les fait balancer au bout d’une corde et on n’en parle plus.

    Plus de 2000 enfants ont été violés en 2023 dans le pays alors qu’un seul est déjà de trop. Donc, je félicite le gouvernement pour cette réforme pénale, mais il faut qu’il aille plus loin. La peine de mort n’est pas quelque chose de barbare. C’est la clef de voute d’un système judiciaire. Une fois que vous avez établi la mort pour les crimes les plus impardonnables comme la haute trahison,la corruption à grande échelle, la pédophilie ou le meurtre d’enfant, alors vous pouvez créer une graduation des autres peines plus légères.

    De plus grandes peines contre les voleurs de terre

    Dans la même optique de la réforme pénale, on a aussi des peines plus lourdes sur le vol et l’accaparement des terres. C’est quelque chose qu’Andry Rajoelina avait déjà appelé à faire, mais pour le moment, le Ministère des domaines et des cadastres est encore un vrai merdier.

    C’est sans doute le ministère le plus corrompu de la Voie lactée avec parfois une terre qui possède 8 à 10 propriétaires différents. Il faut également renforcer la lutte contre le vol de terres par les grands oligarques, je ne vais pas les nommer puisque tout le monde les connait dans le coin.

    Si vous ne pourchassez pas les gros requins, alors les petits poissons n’obéiront pas. Faites quelques exemples de ces grandes fortunes qui mettent la main sur des milliers d’hectares parfois à coup de gros bras et de racket et le reste suivra.

    Les autres grands projets et le mot de la fin

    Andry Rajoelina est revenu sur les projets qu’il a déjà lancé. Le téléphérique et les trains urbains en sachant que ces derniers, on les attend toujours. Le prix du téléphérique est trop cher pour une population qui s’est appauvrie par la crise économique sans oublier que ces dernières semaines, notre monnaie se casse vraiment la gueule. On se demande si ce n’est pas une attaque en règle contre l’ariary parce que “certains” n’ont pas apprécié la réélection d’Andry Rajoelina.

    Vous avez aussi l’autoroute qui reliera Tamatave à Tana dont l’accomplissement sera fait pendant ce nouveau mandat. Je suis extrêmement sceptique sur ces projets pharaoniques, car on a contracté d’énormes dettes pour les faire. Cela revient quand même à privatiser le seul accès entre le principal port du pays et sa capitale !

    Mais ce qu’on peut dire de ces annonces est que le nouveau mandat d’Andry Rajoelina semble avoir les rênes plus libres pour construire et lancer plein de projets. De l’industrie, une réforme pénale et une certaine vision sur l’avenir. Le pari sur l’industrie est clairement un excellent choix et il faut continuer sur cette voie.

    Rajoelina n’a pas abordé la politique étrangère du pays, mais alors que le monde bascule vers une nouvelle ère avec de nouveaux centres de pouvoir qui émergent, il serait temps que le pays choisisse un camp. Mon dédain et ma haine de l’Occident m’incite à dire que Madagascar doit clairement parier sur l’Asie que ce soit en termes de développement économiques, d’imitations économiques et même de liens culturels.

    Ce plan de 2024 d’Andry Rajoelina était d’être aussi pragmatique que possible, des projets bien clairs et des actions qui ont une vraie planification. Toute la question sera de savoir combien de ces projets vont réellement se concrétiser. Franchement, s’ils arrivent à construire l’usine d’or et celle de la vanille, ce sera déjà une grande victoire.

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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