L’exclusion sociale peut mener à la pensée conspirationniste


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  • Une recherche suggère que l’exclusion sociale est un des facteurs qui poussent des personnes vers la pensée conspirationniste.


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    Une recherche suggère que l'exclusion sociale est un des facteurs qui poussent des personnes vers la pensée conspirationniste.

    De récents sondages ont montré que de nombreux blancs issus de la classe ouvrière aux États-Unis se sentent exclus de la société et c’est l’une des raisons pour laquelle de nombreux d’entre eux ont voté pour le président Donald Trump. Beaucoup de ces partisans ont cru à la désinformation en ligne, notamment les histoires qui justifiaient leurs propres croyances.

    Une nouvelle recherche peut montrer pourquoi tant de gens étaient prêts à croire des histoires exagérées et trompeuses. Selon une étude de l’Université de Princeton publiée dans le Journal of Experimental and Social Psychology, l’exclusion sociale mène à la pensée conspirationniste. L’analyse en deux parties, qui n’a pas étudié spécifiquement les partisans de Trump, mais deux échantillons aléatoires de personnes, a constaté que le sentiment de désespoir causé par l’exclusion sociale peut amener les gens à chercher du sens dans des histoires miraculeuses qui ne sont pas forcément vraies.1

    Cette pensée conspirationniste conduit à un cycle dangereux selon Alin Coman, co-auteur principal et professeur adjoint de psychologie et de relations publiques à Princeton. Quand des personnes ayant des idées conspirationnistes partagent leurs croyances, alors cette pensée conspirationniste peut les éloigner de leur famille et de leurs amis en augmentant l’exclusion. Cela peut les amener à rejoindre les communautés de théorie du complot où ils se sentent les bienvenus ce qui renforcera encore plus leurs croyances.

    Coman a publié l’étude avec Damaris Graeupner, un assistant de recherche dans le Département de Psychologie de Princeton. Pour la première partie de l’étude, ils ont recruté 119 participants à travers le service Mechanical Turk d’Amazon. Les participants ont participé à quatre phases. En premier lieu, on leur a demandé d’écrire sur un événement négatif qui a impliqué un ami proche. Ensuite, on leur a demandé de noter dans quelle mesure ils ressentaient 14 émotions différentes incluant l’exclusion.

    Ils ont ensuite rempli un questionnaire qui contenait 10 déclarations avec une échelle de 7 points sur la véracité ou non de ces déclarations. Ces déclarations comprenaient des phrases du genre : “Je cherche un sens à ma vie” et “j’ai découvert un objectif satisfaisant pour donner du sens à ma vie“. Enfin, les participants devaient indiquer dans quelle mesure ils adhéraient à 3 croyances conspiratrices différentes. Il s’agit des déclarations suivantes : “Les sociétés pharmaceutiques refusent de guérir pour des raisons financières“, “Les gouvernements utilisent des messages émotionnels pour influencer les décisions des gens” et “Les événements dans le Triangle des Bermudes sont une preuve d’une activité paranormale.” Nous avons choisi ces théories du complot à cause de leur popularité selon Coman. La population américaine est très adepte de ces 3 théories du complot.

    Après l’analyse des données, l’hypothèse des chercheurs a été confirmée dans la mesure où l’exclusion sociale conduit à des croyances superstitieuses et, selon leurs analyses statistiques, elle est probablement le résultat d’une recherche de sens dans les expériences quotidiennes. Ceux qui sont exclus peuvent commencer à se demander pourquoi ils sont exclus ce qui les amène à chercher un sens à leur vie. En cherchant ce sens, ces personnes peuvent adhérer à certaines croyances complotistes selon Coman. Une bonne inclusion sociale ne déclenche pas forcément la même réponse émotionnelle. Dans la deuxième partie de l’étude, les chercheurs voulaient déterminer de façon causale si le degré auquel une personne était socialement exclue a influencé ses croyances de conspiration. Ils ont recruté 120 participants qui étaient tous des étudiants de l’Université de Princeton.

    Les participants ont d’abord été invités à écrire deux paragraphes pour se décrire. Le premier concernant la définition de leur personnalité dans l’état et la seconde était sur le genre de personne qu’ils voulaient devenir. On leur a dit que ces paragraphes seraient donnés à deux autres participants dans la salle pour déterminer s’ils voudraient travailler avec eux.

    Chacun des 3 participants a ensuite été choisi au hasard pour être soit dans le groupe d’inclusion (pour être sélectionné pour une collaboration), le groupe d’exclusion (non sélectionné pour la collaboration) ou le groupe témoin (pas d’instructions sur la sélection). Les participants n’ont pas évalué les descriptions des autres participants, mais plutôt des descriptions créées par les chercheurs. Enfin, tous les participants ont parcouru les mêmes 4 phases de la première étude qui avait mesuré comment l’exclusion sociale étaient liées à l’acceptation des théories du complot.

    La seconde étude a reproduit les résultats de la première fournissant des preuves expérimentales solides que si une personne se sent exclue, alors elle sera plus encline à adhérer à une pensée conspirationniste. Cette recherche montre un simple problème de bon sens. Si on améliore l’inclusion des groupes minoritaires dans la société, alors la pensée conspirationniste sera beaucoup moins efficace. Notons que l’étude est limité par sa taille d’échantillon. Les racines de la pensée conspirationniste sont complexes et elle a des sources variées selon les pays. Il faut mener des études sur de grands groupes de la population pour voir si l’exclusion sociale joue un rôle prédominant ou c’est simplement un facteur comme les autres.

    Sources

    1.
    Damaris G, Alin C. The dark side of meaning-making: How social exclusion leads to superstitious thinking. ResearchGate. https://www.researchgate.net/publication/309198960_The_dark_side_of_meaning-making_How_social_exclusion_leads_to_superstitious_thinking. Published 25 octobre 2016. Consulté le février 17, 2017.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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    1 réponse

    1. Arthur dit :

      Si l’étude considère que l’affirmation « Les gouvernements utilisent des messages émotionnels pour influencer les décisions des gens » est une croyance conspirationniste alors je crains que l’étude ne soit quelque peu faussée…
      Jamais les politiques n’utilisent la peur pour justifier des mesures liberticides, jamais. La guerre en Irak n’a t-elle pas été lancée sous le prétexte (faux) que ce pays détenait des armes de destruction massive ?

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