Une étude de cas sur la jalousie morbide ou le syndrome d’Othello


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  • Une étude de cas concerne un homme de 57 ans qui souffrait de jalousie morbide. Connue autrefois comme le syndrome d’Othello, la jalousie morbide peut mener à des périodes de dépression continues ainsi que des actes de violence comme dans le cas de cet homme.


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    Une étude de cas concerne un homme de 57 ans qui souffrait de jalousie morbide. Connue autrefois comme le syndrome d'Othello, la jalousie morbide peut mener à des périodes de dépression continues ainsi que des actes de violence comme dans le cas de cet homme.

    Le département de psychiatrie de l’université Putra Malaysia en Malaisie rapporte le cas d’un homme de 57 ans qui a dû subir une admission psychiatrique. En plus des problèmes psychiatriques, l’homme a eu un accident de moto où il s’est fracturé la cheville droite. La guérison a été difficile et il a été obligé de prendre un congé médical.1

    L’accident avait eu lieu il y a 2 ans avant son admission dans le service psychiatrique et 5 mois avant cette administration, sa femme rapportait que l’humeur de cet homme avait changé. Il était très irritable et il la soupçonnait de liaison extra-maritale avec un voisin. Dès que la femme parlait à ce voisin, son mari soupçonnait de flirt. De plus, il appelait constamment l’employeur de sa femme pour vérifier qu’elle était au bureau.

    Des épisodes de jalousie agressive

    Sa femme l’a emmené pour une première consultation psychiatrique et l’homme a estimé que ses anciens collègues de travail étaient jaloux de lui à cause de son pouvoir et de sa richesse. Quand on lui a conseillé de changer son alimentation, il a menacé de porter plainte contre l’hôpital en estimant que seuls les meilleurs spécialistes pouvaient changer son traitement. Par la suite, l’homme est devenu plus actif à la maison en effectuant différents travaux dans la maison. Considéré comme un passe-temps pour lutter contre son inactivité professionnelle, son entourage a estimé que c’était normal. Il semblait plus calme et plus stable.

    Il s’est remis de sa fracture, mais manque de chance, il s’est refracturé cette même cheville et il a dû subir une chirurgie sur la jambe droite. Cette fois, ses chances de reprendre le travail étaient très minces avec un risque de handicap à vie. Et les choses se sont empirées après qu’il ait reçu une lettre de son employeur lui demandant de payer des indemnités parce qu’il avait abusé de son congé médical. Les épisodes de dépression se sont accentués, il a perdu l’appétit et il souffrait d’insomnie. Il a commencé à entendre des voix “resurgies du passé” (selon ses mots) lui demandant de se suicider. Il a demandé une admission psychiatrique.

    Le meurtre de sa première femme

    Pendant cette admission, on a vérifié son historique psychiatrique et on a découvert qu’il avait déjà été admis dans un service psychiatrique il y a 20 ans après avoir tué sa première femme. À cette époque, il avait eu les mêmes épisodes de jalousie morbide quelques mois avant le meurtre. Pour sa première femme, l’homme soupçonnait une liaison extra-maritale avec son superviseur. À son travail, l’homme était plus performant que ses collègues, mais dans le même temps, il avait commencé à entendre des voix lui disant que sa femme était infidèle. Il a finalement tué sa première femme et il a tenté de se suicider en se tranchant la gorge, mais il a survécu. Pendant le procès, il a plaidé la folie et après 7 ans de prison, il a été libéré par une grâce du Roi de Malaisie. On lui avait prescrit de la chlorpromazine et du benzhexol. Cela explique pourquoi il avait refusé catégoriquement de changer de régime pendant la consultation psychiatrique à cause de sa jalousie actuelle. Il n’y avait pas de prédispositions de maladie mentale dans sa famille, il ne buvait pas et il ne prenait pas de drogue. Il n’a jamais renoué avec les 4 enfants de sa première femme et il en a 3 avec sa femme actuelle.

    Le diagnostic est flou concernant la cause de la jalousie morbide de cet homme, mais des pistes suggèrent des symptômes de dépression et d’obsession. Concernant la période d’hyperactivité, d’irritabilité, de manque d’appétit, c’est corrélé avec la réapparition de la jalousie morbide à l’égard de sa seconde femme. La mesure de la jalousie n’était pas suffisante pour expliquer son comportement en sachant que le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ne considère pas la jalousie comme un symptôme mental en soi. Les hallucinations auditives étaient assez rares et elles étaient associées uniquement à sa jalousie.

    Cela suggère qu’il souffrait d’hypomanie lorsque la première crise de jalousie morbide est apparue il y a 20 ans. De plus, l’obsession, reconnue par le DSM-5, correspond à de nombreux symptômes de cet homme. Les chercheurs ont également pensé à la schizophrénie, mais les symptômes tels qu’un discours ou des pensées désordonnées n’étaient pas observables. Pendant la nouvelle admission, il a été mis sous olanzapine et du sodium valproate. Il a été suivi pendant 3 mois par un psychiatre et sa femme a rapporté une amélioration notable de son état.

    De la jalousie à la jalousie morbide

    La jalousie est un sentiment naturel, mais quand elle devient morbide, alors elle provoque une série de symptômes psychiatriques associés à des maladies mentales graves. Dans le passé, on l’appelait comme le syndrome d’Othello, mais cette appellation a été progressivement abandonnée par la littérature scientifique, car elle ne couvre pas la diversité des symptômes. Dans de nombreux cas, la jalousie est liée à l’infidélité, mais une jalousie morbide va enfermer la personne dans des pensées obsessionnelles et il va chercher constamment des preuves de cette infidélité. Le point essentiel est que cette jalousie n’est pas du tout justifiée (il n’y a aucune infidélité), mais la personne va restreindre la liberté de la personne en commettant un acte de violence comme dans ce cas. Et quand ça devient violent, cela se termine souvent par un suicide comme ce qui s’est passé après le meurtre de sa première femme. Les femmes et les hommes peuvent souffrir de jalousie morbide et dans le cas des femmes, le taux de suicide est bien plus élevé.

    Une fois que le diagnostic de jalousie morbide est établi, il faut aborder le traitement avec le plus grand tact. En effet, si la prise en charge n’est pas subtile, alors la personne va considérer une admission psychiatrique ou toute autre aide comme une preuve de plus que c’est son partenaire qui est responsable de ces nouveaux problèmes avec un risque accru de violence plutôt que de lui faire comprendre que c’est sa propre jalousie qui en est la cause. Si on prend l’état du mariage, du couple, des relations sexuelles et de tout l’historique, alors on peut établir la jalousie morbide comme une maladie principale et apporter les traitements nécessaires.

    Sources

    1.
    Masiran R, Hussin NS. Morbid jealousy reactivated by mood episodes. B. January 2018:bcr-2017-223430. doi: 101136/bcr-2017-223430

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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