Le gouvernement grec pioche dans les fonds de la recherche pour payer les salaires de ses fonctionnaires


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    Le gouvernement grec fait une razzia sur le fonds dédiés à la recherche pour payer les salaires de ses fonctionnaires.


     

    Les scientifiques grecs sont en colère et ils n’arrivent pas à croire leurs yeux face à la nouvelle attaque du gouvernement sur la recherche scientifique. On a d’abord la confiscation des fonds de recherche pour tenter de colmater la faille béante des finances gouvernementales et une réforme de l’éducation supérieure qui résultera d’universités qui seront plus politisés et moins méritocratiques.

    La saisie des fonds de recherche a été autorisée par un décret d’urgence qui a été voté par le Parlement grec. Le décret force les entités locales du gouvernement à transférer leurs réserves de liquidité à la Banque de Grèce afin de payer les salaires et les pensions des fonctionnaires. On ignore encore le montant exact qui sera concerné par cette saisie, mais les chercheurs estiment que cela pourrait atteindre les 20 % de tous les fonds sur la recherche.

    Costas Fotakis, le ministre de la recherche du gouvernement de coalition qui est menée par le parti Syriza, explique que cette décision est une mesure intermédiaire. Cela permettra de placer l’argent sur des taux d’intérêts de 2,5 % pour les rembourser plus tard. Ce ministre espère que les négociations pour la dette grecque vont bien se passer à la fin du mois de juin et qu’ensuite, les fonds seront retourné au secteur de la recherche.

    Pour minimiser l’impact de la saisie, les chercheurs utilisent massivement les fonds ou les déplacent dans d’autres secteurs pour protéger leurs fonds. Dans certains cas, ils achètent une grande quantité de consommables et en payant d’avance les salaires des étudiants en doctorat. Costas Synolakis, un spécialiste de la recherche marine à l’université de Los Angeles, estime qu’il y a un grand mouvement de la part des chercheurs pour cacher les fonds pour qu’ils ne soient pas saisis par le gouvernement. Cette saisie gouvernementale est ressentie comme une nouvelle attaque par les scientifiques grecs qui ont déjà vu leur salaire qui a baissé de 30 % sur les 3 dernières années. Actuellement, une grande partie de la recherche grecque se base sur des fonds européens.

    La seconde attaque concerne la réforme sur l’éducation supérieure que le gouvernement a annoncé le 7 avril 2015. Cette réforme a été votée sans aucune consultation publique. Elle implique un changement dans les comités de direction des universités, une suppression des recteurs existants et en donnant un pouvoir plus grand aux étudiants pour désigner de nouveaux recteurs. Cette réforme permet d’inverser les changements qui ont été mis en place en 2011 pour limiter le pouvoir des étudiants et du staff administratif.

    Cette loi de 2011 avait provoqué de grandes protestations parmi les étudiants et cette nouvelle réforme permet d’inverser le processus. Mais le fait de donner plus de pouvoir aux étudiants n’est pas toujours une bonne chose, car la plupart des groupes d’étudiants sont politisés. Cette loi de 2011 avait permis une réduction considérable de la politisation des universités et pour nombreux chercheurs, cette nouvelle réforme ramène les universités grecs 30 ans en arrière. Dans les années 1980, les recteurs et les comités de direction des universités n’étaient pas votés sur le mérite des candidats potentiels, mais uniquement sur leur affiliation politique. Cette réforme envisage aussi de supprimer le vote électronique dans les universités. Cela va provoquer un vol des urnes par les étudiants et l’intimidation des votants par des groupes politisés comme cela a été le cas avant la loi de 2011.

    La nouvelle loi va également changer la composition et le fonctionnement du National Council for Research and Technology. Ce dernier est un panel de 11 membres qui conseille le gouvernement sur l’organisation et le financement de la recherche. Et cette mesure est également très controversée et les membres actuels de ce Conseil ont remis leurs démissions le 4 mars dernier. Une réaction prévisible puisque le ministre de la recherche Fotakis avait déclaré que ce Conseil n’avait aucune légitimité.

    Joseph Sifakis, le chercheur qui détenait la chaire de ce conseil et qui est également un scientifique dans le domaine technologique à l’université de Lausanne en Suisse, a déclaré que le gouvernement veut se débarrasser du conseil parce qu’il n’aimait pas certaines réformes qui ont été proposés par ce conseil, notamment celle qui concernait la réunion des groupes universitaires avec les centres de recherche, l’augmentation de la collaboration entre les universités et les industries et la réduction de la corruption sur la distribution des fonds européens sur la recherche. De son coté, Fotakis nie qu’il a considéré le conseil comme étant illégal. Les changements dans ce conseil étaient déjà prévus par le précédent gouvernement pour corriger un vide juridique qui aurait porté préjudice aux centres de recherche. Ces changements permettront aux chercheurs d’accéder plus facilement aux fonds européens sur la recherche.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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