Les universités face au désinvestissement fossile


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    Malgré les promesses du désinvestissement fossile, on remarque de nombreux problèmes pour les universités qui franchissent le pas.


     

    Depuis quelques mois, une grande campagne mondiale a été lancée pour inciter les organisations à vendre leurs actions sur les énergies fossiles. Ce mouvement appelé Désinvestissement fossile prétend que les universités et les autres institutions ne doivent pas supporter tacitement les entreprises qui fabriquent des produits qui sont responsables des gaz à effet de serre. Les universités sont sensibles à l’argument moral de ce mouvement, mais le désinvestissement fossile ne propose aucune stratégie sérieuse pour combattre le changement climatique.

    Et il provoque des problèmes complexes comme on peut le voir dans les décisions contradictoires qui sont prises par des universités qui pratiquent le désinvestissement fossile. Le 24 avril, la SOAS University of London a annoncé qu’elle abandonnerait tous ses investissements sur les énergies fossiles dans les 3 prochaines années. 6 jours plus tard, le sénat de l’université de New-York a adopté une résolution pour demander à l’université de maintenir ses investissements sur près de 200 entreprises dans les énergies fossiles et de développer un investissement écologique dans le futur. La résolution ne disait pas de mettre de l’argent dans de nouveaux investissements fossiles, mais de ne pas gaspiller les investissements existants sur le fossile. Car si elle le faisait, alors cela provoquerait une perte de près de 3,4 milliards de dollars sur les dotations de l’université. Et le 2 mai, le Swarthmore College en Pensylvannie a annoncé qu’il créerait un fond alternatif pour les énergies vertes, mais qu’il n’allait pas se retirer de ses investissements existants sur les énergies fossiles.

    Le comité du sénat de l’université de New-York a déclaré qu’il y a environ 139,7 millions de dollars des dotations de l’université qui sont investi dans 200 entreprises sur les énergies fossiles. Et le problème est que les gestionnaires des fonds de l’université ne contrôlent que 700 000 dollars de ces fonds et le reste est géré par des Brokers externes qui achètent des actions dans de nombreux domaines. Et le fait de retirer ces 139 millions de dollars revient à réinvestir des actions qui peuvent valoir 1,3 milliards de dollars à cause des outils financiers utilisés par les Brokers. Et c’est possible de le faire, mais les risques de perte sont trop grands pour que le comité donne son accord.

    Et l’université de New-York n’est pas un cas unique. Tout personne qui possède un compte de retraite ou possède des actions dans un fond de pension va se retrouver dans la même situation. C’est bien de jeter la pierre aux énergies fossiles, mais ces dernières sont présentes dans tous les aspects de la vie d’une personne. Les énergies fossiles sont présentes dans l’électricité, la nourriture, les logements, les voitures sans oublier l’agriculture, les vêtements, etc. Le désinvestissement fossile est une affaire complexe et actuellement, on peut dire que c’est une chose impossible pour les habitants des pays développés.

    Actuellement, 28 universités se sont engagés contre les énergies fossiles, mais les avantages des investissements institutionnels ne sont pas clairs. Les universités qui vendent leurs actions des entreprises de l’énergie fossile doivent trouver des acheteurs et le seul effet positif qu’on peut espérer est une légère baisse des actions des énergies fossiles. Mais le monde continue de tourner à plein régime sur les énergies fossiles et à moins de trouver des options efficaces et viables, le Model Business actuel a encore de beaux jours devant lui. De plus, comment les universités vont utiliser le cash supplémentaire qui sera généré par le déinvestissement fossile ? Des fonds supplémentaires sont toujours les bienvenus, mais on ignore si le secteur de l’énergie verte, qui est encore très minime, pourra absorber toutes ces liquidités.

    En fait, même les partisans du désinvestissement fossile admettent que la principale raison de la campagne est d’alerter l’opinion publique. A la base, cette campagne a été lancée parce que ses instigateurs estiment que les gouvernements ne réagissent pas suffisamment face au changement climatique. Et la frustration est compréhensible, mais c’est un problème collectif et ce n’est pas en portant le blame uniquement sur les entreprises des énergies fossiles qu’on trouvera une solution. Cela ne fera que cristalliser le débat. Les lobbyistes qui travaillent pour l’industrie des énergies fossiles nous ont confiés que cette campagne n’aura aucun strictement aucun effet sur le long terme. Les plus virulents comparent même le désinvestissement fossile au mouvement Occupy Wall Street. Des gens se sont rassemblés pendant quelques mois pour protester contre la corruption du système financier, mais le mouvement a disparu faute de proposer des solutions alternatives viables.

    Pour un véritable changement sur le réchauffement climatique, les citoyens devront changer drastiquement leur mode de vie. Ils devront abandonner leur voiture, abandonner l’idée de la nourriture abondante, de se chauffer moins pendant l’hiver et ne pas gaspiller l’électricité parce qu’elle ne coute rien actuellement. Le rôle des universités n’est pas de remplacer les gouvernements. Leur rôle est d’informer le public en menant des recherches et en formant les leaders du futur.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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