Mangez des insectes pour le fun et non pour protéger l'environnement


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    Les insectes sont une excellente source de protéines, mais les gens vont les consommer uniquement s’ils ne ressemblent plus à des insectes.


     

    Le monde cherche une alternative à la nourriture conventionnelle pour faire face à la superpopulation. Et il y a un intérêt croissant pour inciter les gens à manger des insectes. Au début de ce mois, l’ancien secrétaire de l’ONU, Kofi Annan, a déclaré au Guardian que le fait de manger des insectes est bon pour l’environnement et permet d’avoir une alimentation équilibrée. Et cela rejoint un rapport de 2010 de la FAO qui considère les insectes comme des aliments avec des bienfaits nutritionnels exceptionnels tout en ayant très peu d’impacts négatifs sur l’environnement si on les compare à notre nourriture conventionnelle.

    Mais le message a dû mal à passer. Les difficultés sont nombreuses pour transformer les occidentaux en insectivores, car il nécessite un changement drastique dans notre comportement. Et ces réticences montre les difficultés qu’on rencontre lorsqu’on veut que les gens changent leur mode de vie.

    De nombreuses personnes mangent déjà des insectes. On a des preuves que les premiers hominidés accordaient une grande place aux insectes dans leur régime alimentaire. Et les habitants dans le sud et l’est de l’Asie sans oublier l’Afrique et l’Amérique Latine consomment régulièrement des insectes. Même si cette pratique tend à disparaitre, car ces habitants aspirent à des modes de vie plus occidentaux.

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    Les politiciens occidentaux et les médias propagent souvent des messages du genre : S’ils le peuvent, alors pourquoi pas nous ? Ces messages utilisent des raisons rationnelles pour tenter de contourner le principal obstacle psychologique sur la consommation des insectes qui est un dégout viscéral. Cette stratégie suppose que la révulsion d’inciter les gens à manger, par exemple, des mouches (qui contiennent 62 % de protéines) est un processus cognitif qu’on peut changer par l’éducation.

    Mais on a peu de preuves que cette stratégie soit efficace. Pire encore, l’incitation à la raison et à la responsabilité renforce le dilemme dans l’esprit des consommateurs : De nombreux pensent qu’ils peuvent manger des insectes et peut-être qu’ils doivent le faire, mais peu le font.

    Mais qu’est-ce qui se passe s’il n’est plus dégoutant de manger des insectes ? Le dégout est associé à la contamination et à la peur. Selon les clichés, les insectes sont répugnants à manger parce qu’ils mangent de la saleté. Mais de nombreux occidentaux savourent délicieusement les homards qui sont des éboueurs du fond océanique ou des porcs qui nagent et boivent de l’eau sale et parfois insalubre. En comparaison, les insectes incluant les sauterelles et les fourmis possèdent le même régime alimentaire que des moutons.

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    Pour inciter les occidentaux à manger les insectes, on doit moins combattre le dégout et promouvoir la saveur. Si on regarde les recettes à base d’insectes qu’on peut trouver, il y en a beaucoup qui peuvent rivaliser avec les préparations délicieuses de la cuisine traditionnelle. Et les gens qui préparent ces recettes d’insecte le font par choix et non par nécessité. Et c’est un aspect qui est totalement négligé par les médias et les législateurs.

    Et la saveur est extrêment influencée par le parfum et l’odeur de la nourriture. La couleur est également importante sans oublier les présentations visuelles et le nom qu’on donne à la nourriture. Par exemple, les consommateurs s’enfuyaient en courant lorsqu’on leur présentait une recette à base de légine australe qui est un poisson carnassier avec un aspect terrifiant. Les ventes de ce poisson étaient au point mort et les exploitants ont changé le nom en Bar chilien et les ventes ont crevés le plafond. Dans l’une des études qui ont été menés sur la perception de la nourriture, les belges acceptaient de manger des insectes (des vers et des criquets) lorsqu’ils étaient préparés avec des parfums qui leur étaient familiers.

    Les chefs cuisiniers connaissent l’importance de la perception face à la nourriture. Une personne pourrait manger des insectes s’ils étaient présentés sur un plat doré avec de la salade, car la personne anticiperait que ce plat serait croustillant et savoureux. Il ne ferait plus la différence avec les insectes d’un coté et la cuisine de l’autre. Le principal avantage de rendre les insectes plus savoureux sur un plan culinaire est que le consommateur n’aura pas l’impression de faire une corvée pour protéger l’environnement ou pour avoir sa dose de protétines. Il le fera parce qu’il est un amateur de la bonne cuisine.

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    Si on veut promouvoir sérieusement les insectes comme une nourriture de masse, alors le secteur ne doit pas la présenter comme un substitut de nourriture industrielle. Et le fait de dire que l’industrie alimentaire peut ajouter de la matière d’insecte à des produits alimentaires augmentent les inquiétudes des consommateurs. Qu’est-ce qu’une matière d’insecte ? Et quels étaient ces insectes ? Ce sont des questions qui créent un sentiment de peur chez le consommateur, car il considère qu’un machin-truc inconnu a été ajouté aux bonnes céréales qu’il mange le matin. La nourriture est une question de confiance. De plus, l’élevage industriel des insectes ou leur importation provenant de contrées lointaines est nocif pour l’environnement. Le secteur doit se concentrer sur les insectes locaux. Les études suggèrent que les gens sont prêt à manger une glace au miel qui provient d’un producteur local plutôt que de manger des scorpions grillés qui débarquent de la Malaisie.

    Par ailleurs, on doit accorder de l’importance à la cuisson et aux recettes. En fait, on doit éviter d’utiliser le terme insecte. Lisez ces 2 phrases :

    Je viens de manger des mammifères et des oiseaux.

    Je viens de manger des vaches, des moutons ou des poulets.

    On voit immédiatement la différence alors que c’est la même chose. Il vaut mieux utiliser le vrai nom des insectes tels que des criquets ou des fausses teignes. Evidemment, on peut modifier légèrement le nom pour qu’il soit plus attirant. On pourrait confondre le nom de nombreux insectes avec celui de délicieux desserts.

    Avant de changer le comportement des gens à manger des insectes, nous devons comprendre leur réticence à le faire. Et pour résoudre ces réticences, les scientifiques, les psychologues et les chefs cuisiniers doivent travailler ensemble pour qu’on considère les insectes comme une nourriture savoureuse qui fond dans la bouche et non comme un moyen pour sauver la planète.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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