L’avis des principales agences de régulation sur le glyphosate


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  • Une liste des principales agences de régulation et de protection et leur évaluation sur le glyphosate. Il est important de comprendre les attaques du faux équilibre médiatique et des dérives sur l’alimentation en général.


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    Le glyphosate est un dindon de la farce du bio
    Le glyphosate est un dindon de la farce du bio

    On accuse souvent Monsanto de corrompre les agences de régulation et ci-dessous, nous fournissons une liste des évaluations sur le glyphosate par des agences de différents pays pour prouver que cette accusation ne tient absolument pas la route.

    EFSA (Europe)

    En novembre 2015, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a estimé que le profil toxicologique du glyphosate montre qu’il est improbable qu’il présente un danger cancérogène pour l’homme et propose une nouvelle mesure de sécurité qui permettra de renforcer le contrôle des résidus de glyphosate dans l’alimentation. L’EFSA a également mis à jour son DJA (Dose journalière acceptable) à 0,5 mg/kg. Pour les autres agences, la DJA est à 1,75 à 2 mg/kg.1

    ECHA (Agence européenne des produits chimiques)

    En mars 2017, le Comité d’évaluation des risques de l’ECHA a estimé qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour classer le glyphosate comme cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction. L’ECHA maintient que le glyphosate possède des effets toxiques pour un contact direct avec les yeux et sur certaines espèces marines avec des effets sur le long terme.2

    EPA (États-Unis)

    L’EPA teste les effets du glyphosate depuis les années 1970. L’EPA estime que la substance est faiblement toxique pour les humains. Des protections pour les yeux sont recommandées pour son utilisation, l’entrée dans les champs doit se faire 12 heures après l’application. Le glyphosate est légèrement toxique pour les oiseaux et quasiment non toxique pour les poissons, les invertébrés aquatiques et les abeilles domestiques. Certains produits à base de glyphosate contiennent des ingrédients qui sont toxiques pour les poissons. Aux États-Unis, tous les produits à base de glyphosate contiennent des instructions pour l’utiliser en protégeant la vie marine. L’EPA est actuellement dans un processus pour évaluer le glyphosate et le renouvellement se fait tous les 15 ans.3

    L’APVMA (Australie)

    L’APVMA (Autorité australienne des pesticides et de la médecine vétérinaire) estime que l’utilisation du glyphosate ne pose aucun risque pour les humains. L’APVMA a publié son avis en tenant compte de la classification du CIRC et elle explique qu’elle évalue le risque plutôt que le danger. La mesure du risque, plutôt que le danger, est la meilleure, car elle est totalement reproductible.

    Comprendre la différence entre le danger et le risque

    Comprendre la différence entre le danger et le risque

    Dans son évaluation, l’APVMA a également inclus le rapport du CIRC, mais elle maintient sa conclusion que le glyphosate ne présente pas de risque avéré pour les agriculteurs australiens.4

    L’EPA (Nouvelle-Zélande)

    En aout 2016, l’EPA de la Nouvelle-Zélande a conclu que le glyphosate ne pose pas de risque cancérigène et il ne doit pas être classifié comme mutagène selon les normes en vigueur en Nouvelle-Zélande. Dans son évaluation, l’EPA de Nouvelle-Zélande a également étudié des études de cas sur un lien possible entre des cancers et le glyphosate, mais les preuves étaient significativement très faibles. La causalité était absente et les études en question n’ont pas pu être reproduites. L’échantillon de ces personnes était également très faible.5

    L’ANSES (France)

    En février 2016, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié une mise à jour sur sa classification du glyphosate. L’ANSES s’est basée sur les évaluations par les agences européennes et le CIRC. L’agence estime que le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l’être humain).

    La bouillie bordelaise, un pesticide bio. 100 % naturel, mais beaucoup plus toxique que le glyphosate.

    La bouillie bordelaise, un pesticide bio. 100 % naturel, mais beaucoup plus toxique que le glyphosate.

    Mais au vu du niveau de preuve limité, la classification en catégorie 2 (substances suspectées d’être cancérogènes pour l’homme, CLP) peut se discuter, sans que l’Agence ne puisse se prononcer en l’absence d’une analyse détaillée de l’ensemble des études. On voit que l’ANSES n’est pas aussi catégorique, mais il faut bien comprendre ce qu’elle dit. Elle invoque la charge de la preuve. Si le CIRC et d’autres entités estiment que le glyphosate est cancérigène, alors il faut qu’elles apportent des preuves suffisamment robustes. Et ce n’est pas quelques études qui suffisent. Il faut que les preuves soient plus nombreuses et plus solides que celles sur la faible toxicité du glyphosate depuis les 40 dernières années de la littérature scientifique.6

    La PMRA (Canada)

    En avril 2017, la PMRA (Agence de régulation des pesticides au Canada) a procédé à une réévaluation du glyphosate. Parmi les conclusions, le glyphosate n’est pas génotoxique et ne pose probablement pas de risque de cancer pour les humains. L’exposition dans l’alimentation avec l’utilisation du glyphosate ne pose pas d’inquiétudes pour les humains. Les risques résidentiels avec l’utilisation de la substance ne posent de pas risque en prenant en compte les précautions d’usage. Les zones d’application du glyphosate doivent suivre les mesures environnementales pour supprimer les risques potentiels. Si on respecte parfaitement les conditions d’application, le glyphosate ne pose pas de risque pour l’environnement. Tous les produits de glyphosate autorisés au Canada ont de la valeur pour le contrôle des mauvaises herbes que ce soit dans la gestion des terres agricoles ou non.7

    La JMPR (FAO et OMS)

    La JPMR (Réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides) est gérée par l’OMS et la FAI. C’est un organe indépendant d’experts internationaux mandatés par ces 2 organisations pour évaluer les risques de résidus de pesticides et d’herbicides.8 Cette réunion existe depuis 1963 pour mesurer les résidus dans les aliments. La dernière évaluation a été publiée en 2016 et la JMPR s’est concentrée sur les risques du glyphosate avec les lymphomes non hodgkiniens (un groupe de cancers du sang) qui est souvent brandi par les ONG et associations bio. Selon l’évaluation de ce groupe d’experts, les études de cohortes ne permettent pas de trouver un lien de causalité entre le glyphosate et ces cancers.9

    La BfR (Allemagne)

    La BfR (Bundesinstitut für Risikobewertung), l’agence pour l’évaluation des risques, n’a trouvé aucun lien entre le glyphosate et le cancer. Malgré de nombreuses attaques par le CIRC, notamment Christophe Portier, la BfR maintient son évaluation. Portier, dans une lettre ouverte à la Commission européenne, avait accusé les agences de régulation de ne pas tenir compte des études, qui avaient montré des effets de tumeurs à cause du glyphosate sur les rats et les souris. La BfR, mais également l’ECHA et l’EFSA ont estimé que les résultats de Portier étaient incorrects. L’agence recommande à Portier de publier ses calculs dans une revue scientifique pour lancer le débat scientifique. On attend encore cette publication…10

    A chaque fois qu’une grande agence de régulation a étudié les effets du glyphosate, elle n’a jamais rien trouvé de concluant. Pourtant, les médias, les ONG et associations Bio ne vont jamais citer toutes ces agences. Elles vont hurler le nom du CIRC et c’est ce dernier qui est systématiquement cité dans les décisions politiques de l’interdiction. Quand on voit que même la JMPR, organisation soutenue par l’OMS, nous dit que le glyphosate n’est pas un risque pour la santé en sachant que le CIRC se légitime souvent par son appartenance à l’OMS, on se dit qu’on se fout vraiment de notre gueule.

    Un faux équilibre médiatique sans précédent

    Les dérives de l'appel à la nature et à l'ancien

    Les dérives de l’appel à la nature et à l’ancien

    On a déjà vu des faux équilibres médiatiques, mais le cas du glyphosate montre une dérive sans précédent. Le faux équilibre médiatique consiste à donner la même valeur à deux entités qui n’ont pas du tout la même légitimité. De même manière que certains peuvent croire un illuminé, nous disant que la Terre va être détruite par une roche céleste, plutôt que la NASA, on croit aux opinions du CIRC, car cette opinion nous conforte dans nos croyances. Ces personnes et ces entités ne voient pas l’absurdité de leur raisonnement. Monsanto serait une entreprise tellement puissante qu’elle aurait réussi à corrompre l’EFSA, l’ECHA, l’EPA américaine et néo-zélandaise, l’ANSES, la PMRA, la JMPR et la BfR alors que le CIRC serait totalement indépendant et supérieur ? Qui sont les complotistes dans l’histoire ?

    L’alimentation comme une nouvelle religion

    Sur de nombreux aspects, le discours anti-glyphosate, même par des gens sensés, montre des dérives dogmatiques et sectaires. Et c’est normal puisque l’Europe et une grande partie de l’occident ont transformé l’alimentation comme une nouvelle religion. Gillian McCann, professeur de l’histoire des religions aborde ce point dans un livre intitulé The Sacred in Exile.11 Avec le déclin de la religion dans les sociétés occidentales, l’alimentation et le corps ont pris une importance colossale. Des discussions sur le véganisme ou d’autres types d’alimentation relèvent plus de choix idéologiques que purement alimentaires. Ces choix idéologiques peuvent indiquer un progressisme dans la société, mais comme avec toute idéologie, la moindre dérive et confusion entre la croyance et la connaissance peut provoquer des dérives sectaires.12

    Et le point important d’une religion est la pureté. On veut sanctifier notre corps en se débarrassant de toutes les saletés qui pourraient le nuire et dans l’imaginaire collectif, les pesticides, les herbicides, mais également les OGM ont cette réputation de synthétique/artificiel/mauvais pour l’homme et on voit la même méfiance sur la biotechnologie en général. Et malheureusement, les débats actuels sur le glyphosate montrent que cette nouvelle religion gagne de plus en plus de batailles au détriment de choix plus rationnels sur l’alimentation et l’agriculture. On a échangé l’hostie du dimanche par un navet avarié du bio. On peut dire que c’est un triste bilan de notre situation.

    Sources

    1.
    Peer review of the pesticide risk assessment of the active substance glyphosate. https://www.efsa.europa.eu. https://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/4302.
    2.
    Glyphosate not classified as a carcinogen by ECHA. echa.europa.eu. https://echa.europa.eu/fr/-/glyphosate-not-classified-as-a-carcinogen-by-echa.
    4.
    Glyphosate. apvma.gov.au. https://apvma.gov.au/node/13891.
    5.
    Review of the Evidence Relating to Glyphosate and Carcinogenicity. epa.govt.nz. http://www.epa.govt.nz/Publications/EPA_glyphosate_review.pdf.
    6.
    Avis de l’Anses sur le caractère cancérogène pour l’homme du glyphosate. anses.fr. https://www.anses.fr/fr/content/avis-de-l%E2%80%99anses-sur-le-caract%C3%A8re-canc%C3%A9rog%C3%A8ne-pour-l%E2%80%99homme-du-glyphosate.
    8.
    Joint FAO/WHO Meeting on Pesticide Residues (JMPR). who.int. http://www.who.int/foodsafety/areas_work/chemical-risks/jmpr/en/.
    9.
    JOINT FAO/WHO MEETING ON PESTICIDE RESIDUES – Geneva, 9–13 May 2016. who.int. http://www.who.int/foodsafety/jmprsummary2016.pdf?ua=1http://www.who.int/foodsafety/jmprsummary2016.pdf?ua=1. [Source]
    10.
    Glyphosate: BfR has reviewed and assessed the original studies of the applicants in depth . bfr.bund.de. http://www.bfr.bund.de/cm/349/glyphosate-bfr-has-reviewed-and-assessed-the-original-studies-of-the-applicants-in-depht.pdf.
    11.
    Food fundamentalism: is food the new religion? producer.com. http://www.producer.com/2017/10/food-fundamentalism-is-food-the-new-religion/.
    12.
    Les dérives sectaires liées à l’alimentation et à la nutrition. cippad.com. http://www.cippad.com/2014/07/les-derives-sectaires-liees.html.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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