Stable Diffusion 3 : 80 millions d’images supprimées par les artistes


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  • Des artistes se sont insurgés contre le modèle d’IA Stable Diffusion 3, qui génère des images à partir de texte en s’inspirant de leurs œuvres. Le modèle a effacé 80 millions d’images pour éviter les poursuites. Le débat sur le copyleft et le droit d’auteur est relancé.


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    Des artistes se sont insurgés contre le modèle d’IA Stable Diffusion 3, qui génère des images à partir de texte en s’inspirant de leurs œuvres. Le modèle a effacé 80 millions d’images pour éviter les poursuites. Le débat sur le copyleft et le droit d’auteur est relancé.

    Stable Diffusion 3 est un modèle d’intelligence artificielle qui peut générer des images à partir de texte, modifier des images en fonction du texte ou compléter des détails sur des images à basse résolution ou peu détaillées. Il a été entraîné sur des milliards d’images et peut produire des résultats comparables à ceux que l’on obtiendrait avec DALL-E 2 et MidJourney12.

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    Ce modèle est développé par Stability AI, une entreprise qui se présente comme “une organisation à but non lucratif dédiée à la recherche et au développement de l’intelligence artificielle ouverte”3. Stable Diffusion est disponible en open source sur GitHub, ce qui signifie que tout le monde peut l’utiliser gratuitement et le modifier selon ses besoins.

    Des artistes qui se sentent lésés

    Toutefois, cette accessibilité pose des problèmes éthiques et juridiques liés au droit d’auteur. En effet, Stable Diffusion 3 utilise comme données d’entraînement des images provenant de diverses sources publiques, sans vérifier si elles sont protégées par le droit d’auteur ou si elles ont été autorisées par leurs créateurs.

    C’est ce qu’ont dénoncé plusieurs artistes qui ont découvert que leurs œuvres figuraient dans les données d’entraînement de Stable Diffusion 3. Ils ont alors demandé à Stability AI de retirer leurs images du modèle, invoquant une violation du droit d’auteur et une atteinte à leur intégrité artistique.

    Si Stability AI traine parfois les pieds, d’autres startups ont pris le relais comme Spawning AI. Cette dernière a lancé un moteur de recherche appelée haveibeentrained.com qui permet aux artistes de connaitre si leurs images sont entrainés par leurs modèles et de les supprimer si c’est nécessaire.

    80 millions d’images supprimées

    Le résultat a été à la hauteur des attentes, car plus de 80 millions d’images ont été retirées de Stable Diffusion 3 suite aux demandes des artistes. Parmi eux, on trouve notamment David Revoy, un illustrateur français connu pour sa bande dessinée en ligne Pepper&Carrot, qui a constaté que plus de 5000 images issues de son travail étaient utilisées par le modèle.

    David Revoy a expliqué sur son blog qu’il n’était pas contre l’utilisation de l’intelligence artificielle pour créer des images, mais qu’il s’opposait au fait que ses œuvres soient utilisées sans son consentement ni sa rémunération. Il a également exprimé sa crainte que Stable Diffusion 3 puisse générer des images similaires aux siennes et nuire à son originalité et à sa reconnaissance.

    D’autres artistes ont exprimé des préoccupations similaires, comme Aaron Blaise, un ancien animateur chez Disney qui a travaillé sur Le Roi Lion ou La Belle et la Bête. Il a découvert que plus de 2000 images tirées de ses cours en ligne étaient présentes dans les données d’entraînement de Stable Diffusion. Il a qualifié cela de “vol” et a exigé que ses images soient supprimées du modèle.

    Stability AI a réagi aux demandes des artistes en présentant ses excuses et en affirmant qu’elle respectait le droit d’auteur. Elle a également mis en place un formulaire en ligne pour permettre aux créateurs de signaler leurs images et demander leur retrait du modèle. Elle a précisé qu’elle travaillait sur une nouvelle version de Stable Diffusion 3 qui utiliserait uniquement des images libres de droits ou sous licence Creative Commons.

    Toutefois, ces mesures ne semblent pas suffisantes pour apaiser les tensions entre Stability AI et les artistes. Certains accusent l’entreprise de faire preuve de mauvaise foi et de ne pas prendre au sérieux le problème du droit d’auteur. D’autres craignent que le retrait des images ne soit pas effectif ou que le modèle soit déjà copié par d’autres utilisateurs qui ne respecteraient pas les droits des droits des créateurs originaux.

    Le Copyleft comme une alternative

    Face à cette situation, certains artistes ont choisi de défendre une autre approche du droit d’auteur, basée sur le principe du copyleft. Le copyleft est une technique juridique qui consiste à accorder certaines libertés sur les copies d’œuvres protégées par le droit d’auteur, à condition que ces mêmes droits soient préservés dans les œuvres dérivées. En ce sens, les libertés font référence à l’utilisation de l’œuvre pour n’importe quel but, et à la possibilité de modifier, copier, partager et redistribuer l’œuvre, avec ou sans frais1.

    Le copyleft est souvent utilisé dans le domaine du logiciel libre, mais il peut aussi s’appliquer à d’autres types d’œuvres artistiques ou culturelles. Par exemple, la licence Creative Commons BY-SA (Attribution-ShareAlike) est une licence de copyleft qui permet de diffuser librement une œuvre tant qu’on cite son auteur et qu’on partage les modifications sous la même licence.

    Certains artistes soutiennent que le copyleft favorise la créativité et la collaboration entre les créateurs, en leur permettant de s’inspirer mutuellement et de construire sur les œuvres existantes. Ils estiment aussi que le copyleft respecte mieux l’esprit de l’intelligence artificielle, qui repose sur l’apprentissage et la génération automatique d’images.

    D’autres artistes restent attachés au droit d’auteur traditionnel, qui leur garantit un contrôle exclusif sur leurs œuvres et une rétribution financière pour leur travail. Ils considèrent que le copyleft menace leur statut professionnel et leur reconnaissance sociale. Ils craignent aussi que le copyleft ne favorise le plagiat et la banalisation des œuvres originales.

    Cependant, pour ces artistes rétrogrades, il faut qu’ils comprennent également que si leurs images sont supprimés des modèles, eux-mêmes seront oubliés dans le monde des IA qui vient ou la majorité des images seront générés automatiquement. Il vaut mieux qu’ils soient plus ouvert d’esprit que de se rattacher à un droit d’auteur qui sent la moisissure depuis des siècles.

    Ainsi, Stable Diffusion 3 soulève des questions complexes et passionnantes sur le rôle de l’intelligence artificielle dans la création artistique et sur les enjeux du droit d’auteur à l’ère numérique. Il n’existe pas de réponse simple ni universelle à ces questions, mais plutôt un débat ouvert et évolutif entre les différents acteurs concernés.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    1 réponse

    1. Dick dit :

      Tiens c’est marrant comment des micros bloggeurs Techbros deviennent agressifs et méprisants quand leurs joujoux commencent à sentir le sapin, vous jouez aux voyous en surfant sur une zone grise, les conséquences vont aller crescendo.

      Quand on est fainéant mais opportuniste on ne sait qu’humilier les vrais artistes et voler leurs œuvres tout en se faisant de l’argent sur leurs dos

      “Low Cost” ça résume bien les aboiements que vous faites désormais.

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