L’état des Vape shops en France


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  • Si on peut trouver des vape shops dans toutes les grandes et moyennes villes de France et de Navarre, on assiste à un lissage du secteur et la certitude que la “vape indépendante” est un mythe.


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    Il arrive parfois qu’on ait des lubies. Il y a quelques semaines, j’ai eu la lubie de lancer un annuaire de vape shops. Pour les moins de 20 ans, un annuaire était ce qu’on utilisait avant les moteurs de recherche. C’est sûr que je n’ai pas l’esprit “Startup nation” pour lancer un truc qui date des années 2000, mais parfois, il est important que les vieux cons retournent aux fondamentaux.

    J’ai lancé le site et j’ai commencé à inclure les vape shops en France et un peu dans les DOM TOM. Et notons que l’annuaire n’est pas encore totalement obsolète, car Google a mis énormément de ressources dans ce domaine, mais à sa sauce technologique. J’ai inscris plus d’une centaine de boutiques jusqu’à présent (Et proprios de Vape Shops, n’hésitez pas à inscrire votre boutique).

    Et même si cela a commencé comme une lubie, car il faut bien calmer son esprit fiévreux quand on est fauché dans sa quarantaine, on voit une tout autre image de la vape quand on va chercher des informations sur les boutiques de vape dans les patelins d’un bout à l’autre de la France. Et on peut dire qu’il y a trois sortes de vape shops en France en forme de pyramide inversée.

    Les grosses enseignes et le tsunami des franchises

    Quand j’ai lancé le site et syndrome de vieux con oblige, je pensais aux Vape Shops comme la vape en 2010. Des mecs et des meufs passionnés, généralement vapoteurs eux-mêmes et qui décident de se lancer dans le “business” pour aider les fumeurs et partager leurs passions. Aujourd’hui, on peut mettre cette image à la poubelle.

    70 % des Vape Shops en France appartiennent à une grande enseigne ou à des franchises. Certains détestent les franchises qui est une forme d’ubérisation et d’autres estiment qu’elles sont nécessaires. Moi, j’y vois un petit avantage et un gros inconvénient. L’avantage est que n’importe qui peut lancer son Vape Shop sous le parapluie d’une enseigne.

    Les fonds de départ sont minimaux et on vous donne une petite formation, généralement qui concerne les produits de vape les plus chers que vous pourriez refourguer aux pigeons clients. De plus, cela permet à des patelins complètement paumés d’avoir leur vape shop. Evidemment, des enseignes comme Vapostore en ont fait leur spécialité et à elle-seule, cette marque dépasse les 100 points de vente en France.

    Le gros inconvénient est que les personnes qui lancent ces vape shops sont incompétents et ils ne comprennent pas toute la subtilité de la vape. Difficile, même pour des experts, de déterminer pourquoi telle personne pourra arrêter de fumer uniquement avec des sels de nicotine tandis qu’une autre ne pourra le faire qu’avec de la nicotine Free base. Ce n’est même pas la faute de ces vendeurs, mais c’est à l’enseigne de la franchise de s’assurer de donner une bonne formation qui doit durer plusieurs semaines si on veut tout savoir de la vape.

    Par exemple, j’ai vu un ancien carreleur qui avait lancé son vape shop franchisé et sa seule raison est que son entreprise de carrelage était en faillite. Quand on lance un Vape Shop comme un boulot alimentaire, alors ça ne peut pas marcher. De plus, les fumeurs ne peuvent pas arrêter et ils disent que la vape ne marche pas.

    Cela entraine également un lissage du secteur. Car comme ces grosses enseignes ont de gros volumes de vente grâce à leur point de vente, alors ils peuvent booster telle ou telle marque de liquides par exemple. Et ensuite, tout le monde commence à vendre la même chose alors que souvent, la vape est quelque chose de personnel et de subjective. Ces enseignes peuvent aussi imposer des normes au secteur.

    Par exemple en Angleterre, VPZ est la plus grande enseigne de Vape Shop et ils ont décidé de ne plus vendre des Puff. Et cela a impacté tout le secteur. On va dire que c’est une bonne chose et je dirais que non. Car les Puffs font partie de la vape qu’on le veuille et ils peuvent être pratiques dans de nombreuses situations. Mais qu’est-ce qui se passe si demain, une grosse enseigne de vape décide de bannir telle ou telle marque de liquides ou de dire que ce produit de vape est le meilleur de l’année ?

    Petit vape shop, tu deviendras grand

    Donc, 70 % des Vape Shops en France vendent la même chose et souvent, ils sont emmerdants. Ensuite, on a 25 % qui sont des Vape Shops qui ont su grandir. Généralement, ils commencent avec un Vape Shop et ensuite, ils lancent d’autres points de vente, mais non franchisés. Dans un premier temps, ils prennent le contrôle de la ville, ensuite de la région afin d’avoir un monopole local. Cela possède aussi des avantages et des inconvénients.

    Car d’une part, cela nous indique les marges bénéficiaires que se font les Vape Shops. Je connais un propriétaire de vape shop qui s’est lancé au début de 2019 et il avait très peu de fond. Au bout de 6 mois, il lançait une nouvelle boutique ! Il faut juste imaginer les marges bénéficiaires qu’ils doivent se faire pour être motivé à lancer plusieurs points de vente en même temps.

    Dans la vape, 95 % de la marge bénéficiaire se trouve sur les liquides. Si les vapoteurs “lambdas” connaissaient les prix de production d’un litre de liquide et qu’ils le comparent avec ce qu’ils trouvent en boutique, alors il y aurait des émeutes dans les rues… Sur le matos, ce n’est pas possible, car les sites chinois veillent à casser les prix. Il y a une vraie entente sur les prix des liquides en France et un jour, il faudra purger ce secteur.

    Ces petites chaines de vape shop arrivent à rester cohérentes par leur personnel et les produits qu’ils proposent.

    5 % d’irrésistibles passionnés

    A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai inscrit 138 vape shops en France. Des chiffres souvent bidonnés disent qu’il y en aurait 2600. En fait, ce sont des extrapolations et je pense que le vrai chiffre se rapproche de 1000 à 1200. Sans doute qu’on s’est rapproché des 2000 en 2017, mais 2019 et la diabolisation de la vape par l’EVALI et 2020 avec l’asile psychiatrique qu’est devenu l’Occident sur le covid a incité de nombreuses boutiques à fermer leurs portes.

    Sur 138, j’ai trouvé 15 Vape shops vraiment indépendants. C’est à dire que c’est le mec seul qui a monté son vape shop de ses mains et qu’il est lui-même un vapoteur. Si on veut monter un Vape Shop de qualité, il faut débourser aux environs de 30 000 euros. Cela prouve que la vape indépendante est morte et comme toujours, cette tendance est une pièce à deux faces. La standardisation et l’arrivée de grosses enseignes montre que le secteur est plus mature, mais on perd cette notion d’artisanat qui était la caractéristique de la vape. Qu’il est loin le temps où on tentait de changer le coton de résistances préfaites d’un Nautilus !

    Et ces Vape shops galèrent quand on regarde leurs publications Facebook. Ils ont dû mal à attirer les clients. Leur catalogue se concentre sur l’essentiel et il est de moins en moins fourni et diversifié. L’arrivée des puffs a été une véritable bouffée d’air fraiche, car cela permet de faire du volume à pas cher.

    Et sur les 15, il y en 2 ou 3 qui sont des passionnés. C’est à dire qu’ils vont proposer du matos haut de gamme comme du VaperzCloud ou du Purge. Et c’est normal, car les vapoteurs de ces produits sont minoritaires et ne représente que de 1 à 2 % des vapoteurs en France. Si autrefois dans les Vape Expo, on se battait pour des tubes Méca, en exemplaire unique, des moddeurs, aujourd’hui, ces moddeurs se sont reconvertis en carreleurs…

    Mais encore une fois, ce n’est ni bien ou mal, car des produits de vape standardisés qui peuvent convenir à tout le monde, prouve que la vape se démocratise de plus en plus et qu’il y a de plus en plus d’utilisateurs. Après tout, l’artisanat et la passion sont des valeurs ringardes de grand-mère selon les codes actuels de la réussite.

    Les Vape Shops en France n’échappent pas au syndrome de la désertification de la périphérie. Evidemment, la plus grande concentration de vape shops se trouve en région parisienne où parfois, on a des rues entières de boutiques de vape. Mais plus on descend dans la hiérarchie des villes et plus le vape shop disparait. Et ce néant est remplacé par des boutiques hybrides, généralement des buralistes qui commencent à remplir leurs catalogues de produits de vape.

    Le CBD a également fait une percée foudroyante dans les vape shops et on a un flou entre les frontières qui va être de plus en plus dangereux. Car sachez-le, le CBD n’est qu’un cheval de Troie pour faire entrer le cannabis. J’ai vu des boutiques dont 70 % du catalogue était du CBD et des feuilles de chanvre alors qu’il y avait écrit Vape Shop sur la pancarte. On est très loin de la vape nicotinée qui a ses propres besoins et ses codes.

    Je maintiens ce que j’écrivais dans mon livre en 2021, que la vape en Europe sera détruite dans les années à venir. Tous les pays européens poussent des législations anti-vape et la prochaine TPD va rassembler tous ces clous pour faire un beau cerceuil à la vape. Dans ce cas, le CBD et le cannabis pourront être de belles reconversions pour les boutiques.

    On était parti pour sauver 1 milliard de fumeurs et on se retrouve avec des vendeurs légaux de drogue, concrétisant le fantasme des hippies des années 1960.

    C’est un triste bilan de notre situation…

     

    La vape qui dérange

    La vape est un outil de cessation tabagique, mais elle est attaquée de toutes parts. Si vous pensez que la cigarette électronique est dangereuse ou qu’elle ne marche pas, alors cet ouvrage va vous faire changer d’avis.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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    1 réponse

    1. tonio dit :

      Salut, je suis d’accord avec ton article sauf sur la dernière phrase: “On était parti pour sauver 1 milliard de fumeurs et on se retrouve avec des vendeurs légaux de drogue, concrétisant le fantasme des hippies des années 1960.” . Je pense que tu te trompe d’ennemi. En fait, tu croit vraiment que les lobbyes du cannabis et cbd sont aussi influent que ceux du tabac ? ils ont enfin une chance d’exister après tant d’année de prohibition et de non science (au même titre que la prohibition arrivant sur la vape à grand pas). Meme si l’un remplace l’autre, je regarderai plutot de coté capitaliste de la chose et qui gagne les pépétes au final !
      Cordialement,
      tonio

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