Homme de Piltdown : Un seul homme derrière l’escroquerie


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  • L’Homme de Piltdown est l’une des plus célèbres escroqueries scientifiques qui prétendaient montrer le chainon manquant entre le singe et l’homme. À la base considérée pour critiquer la Théorie de l’Évolution, une nouvelle étude suggère que l’Homme de Piltdown a été l’oeuvre d’un seul homme en la personne de Charles Dawson.


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    L'Homme de Piltdown est l'une des plus célèbres escroqueries scientifiques qui prétendaient montrer le chainon manquant entre le singe et l'homme. Et une nouvelle étude suggère que l'Homme de Piltdown a été l'oeuvre d'un seul homme en la personne de Charles Dawson.

    De nouvelles analyses sur les fossiles de l’Homme de Piltdown montrent une combinaison de méthodes à la fois brillantes et maladroites qui a trompé les scientifiques du 20e siècle pendant 40 ans. Charles Dawson, avocat et archéologue amateur, a modifié des ossements humains et d’orang-outan pour ressembler à ce que les scientifiques de l’époque considéraient comme le chainon manquant entre le singe et l’homme selon Isabelle De Groote et ses collègues de la Liverpool John Moores University. Dawson et Arthur Smith Woodward avaient annoncé la découverte de ce qu’ils avaient appelé comme l’Eoanthropus dawsoni en décembre 1912.

    L’utilisation de techniques de contrefaçon dans la mâchoire d’un orang-outan, dans 4 dents d’orang-outan et dans 6 fragments boites crâniennes provenant de 2 ou 3 humains montre que Dawson est le seul coupable d’avoir planté les faux fossiles à côté d’un dépôt de gravier au village de Piltdown selon les conclusions des chercheurs dans Royal Society Open Science. Les résultats sont la preuve solide que Dawson n’a reçu aucune aide pour effectuer la supercherie.

    Espérons que ce soit la conclusion finale de l’histoire de l’Homme de Piltdown en confirmant la seule responsabilité de Dawson selon Miles Russell, archéologue de l’université de Bournemouth en Angleterre. En tant que collectionneur d’artefact pour un musée local et en ayant accès aux collections des ossements d’animaux, Dawson a pu obtenir facilement la mâchoire d’orang-outan selon Russell. Russell suggère aussi que Dawson n’a pas uniquement crée l’Homme de Piltdown, mais il a également fabriqué d’autres découvertes de sa collection, notamment un fossile d’un prétendu hybride entre un reptile et un mammifère.

    L’imagerie 3D en haute résolution, effectuée par l’équipe de Groote, montre que la mâchoire de l’orang-outan était fissurée sur la longueur. Cela suggère qu’on l’a étiré par ses deux extrémités avec les mains. Dawson devait élargir les cavités dentaires de la mâchoire pour enlever 2 molaires. Chez les grands singes, ces molaires avec des racines incurvées selon les chercheurs. Dawson a ensuite limé les dents pour qu’elles ressemblent à ceux d’un humain et les a replacés dans leurs cavités. Il a utilisé une fine couche mastic pour les maintenir en place.

    Sur la partie droite et gauche en haut, on voit la surface de mastication de la dent d'un orang-outan attribué à l'Homme de Piltdown. Cette surface a été limée. La boite sur le coté supérieur gauche montre où l'émail des dents a été remplacé. Une étude plus attentive sur la même dent (en bas) révèle les marques de limage (marqué par D et E). Le mastic se trouve dans la section F et la teinte marron rougeatre sur la section marquée G.

    Sur la partie droite et gauche en haut, on voit la surface de mastication de la dent d’un orang-outan attribué à l’Homme de Piltdown. Cette surface a été limée. La boite sur le coté supérieur gauche montre où l’émail des dents a été remplacé. Une étude plus attentive sur la même dent (en bas) révèle les marques de limage (marqué par D et E). Le mastic se trouve dans la section F et la teinte marron rougeatre sur la section marquée G.

    J’ai été surpris par les modifications considérables qui ont été apportées à ces fossiles et le fait que personne ne les ait remarqués auparavant selon Chris Stringer, co-auteur de l’étude et paléoantropologue au musée d’histoire naturelle de Londres. Depuis la publication du papier scientifique qui révèle la supercherie de l’Homme de Piltdown en 1953, soit longtemps après la mort de Dawson en 1916, il y avait une grosse liste de complices qui auraient pu aider Dawson à fabriquer ces fossiles. Parmi les noms qui reviennent, on a Smith Wood et Teilhard de Chardin, un prêtre français qui a participé à certaines excavations.

    Mais Dawson n’avait pas besoin de leur aide selon De Groote. Les études d’imagerie des structures internes de la dent de l’orang-outan de Piltdown indiquent qu’elle provenait du même individu. C’est pourquoi on avait aussi une correspondance de l’ADN mitochondrial qu’on a extrait d’une des dents alors que cette dernière provenait d’un autre site de fouilles à Piltdown. Avant sa mort, Dawson avait informé Smith Woodward qu’on allait trouver d’autres fossiles de l’Eoanthropus à environ 3 kilomètres du premier site.

    Dawson avait fait un meilleur travail de contrefaçon sur la dent du second site. Il a sans doute appris à corriger ses erreurs face aux critiques scientifiques qui concernaient la première découverte de l’Homme de Piltdown. On avait placé du gravier sur les cavités de 2 dents de Piltdown où on avait des racines endommagées. Ces cavités ont été bouchées avec des galets et du mastic qui a été utilisé dans la mâchoire de l’orang-outan. Dawson a créé cette contrefaçon à partir de 2 crânes humains puisque les restes d’une partie de la section arrière de la boite crânienne étaient plantés sur les 2 sites de Piltdown.

    Dawson avait accès à plusieurs tombes médiévales pendant son travail archéologique. Il aurait pu sélectionner les fragments de crâne les plus minces pour les passer à l’homme de Piltdown. Dawson savait que ce type de fragment serait similaire à celui d’un singe. La datation au carbone des fragments du crâne de Piltdown n’a pas été concluante.

    Pour faire correspondre avec la couleur du gravier, Dawson a teint ses fossiles en marron rougeâtre. Il a fait la même chose à des ossements non humains, à des outils en pierre et à un os creux qui était planté dans les fossiles. L’Homme de Piltdown est souvent cité par les créationnistes, mais Dawson voulait simplement être élu comme un membre de la Royal Society qui était une consécration scientifique majeure. Il a été nominé, mais il n’a pas élu et cela l’a sans doute motivé à créer l’Homme de Piltdown selon les chercheurs.

    Cette nouvelle étude montre que Dawson s’est rassasié de toute l’attention qu’il a eue. Au final, on peut dire qu’il a été brillant, mais également très maladroit selon Bernard Wood, paléoantropologue de l’université de Washington. Le problème est que la science de l’époque croyait fermement en l’existence du chainon manquant. Quand Dawson a débarqué avec son crâne de Piltdown, certains scientifiques ont juste vu ce qu’ils cherchaient depuis longtemps et ils ont fermé les yeux sur les irrégularités. L’Homme de Piltdown est une leçon qu’il ne faut jamais regarder une preuve avec les yeux de l’espoir, mais bien avec les yeux de la réfutabilité de la preuve.

     

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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