Google et “contenu utile” : L’avènement du moteur de recherche censuré et bienpensant

En 2011, Google avait déployé une mise à jour appelée Panda qui voulait supprimer les fermes de contenu. Des sites et des articles qui sont optimisés uniquement pour les moteurs de recherche afin de générer le maximum de revenus publicitaires sans tenir compte de “l’expérience d’utilisateur” (cette expression fait partie de la Torah de Google et comme tout texte de la Torah, cela ne veut pas dire grand-chose, mais on peut tout y mettre dedans).

11 ans plus tard en 2022, Google va déployer une mise à jour appelée Contenu utile (Helpful Content) qui a le même objectif. C’est à dire qu’en 11 ans, Google n’a absolument rien pu faire contre le sac d’excréments qu’est devenu le web. Les sites se ressemblent les uns aux autres et tout le monde optimise, optimise et optimise encore pour recevoir la précieuse manne publicitaire avec du contenu médiocre, pompé et recyclé à l’extrême. Ce n’est pas étonnant que les médias de masse soient les plus grands adeptes de cette optimisation.

L’objectif officiel du premier Google Panda était de combattre le “mauvais contenu”, mais sa vraie raison d’être était de décapiter la concurrence. Car ce sont surtout les sites de comparaison qui ont sauté à l’époque. Que ce soit les sites de shopping ou de comparaisons de voyage. Rien qu’aux Etats-Unis, il y a plus d’une centaines de personnes qui se sont suicidés, car Google avait pénalisé, du jour au lendemain, leur site qui leur permettait de vivre. Une fois que Google a tué la concurrence avec Panda, il est donc normal qu’il ait lancé et favorisé ses services de Google Shopping et de Google Flight, mais cela doit être une coincidence.

En 2022, Google n’a plus de concurrence, car ses mises à jour successives à base de napalm ont fait place nette. Cependant, le trafic organique, c’est à dire l’information provenant des requêtes de recherche, s’est cassé la gueule. Avec l’avènement des réseaux sociaux et d’autres médias, c’est comme si Google avait le monopole des calèches tirées par des chevaux alors que tout le monde roule en bagnole. Et l’écrasante majorité des revenus de Google vient de la publicité. Si les annonceurs se cassent sur d’autres plateformes, alors son monopole sur l’information ne lui sert à rien. Quand vous voyez qu’en 2021, Tik Tok est devenu le site le plus visité devant Google, alors on peut dire que vous avez un problème.

Maintenant, dans cette mise à jour Helpful Content qu’on pourrait qualifier de Panda 2.0 ou de Panda granulaire, Google estime que son algorithme est plus fin et qu’il pourra séparer le bon grain de l’ivraie. Cette mise à jour sera entièrement automatique, elle s’appliquera au site entier et il sera quasi impossible de corriger une pénalité. C’est à dire que cette mise à jour va constamment analyser votre contenu et lui assigner une note et si vous n’avez pas la moyenne, alors c’est tout le site qui se prend une décapitation dans la gueule.

A la limite, Google est miséricordieux et vous permettra de restaurer le site, mais il ne suffira pas de corriger la médiocrité de l’article incriminé, mais il faut faire des efforts constants pendant plusieurs mois pour prouver à Google que vous avez été un bon élève. Ce qui fait que c’est une étape impossible, car Google ne vous dira jamais ce qui cloche dans votre article et vous passerez votre temps à corriger. Les exigences d’un contenu utile selon Google sont nombreuses et peuvent être résumés par les points suivants :

• Avez-vous un public existant ou prévu pour votre entreprise ou votre site qui trouverait le contenu utile s’il venait directement à vous ?
• Votre contenu démontre-t-il clairement une expertise de première main et une connaissance approfondie (par exemple, une expertise qui découle de l’utilisation réelle d’un produit ou d’un service, ou de la visite d’un lieu) ?
• Votre site a-t-il un objectif ou un objectif principal ?
• Après avoir lu votre contenu, quelqu’un repartira-t-il avec le sentiment d’en avoir suffisamment appris sur un sujet pour l’aider à atteindre son objectif ?
• Une personne lisant votre contenu repartira-t-elle avec l’impression d’avoir vécu une expérience satisfaisante ?
• Gardez-vous à l’esprit nos conseils pour les mises à jour principales et les avis sur les produits ?

A ces principaux points, on peut ajouter ces questions supplémentaires :

• Le contenu est-il principalement destiné à attirer les internautes à partir des moteurs de recherche, plutôt que conçu pour les humains ?
• Produisez-vous beaucoup de contenu sur différents sujets dans l’espoir que certains d’entre eux pourraient bien fonctionner dans les résultats de recherche ?
• Utilisez-vous une automatisation poussée pour produire du contenu sur de nombreux sujets ?
• Résumez-vous principalement ce que les autres ont à dire sans ajouter beaucoup de valeur ?
• Écrivez-vous sur des choses simplement parce qu’elles semblent tendance et non parce que vous en écririez autrement pour votre public actuel ?
• Votre contenu donne-t-il l’impression aux lecteurs qu’ils doivent effectuer une nouvelle recherche pour obtenir de meilleures informations auprès d’autres sources ?
• Écrivez-vous à un nombre de mots particulier parce que vous avez entendu ou lu que Google a un nombre de mots préféré ? (Non, nous ne le faisons pas).
• Avez-vous décidé d’entrer dans un domaine de niche sans véritable expertise, mais principalement parce que vous pensiez obtenir du trafic de recherche ?
• Votre contenu promet-il de répondre à une question qui n’a pas de réponse, comme suggérer qu’il y a une date de sortie pour un produit, un film ou une émission de télévision alors qu’elle n’est pas confirmée ?

On pourrait croire que ce sont des questions légitimes et que cela permettrait de nettoyer le web, mais cela n’a pas marché en 2011 et cela ne marchera jamais. Car le concept même d’un contenu utile est impossible à définir. Il y a des critères infinis selon lesquels un utilisateur pourrait trouver telle ou telle information utile. En fait sur un de mes sites, l’article le plus visité et le plus commenté sur les réseaux sociaux n’a même de texte. Il s’agit simplement d’une chaussure Nike avec un design très différent. Et cela a généré une tonne de réactions.

Face à la déferlante de Tik Tok, d’Instagram et de Twitter, les articles standards se cassent la gueule. Et c’est pourquoi, Google utilise de plus en plus des résultats verticaux en intégrant des tweets, des posts Facebook ou des shorts Youtube pour garder les gens sur sa plateforme. A part son moteur de recherche, Google ne possède aucune autre source de revenus. Il n’a pas de réseau social, Youtube lui fait perdre de l’argent et il se dit qu’on proposant un contenu très lisse, consensuel à l’extrême, ce contenu va se démarquer des autres formats ce qui est aussi voué à l’échec. Et comme c’est un algorithme, il va y avoir énormément de dommages collatéraux et les escrocs du SEO vont continuer à vendre des formations à des milliers d’euros pour dire comment récupérer de la mise à jour de Google alors qu’ils font fautes d’orthographe dans leur titre…

Même si Google nous dit qu’il va privilégier du contenu de haute qualité, écrit par des experts, la nature même de son écosystème favorise l’esclavage de la plume. Les revenus publicitaires des sites se sont tellement effondrés qu’il n’y a aucun expert sérieux qui veut écrire gratuitement sur le web. Soit, ils rejoignent de grosses boites, soit ils passent à un contenu payant. On ne peut pas demander un article d’expertise et gagner 50 euros par mois à tout casser !

Google n’aime pas non les textes trop complexes ou riches en vocabulaire. Car aujourd’hui, il nous dit qu’il ne faut pas optimiser son contenu pour les moteurs de recherche, mais c’est lui-même qui a martelé l’optimisation pendant des années en disant que vous devez optimiser votre contenu pour avoir de la visibilité. Un pompier pyromane dans toute sa splendeur.

Ceux qui écrivent pour le web n’utilisent pas le français, l’anglais ou tout autre langue, car c’est plutôt de l’écriture algorithmique comme je le dit dans mon livre sur la rédaction web, composée quasiment d’onomatopées servant de mots-clés avec une structure qui respire la laideur par tous ses pores. Donc, c’est Google qui appauvri le web et c’est Google qui a généralisé un format écrit aussi barbare que celui des hommes préhistoriques à base de grognements de plaisirs consuméristes et d’émotions toutes plus bêtes les unes que les autres.

Le consensus sur la censure et la bienpensance

De plus, cette mise à jour va également pénaliser les contenus approximatifs ou faux. Cela pose l’énorme problème de la censure. Car sous le prétexte de la médiocrité, Google va supprimer des opinions alternatives qui sont minoritaires par nature. Car en plus de la mise à jour “Contenu utile”, vous avez également le consensus qui débarque sur les extraits optimisés (Featured Snippets). Un extrait optimisé est lorsque Google vous donne la réponse directement à une question en l’extrayant d’un site web sans que vous ayez besoin d’aller dessus.

Pour améliorer les extraits optimisés, Google va utiliser le “Consensus” qui est qu’il va utiliser plusieurs sources “d’autorité, expertes et fiables” pour déterminer si la réponse est consensuelle. L’ambition selon les mots de Google est de proposer une alphabétisation de l’information. Parce que oui, voyez-vous, on est tous trop cons pour se faire nos propres opinions (encore une idée fasciste) et Google va vous alphabétiser pour que vous vous informiez correctement sinon c’est la baffe dans la gueule.

Vous la voyez venir la grosse arnaque, car c’est simplement de la censure pure et simple sur toutes les informations qui ne sont pas fournies par la caste dominante. En fait, Google sait qu’il a été battu à plate couture par les réseaux sociaux et d’autres plateformes, mais il espère que les gens viendront chez lui pour confirmer une information qu’ils ont vu sur Tik Tok. Il n’a toujours pas compris comment fonctionne la nature humaine.

Ce consensus est basé aussi sur les “Fact Checkers” qui sont les excréments les plus putréfiés dans la fosse septique de l’information. C’est eux qui vont dire ce qui est vrai ou non sur le web. Et évidemment, la principale critique est que Google favorise une opinion occidentalo-centrée. La majorité des langues des extraits optimisés sont occidentales à l’exception des japs et des indonésiens. Mais les chinois et les russes ne sont pas concernés et donc, les occidentaux pourront dégueuler à loisir sur ces deux peuples qui composent le nouveau monde qui arrive. On est toujours dans la merde où Google veut que 10 % de l’humanité continue à dicter sa façon de penser aux 90 % restants.

Dans les deux extraits optimisés ci-dessus, les deux réponses sont fausses. Le consensus scientifique sur les OGM est absolument limpide, ils n’ont jamais posé le moindre problème pour la santé humaine. Et pour la seconde, il faudra que vous vous décommandiez de vos rendez-vous chez les putes le 23 novembre 2023 parce qu’il faudra aller se battre pour la Troisième guerre mondiale.

On peut dire que cette mise à jour et la tendance actuelle de Google est qu’on aura un web beaucoup plus censuré, totalement bienpensant où la moindre erreur se paiera cash, car si vous êtes pénalisé, alors vous n’existez plus sur le web. Evidemment, les voix dissidentes auront toujours d’autres plateformes pour s’exprimer en tout liberté. Le résultat final est qu’on aura plusieurs webs totalement morcelés et hermétiques où chacun va défendre sa propre vision du monde.

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Mes livres

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