La Déclaration de New Delhi, un tournant majeur mondial amorcé par l’Organisation de la Coopération de Shanghai


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  • En publiant la Déclaration de New Delhi qui couvre quasiment tous les domaines, l’Organisation de la Coopération de Shanghai veut réformer les Nations Unies, l’OMC et créer un mouvement mondial contre l’hégémonie perçue du G7.


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    En publiant la Déclaration de New Delhi qui couvre quasiment tous les domaines, l'Organisation de la Coopération de Shanghai veut réformer les Nations Unies, l'OMC et créer un mouvement mondial contre l'hégémonie perçue du G7.

    Les chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ont tenu leur sommet annuel en ligne mardi 4 juillet avec la réunion présidée par l’Inde et le Premier ministre Narendra Modi.

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    Les membres à part entière de l’OCS sont la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Pakistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

    Ils ont collectivement publié la “Déclaration de New Delhi” en tant que déclaration d’intention en termes de préoccupations et de développement mondiaux de l’OCS. Vous avez la déclaration que j’ai traduite et les parties en italique sont mon analyse.

    La Déclaration de New Delhi

    Remarques d’ouverture

    « Aujourd’hui, le monde connaît des transformations sans précédent et entre dans une nouvelle ère de développement technologique rapide qui nécessite une augmentation de l’efficacité des institutions mondiales. Ces processus fondamentaux s’accompagnent d’une multipolarité plus forte, d’une interconnexion accrue, d’une interdépendance et d’un rythme accéléré de numérisation. Dans le même temps, les menaces et les défis deviennent de plus en plus complexes, destructeurs et dangereux, les conflits existants s’aggravent et de nouveaux conflits émergent.

    « La fracture technologique et numérique croissante, les turbulences continues sur les marchés financiers mondiaux, la réduction mondiale des flux d’investissement, l’instabilité des chaînes d’approvisionnement, l’augmentation des mesures protectionnistes et d’autres obstacles au commerce international, les conséquences du changement climatique mondial et de la pandémie de COVID-19 sont ajoutant à la volatilité et à l’incertitude de l’économie mondiale et créant des défis supplémentaires pour la croissance économique, le maintien du bien-être social, la garantie de la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi que la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. À cette fin, de nouvelles approches sont nécessaires pour promouvoir une coopération internationale plus équitable et plus efficace.

    Nations Unies contre États-Unis

    “Sur la base de la proximité des évaluations de l’agenda régional et international actuel, les États membres confirment leur engagement en faveur de la formation d’un ordre mondial plus représentatif, démocratique, juste et multipolaire fondé sur les principes universellement reconnus du droit international, du multilatéralisme, de l’égalité , sécurité conjointe, indivisible, globale et durable, diversité culturelle et civilisationnelle, coopération mutuellement bénéfique et égale des États avec un rôle central de coordination de l’ONU.

    Ce qu’il faut comprendre

    L’OCS désigne clairement l’ennemi en estimant que le nouveau monde ne sera pas dirigé unilatéralement par les Etats-Unis comme c’est le cas aujourd’hui. L’Europe et l’Amérique avaient rejeté cette position de l’OCS dans le passé en arguant que c’est juste au profit de la Chine. Mais étant donné que l’Inde le dit aussi, grande rivale de la Chine, cela signifie que le nouveau monde en a marre qu’une petite clique, de 10 % de l’humanité, dicte sa volonté aux 90 % restants.

    “Les États membres réaffirment que l’OCS n’est pas dirigée contre d’autres États et organisations internationales et est ouverte à une large coopération avec eux conformément aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations Unies, de la Charte de l’OCS et du droit international, sur la base de la considération des intérêts mutuels. des intérêts communs et des approches communes pour résoudre les problèmes régionaux et mondiaux.

    Les États membres, conformément aux principes de la Charte de l’OCS, poursuivent une politique qui exclut les approches de bloc, idéologiques et conflictuelles pour résoudre les problèmes de développement international et régional, en luttant contre les défis et les menaces de sécurité traditionnels et non traditionnels. Tenant compte des points de vue des États membres, ils réaffirment la pertinence des initiatives visant à promouvoir la coopération dans la construction de relations internationales d’un nouveau type dans un esprit de respect mutuel, de justice, d’égalité et de coopération mutuellement bénéfique, ainsi que la formation d’un climat commun vision de l’idée de créer une communauté de destin commun de l’humanité.

    Ce qu’il faut comprendre

    Quand l’OCS a été créé, l’Amérique l’avait considéré comme une menace directe contre les intérêts américains tandis que l’UE l’avait comparé à un “OTAN clandestin”. Cette déclaration qui appelle à une gestion globale et collective du monde en excluant toute idéologie, toute approche de bloc et basé sur le conflit, porte à faux tout le narratif occidental.

    « Les États membres de l’OCS prônent le respect du droit des peuples à un choix indépendant et démocratique des voies de leur développement politique et socio-économique, soulignent que les principes de respect mutuel de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale des États, de l’égalité , l’intérêt mutuel, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le non-recours à la force ou à la menace de recourir à la force, sont à la base du développement durable des relations internationales. Ils réaffirment leur attachement au règlement pacifique des désaccords et des différends entre les pays par le dialogue et les consultations.

    Gestion de l’environnement planétaire

    « Les États membres ont l’intention de développer davantage la coopération dans les domaines de la politique et de la sécurité, du commerce, de l’économie, de la finance et de l’investissement, des liens culturels et humanitaires afin de construire une planète Terre pacifique, sûre, prospère et respectueuse de l’environnement, en réalisant des relations harmonieuses et coexistence de l’homme et de la nature.

    Ce qu’il faut comprendre

    C’est surtout la phrase “en réalisant des relations harmonieuses et coexistence de l’homme et de la nature” qui est intéressant. Ce n’est pas une déclaration baba cool de hippie, mais l’appel à la fin du capitalisme tel que nous le connaissons. Pomper les ressources de la nature sans aucune limite n’est clairement pas dans les plans du nouveau monde.

    Sécurité

    « Les États membres considèrent qu’il est important de renforcer les efforts conjoints et coordonnés de la communauté internationale pour contrer les activités des groupes terroristes, séparatistes et extrémistes, en accordant une attention particulière à la prévention de la propagation de l’intolérance religieuse, du nationalisme agressif, de la discrimination ethnique et raciale, xénophobie, idées de fascisme et de chauvinisme.

    Inde, Pakistan et Afghanistan : lutte contre le terrorisme

    En se référant au paragraphe SCO ci-dessus, il contient quatre composants.

    Premièrement, il s’agit de Modi qui porte un coup voilé au Pakistan voisin, citant le terrorisme transfrontalier comme “la plus grande menace pour la paix régionale et mondiale” tout en laissant entendre indirectement que le Pakistan est un refuge sûr pour les terroristes. Le dirigeant indien a demandé une action décisive contre le terrorisme, déclarant que « certains pays utilisent le terrorisme transfrontalier comme instrument de leurs politiques et abritent des terroristes. L’OCS ne devrait pas hésiter à critiquer ces pays… il ne devrait pas y avoir de doubles standards en matière de terrorisme. Cela visait spécifiquement le Pakistan, un autre membre de l’OCS, mais montre également une inquiétude face à ce qui se passe en Afghanistan.

    Shehbaz Sharif, le Premier ministre pakistanais, a en fait largement souscrit aux affirmations de Modi, confirmant que le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations doit être condamné en « des termes clairs et sans ambiguïté ». Cependant, il a choisi de ne pas s’engager dans une discussion sur le terrorisme parrainé par l’État et a plutôt détourné l’attention des critiques apparentes de Modi, affirmant que “le monstre à tête d’hydre du terrorisme et de l’extrémisme”, qu’il soit commis par des individus, des sociétés ou des États, doit être combattu avec vigueur et conviction. Toute tentation de l’utiliser comme un gourdin pour marquer des points diplomatiques doit être évitée en toutes circonstances.

    Revenant à la question afghane, Modi a exhorté les dirigeants de l’OCS à travailler pour le bien-être du pays et à fournir une aide humanitaire à Kaboul après la prise de contrôle des talibans il y a deux ans. “Le sol afghan ne devrait pas être utilisé pour déstabiliser son voisinage.” Modi a ajouté.

    Ce qu’il faut comprendre

    L’Inde continue à presser le Pakistan, car il sait que ce dernier est utilisé par la Chine pour créer une pression constante à sa frontière. Les deux géants le savent et le Pakistan est davantage le terrain de jeu entre ces deux puissances. Il faut également ajouter que Modi parle surtout à son peuple et cette verbalité agressive sert surtout à ne pas montrer de faiblesse envers le Pakistan.

    La déclaration du Pakistan suit dans le sens, mais en parlant de “monstre hybride à plusieurs têtes”, il fait référence, indirectement aux Frères Musulmans, qui est aujourd’hui la plus grande menace terroriste islamiste de la planète dont la surinfection touche deux pays qui sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Le Pakistan, par sa population, ne pourra jamais rejeter l’islam politique, mais ce sera un islam régional plutôt qu’importé de Turquie ou du Qatar.

    La référence à l’Afghanistan est aussi un message clair de Modi vis à vis de la Chine. L’Inde sait ce que le dragon manigance en Afghanistan et elle ne se laissera pas faire. Historiquement, les deux priorités de l’Inde sont de se connecter à l’Iran et à l’Afghanistan parce qu’avant la Partition, c’était des pays frontaliers. L’Afghanistan lui offre un hub logistique naturel qui lui ouvre l’Asie centrale, mais aussi l’Océan Indien. Et l’Iran lui permet d’avoir un voisin fort et qui est saturé d’hydrocarbures lui offrant une alternative au pétrole russe.

    « Réaffirmant leur attachement à la paix, au développement conjoint et à des relations égalitaires fondées sur les principes de respect mutuel, d’amitié et de bon voisinage, les États membres continueront à mener un dialogue constructif fondé sur la confiance, approfondissant une coopération multiforme efficace, mettant tout en œuvre pour renforcer la sécurité et la stabilité et assurer le développement durable dans la région de l’OCS.

    Les États membres considèrent l’Asie centrale comme le noyau de l’OCS et soutiennent les efforts des pays de la région pour assurer la prospérité et la paix, le développement durable et la formation d’un espace de bon voisinage, de confiance et d’amitié.

    Réaffirmant leur ferme attachement à la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, les États membres sont déterminés à continuer de prendre des mesures actives pour éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme, perturber les circuits de financement du terrorisme, réprimer les activités de recrutement et les mouvements transfrontaliers de terroristes, pour lutter contre l’extrémisme et la radicalisation des jeunes, la diffusion de l’idéologie terroriste, ainsi que pour éliminer les «cellules dormantes» et les lieux utilisés comme refuges pour les terroristes. Les États membres notent l’inadmissibilité de l’ingérence dans les affaires intérieures des États sous prétexte de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, ainsi que l’inacceptabilité d’utiliser des groupes terroristes, extrémistes et radicaux à des fins mercenaires.

    Les États membres considèrent qu’il est important de renforcer les efforts conjoints et coordonnés de la communauté internationale pour contrer les tentatives d’impliquer les jeunes dans les activités des groupes terroristes, séparatistes et extrémistes.

    Les États membres notent les activités efficaces de la structure antiterroriste régionale (RATS) de l’OCS dans la promotion de la coopération entre les autorités compétentes dans la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, y compris la mise en œuvre du programme correspondant pour 2022-2024. L’importance de mettre en œuvre des mesures pratiques visant à élargir ses capacités pour renforcer la coopération dans ces domaines a été soulignée.

    Sous réserve de leurs lois nationales et sur la base d’un consensus, les États membres chercheront à élaborer des principes et des approches communs pour former une liste unifiée d’organisations terroristes, séparatistes et extrémistes dont les activités sont interdites sur les territoires des États membres de l’OCS.

    Ce qu’il faut comprendre

    Cela suit la priorité d’exterminer le terrorisme, souvent instrumentalisé par l’Occident, pour déstabiliser la région. On voit également une prise de position claire avec des objectifs réels plutôt qu’une déclaration d’intention. Cela signifie que le Nouveau Monde va lutter contre le terrorisme avec ses propres moyens en excluant totalement l’Occident.

    Contrer le fascisme : l’Ukraine

    Enfin, il y avait des références à la discrimination raciale et au fascisme. Cela a un écho en particulier pour la Russie, qui se plaint depuis longtemps du traitement réservé aux Russes de souche en Ukraine (le président ukrainien Zelensky a demandé à ce groupe ethnique de quitter l’Ukraine, bien que nombre d’entre eux y vivent depuis des siècles, avec une population d’environ 3,5 millions d’habitants, et possession de cartes d’identité nationales ukrainiennes. Zelensky a également interdit l’utilisation de la langue russe en Ukraine et l’a criminalisée), tandis que l’inclusion du fascisme est une référence au régime de Zelensky qui, selon Moscou, est partiellement basé sur le nazisme.

    Ce qu’il faut comprendre

    Dans la lutte contre le fascisme, l’OCS ne mentionne pas l’Ukraine, mais clairement, c’est la Russie qui a dû ajouter cette mention, car le fascisme se développe considérablement en Europe, encore une fois, instrumentalisé par les Occidentaux. La discrimination raciale est également présente, mais c’est surtout le fascisme qui intéressant, car c’est un signe que le Nouveau Monde comprend parfaitement quels sont les acteurs et leurs idéologies en Ukraine.

    Réglementation Internet et TIC

    « Les États membres soulignent le rôle clé de l’ONU dans la lutte contre les menaces dans l’espace de l’information, en créant un espace de l’information sûr, équitable et ouvert fondé sur les principes de respect de la souveraineté de l’État et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. Ils considèrent qu’il est important d’assurer des droits égaux à tous les pays pour réglementer Internet et le droit souverain des États de le gérer dans leur segment national.

    « Les États membres s’opposent catégoriquement à la militarisation des technologies de l’information et de la communication (TIC). Ils soutiennent l’élaboration de règles, principes et normes universels de comportement responsable des États dans ce domaine et, en particulier, saluent l’élaboration sous les auspices de l’ONU d’une convention internationale globale contre l’utilisation des TIC à des fins criminelles. Les États membres poursuivront leur coopération dans le cadre de mécanismes de négociation spécialisés à l’ONU et dans d’autres plateformes internationales.

    Ce qu’il faut comprendre

    Contrairement à l’Occident qui veut imposer un internet sans aucune restriction, sous-entendant, un internet contrôlé par les Etats-Unis pour asservir technologiquement les autres pays, l’OCS accepte l’idée d’un internet souverain et balisé. Ce qui est le cas de la Chine, de l’Iran, mais aussi de l’Inde en partie.

    A partir du moment où les TIC ne sont pas militarisés, alors l’Organisation laisse libre la régulation d’internet dans ses propres frontières. Mais c’est impossible actuellement, car l’ICANN et d’autres organisations, ossatures d’internet, sont entièrement contrôlé par les Etats-Unis. Il faudra développer de nouvelles technologies qui échappent à leur contrôle.

    Commerce de stupéfiants

    « Les États membres ont exprimé leur inquiétude face aux menaces croissantes posées par l’augmentation de la production, du trafic et de l’abus de stupéfiants et l’utilisation des produits du trafic illicite de drogue comme source de financement du terrorisme. Ils ont souligné la nécessité d’une approche conjointe et équilibrée pour lutter contre le trafic de drogues illicites et de leurs précurseurs et ont noté l’importance de la mise en œuvre des conventions internationales relatives au contrôle des drogues et d’autres instruments juridiques réglementaires pertinents.

    Les États membres notent que le trafic illicite de drogues et leur consommation non médicale constituent une menace pour la sécurité et la stabilité internationales et régionales, le développement économique durable des États, la santé et le bien-être des personnes, ainsi que l’exercice des libertés et droits fondamentaux de l’homme. Soulignant l’importance de la consolidation des forces dans la lutte contre le trafic de drogue et une large coopération dans ce domaine, ils continueront à mettre en œuvre la stratégie antidrogue de l’OCS pour 2018-2023 et le plan d’action pour sa mise en œuvre.

    Les États membres ont l’intention de continuer à mener régulièrement des opérations conjointes de lutte contre la drogue. Ils préconisent une interaction active avec les États, les organisations régionales et internationales intéressés dans ce domaine.

    Ce qu’il faut comprendre

    On est dans une déclaration classique de lutte contre la drogue, mais la phrase “trafic illicite de drogues et leur consommation non médicale” est une accusation claire et nette contre la tendance occidentale de légaliser la marijuana et le cannabis. Le Nouveau Monde n’ira pas dans cette voie. C’est clair qu’on ne construit pas un nouveau monde avec des drogués.

    Utilisation d’armes

    Nucléaire

    « Les États membres qui sont parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires sont favorables au strict respect des dispositions du Traité, à la promotion globale et équilibrée de tous les objectifs et principes qui y sont fixés, au renforcement de la non-prolifération nucléaire mondiale. La poursuite du processus de désarmement nucléaire, ainsi que la promotion d’une coopération équitable et mutuellement bénéfique dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.

    Les États membres réaffirment que l’expansion unilatérale et illimitée des systèmes mondiaux de défense antimissile par certains pays ou groupes de pays a un impact négatif sur la sécurité et la stabilité internationales. Ils considèrent comme inacceptables les tentatives d’assurer leur propre sécurité aux dépens de la sécurité des autres États.

    Les États membres s’engagent à répondre aux défis et menaces mondiaux et régionaux en matière de sécurité par des moyens politiques et diplomatiques sur une base multilatérale et renforceront la coopération et promouvront activement le processus multilatéral de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, y compris les efforts déployés dans le cadre de la Conférence sur le désarmement.

    Ce qu’il faut comprendre

    La phrase “l’expansion unilatérale et illimitée des systèmes mondiaux de défense antimissile” est encore un doigt accusateur envers les Etats-Unis qui ont déployé ce système en Europe pour menacer la Russie. Notons également la promotion du nucléaire civile alors que l’Europe est en train de détruire cette énergie totalement décarbonée au profit de l’Allemagne. La Russie est dans une position brulante, car elle s’est engagé dans une nouvelle course à l’armement nucléaire, mais parce que les Etats-Unis ont fait de même, trahissant leurs promesses comme d’habitude.

    L’espace

    « Les États membres préconisent de maintenir l’espace extra-atmosphérique exempt d’armes de toute sorte et soulignent l’importance du strict respect du régime juridique existant, qui prévoit uniquement une utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Ils soulignent la nécessité de conclure un document international juridiquement contraignant qui renforcerait la transparence et fournirait des garanties fiables pour empêcher une course aux armements et ne pas être le premier à déployer des armes dans l’espace.

    Ce qu’il faut comprendre

    Les Etats-Unis, d’abord avec Obama, puis Trump, voulaient privatiser l’Univers et le militariser. Clairement, le Nouveau Monde n’est pas de cet avis et si on regarde les projets spatiaux de l’Inde, de la Chine ou de la Russie, ils n’ont rien de menaçant contrairement à ceux des Occidentaux.

    Chimique & Biologique

    « Les États membres soulignent l’importance de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (BTWC) en tant que l’un des piliers de l’architecture de sécurité mondiale. Ils soulignent la nécessité d’un strict respect de la BTWC, notamment par l’adoption d’un protocole à la convention qui prévoit un mécanisme de vérification efficace. Ils s’opposent à la création de tout mécanisme faisant double emploi avec les fonctions de la BTWC, y compris celles qui relèvent du mandat du Conseil de sécurité des Nations unies.

    Les États membres demandent le plein respect de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CAC) en tant qu’instrument efficace de désarmement et de non-prolifération. Ils soulignent l’importance de la destruction rapide de tous les stocks déclarés d’armes chimiques. Les États membres réaffirment leur soutien à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et plaident en faveur de décisions concertées pour combler les divisions au sein de l’Organisation, assurer son intégrité et fonctionner efficacement dans le cadre de la Convention.

    L’Asie centrale restera exempte d’armes nucléaires

    « Les États membres considèrent que l’entrée en vigueur rapide du protocole sur les garanties de sécurité à l’accord sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale pour tous les signataires deviendra une contribution significative à la sécurité régionale et au renforcement de la non-nucléarité nucléaire. régime de prolifération.

    L’Iran

    “Les États membres considèrent que la mise en œuvre durable du plan d’action global conjoint sur le programme nucléaire iranien est importante et, conformément à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, exhortent tous les participants à s’acquitter strictement de leurs obligations pour une mise en œuvre complète et efficace du document.”

    Ce qu’il faut comprendre

    Encore une gifle pour l’Occident, notamment Trump qui avait décapité l’accord nucléaire iranien sous la pression des évangélistes et du lobby juif. Même si l’accord reste sur la table, l’Iran n’est plus intéressée. En 2016, l’Iran connaissait des black-outs à cause de la débilité de Trump, aujourd’hui, elle a tellement de surplus d’électricité qu’elle le vend à ses voisins. Son ambition est de créer un marché commun de l’électricité au Moyen-Orient où elle serait l’une des pierres angulaires via des partenariats avec les principaux pays producteurs comme l’Irak, la Syrie, le Yémen ou encore l’Arabie Saoudite.

    Afghanistan

    «Les États membres estiment que l’un des facteurs les plus importants de préservation et de renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région de l’OCS est le règlement rapide de la situation en Afghanistan. Ils prônent la construction de l’Afghanistan comme un État indépendant, neutre, uni, démocratique et pacifique, exempt de terrorisme, de guerre et de drogue.

    Les États membres considèrent qu’il est essentiel d’établir un gouvernement inclusif en Afghanistan avec la participation de représentants de tous les groupes ethniques, religieux et politiques de la société afghane.

    Soulignant l’importance d’une hospitalité à long terme et d’une assistance efficace fournie aux réfugiés afghans par les pays régionaux et voisins de l’Afghanistan, les États membres considèrent importants les efforts actifs de la communauté internationale pour faciliter leur retour digne, sûr et durable dans leur patrie.

    Compte tenu de l’évolution de la situation humanitaire en Afghanistan, les États membres de l’OCS soutiennent les efforts continus pour aider le peuple afghan.

    Ce qu’il faut comprendre

    Que ce soit Modi ou l’OCS dans son ensemble, la question afghane revient systématiquement. Et en fait, l’OCS a été spécialement conçue pour corriger le merdier créé par les Occidentaux. Cependant, les Talibans contrôlent difficilement le territoire avec environ 55 % sous leur contrôle et les autres groupes, contrôlés par l’Occident, peut provoquer une guerre civile. Et tous les grands pays de l’OCS sont touchés par l’Afghanistan, le Pakistan avec sa frontière, la Chine avec sa minorité Ouighour, l’Inde avec sa frontière également. En fait, ce sera une grande victoire pour l’OCS en tant qu’alternative des Nations Unies et de l’Occident s’ils arrivent à régler le problème de l’Afghanistan.

    Réforme de l’Organisation mondiale du commerce

    « Les États membres ont appelé à une plus grande efficacité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant que plate-forme clé pour discuter de l’agenda du commerce international et adopter les règles du système commercial multilatéral. Ils soulignent la nécessité d’une mise en œuvre rapide d’une réforme inclusive de l’organisation, centrée sur les enjeux de son développement et de son adaptation aux réalités économiques modernes, ainsi que la mise en œuvre effective des fonctions de veille, de négociation et de règlement des différends.

    Les États membres affirment l’importance de poursuivre l’amélioration et la réforme de l’architecture de la gouvernance économique mondiale et préconiseront et renforceront systématiquement un système commercial multilatéral ouvert, transparent, équitable, inclusif et non discriminatoire fondé sur les principes et les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) , promouvoir le développement d’une économie mondiale ouverte, assurer un accès équitable au marché, s’opposer aux mesures protectionnistes et aux restrictions commerciales contraires aux principes de l’OMC qui minent le système commercial multilatéral et menacent l’économie mondiale.

    Ils ont souligné que l’application unilatérale de sanctions économiques autres que celles approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU est incompatible avec les principes du droit international et a un impact négatif sur les pays tiers et les relations économiques internationales.

    Ce qu’il faut comprendre

    Même si cette déclaration de l’OMC semble anodine, elle est centrale de cette déclaration de New Delhi. Voulant s’opposer au protectionnisme en apparence, l’OCS appelle à ne plus utiliser l’OMC comme une arme contre les pays hostiles aux Etats-Unis. Que ce soit la guerre commerciale de l’Amérique contre la Chine, les sanctions unilatérales contre la Russie, le Nouveau Monde en a vraiment marre qu’il soit le dindon de la farce.

    Routes de la Soie, EAEU, dédollarisation, un peu de recul indien

    “Réaffirmant leur soutien à l’initiative chinoise “Belt and Road Initiative” (BRI), la République du Kazakhstan, la République kirghize, la République islamique du Pakistan, la Fédération de Russie, la République du Tadjikistan et la République d’Ouzbékistan notent les travaux en cours pour mettre en œuvre conjointement cette projet, y compris les efforts visant à relier l’Union économique eurasienne et la BRI.

    Nous sommes favorables à la mise en œuvre d’une augmentation progressive de la part des monnaies nationales dans les règlements mutuels par les États membres intéressés.

    « Les États membres ont l’intention d’élargir et d’approfondir la coopération pour un développement socio-économique durable et d’améliorer le bien-être et le niveau de vie des populations de la région de l’OCS. Les membres intéressés considèrent qu’il est important d’assurer la mise en œuvre de la stratégie de développement économique 2030 de l’OCS, d’autres programmes et projets conjoints visant à promouvoir la coopération dans des domaines prioritaires tels que l’économie numérique, la haute technologie et l’innovation, la création de nouvelles et la modernisation des routes internationales existantes pour transport routier et ferroviaire, corridors de transport multimodal et centres logistiques, financement et investissement, sécurité énergétique et alimentaire, chaînes d’approvisionnement fiables, résilientes et diversifiées, coopération industrielle et liens interrégionaux.

    Les États membres entendent renforcer la coopération dans les domaines de l’éducation, de la science et de la technologie, de la culture, de la santé, de la gestion des catastrophes, ainsi que du tourisme, des sports et des contacts interpersonnels, notamment par le biais des femmes et des jeunes, des institutions de diplomatie publique, des centres culturels et des médias. .

    Les États membres, notant l’importance de la coopération dans le domaine de la protection de l’environnement, de la sécurité écologique et de la prévention des conséquences négatives du changement climatique, du développement de réserves naturelles spécialement protégées et de l’écotourisme, ont convenu de déclarer 2024 Année de l’environnement de l’OCS. ”

    Ce qu’il faut comprendre

    8 pays de l’OCS soutiennent les Routes de la Soie à l’exception de l’Inde. Mais surtout, l’OCS veut se connecter avec l’Union Eurasiatique pour créer un bloc de libre-échange à terme. Si on ajoute une dédollarisation progressive de toute la région, cela signifie la part du lion pour la Russie. L’Inde en profitera aussi, mais de manière indirecte.

    Confirmation de l’adhésion à part entière de l’Iran à l’OCS, la Biélorussie en route

    « Les États membres ont souligné l’importance historique de l’admission de la République islamique d’Iran à l’OCS en tant qu’État membre à part entière. Ils ont également noté l’importance de la signature du mémorandum d’obligations par la République du Bélarus pour obtenir le statut d’État membre de l’OCS.

    Salutations, présidence du Kazakhstan, carte de l’OCS

    “Les États membres ont hautement apprécié les résultats de la présidence de l’OCS par la République de l’Inde en 2022-2023, qui a contribué au développement ultérieur d’une coopération à multiples facettes et mutuellement bénéfique.

    La présidence de l’OCS pour la période à venir est confiée à la République du Kazakhstan. La prochaine réunion du Conseil des chefs d’État de l’OCS se tiendra en 2024 en République du Kazakhstan.

    New Delhi, le 04 juillet 2023

    Résumé de l’analyse et opinion finale

    Le fait que l’OCS ait réussi à produire une déclaration rapide est très encourageant pour son développement futur, d’autant plus que des lignes de tension sont apparentes entre l’Inde (hôte de l’événement) avec la Chine et le Pakistan. Cependant, bien que l’Inde ait présidé l’événement, ces différences ont été réduites au minimum.

    Cela pourrait indiquer qu’avec le temps, et aussi probablement que le précédent pari chinois, consistant à jouer l’Inde contre le Pakistan, a perdu son utilité, un sentiment d’unité collective et de progression se développe rapidement, ce qui pourrait placer ces préoccupations régionales un peu plus en arrière-plan.

    De toute évidence, les préoccupations régionales concernant l’Afghanistan sont plus importantes qu’au Cachemire, au Ladakh ou à l’Arunachal Pradesh, malgré le risque qu’elles dégénèrent en petits conflits à l’occasion lorsque les commandants chinois ou indiens ont envie d’un peu “de se dégourdir les mains et les jambes” à haute altitude.

    Cela signifie qu’un plus grand besoin de progression eurasienne a dépassé en importance les conflits souverains.

    Le sommet de l’OCS a également souligné la position de l’Inde en tant que membre du “Sud global” plutôt que de l’Occident collectif, moins de deux semaines après la rencontre du Premier ministre indien avec le président américain Joe Biden à Washington. L’Inde n’est pas simplement “assise sur la clôture”, elle a pris sa décision.

    En termes d’influence mondiale, ce qui est frappant, c’est la portée de l’OCS sur la scène mondiale. Il a appelé à une réforme de l’OMC (et auparavant, d’autres institutions mondiales) ainsi qu’à un engagement accru au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Cela sera rejeté par Washington et Bruxelles qui, il faut le dire, marchent sur une corde de plus en plus mince lorsqu’il s’agit d’être perçus comme représentant le plus grand bien mondial. Si le G7 reste un bloc puissant, il convient de rappeler que les BRICS le devancent désormais en termes de PIB mondial, de superficie mondiale et de population.

    L’OCS, quant à elle, appelle systématiquement à des alliances supplémentaires. Outre les membres à part entière qui ont signé la Déclaration de New Delhi, l’OCS comprend également l’Afghanistan et la Mongolie en tant qu’observateurs, et des partenaires de dialogue en Arménie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Biélorussie, Cambodge, Égypte, Koweït, Maldives, Myanmar, Népal, Qatar, Arabie saoudite. Arabie, Sri Lanka, Turquie et Émirats arabes unis. Les invités permanents comprennent l’ANASE et le bloc de la CEI, le Turkménistan et les Nations Unies.

    Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à propos de l’OCS juste avant le sommet de New Delhi que d’autres pays intéressés étaient les bienvenus. Étant donné que l’OCS prêche des réformes de gestion mondiales, y compris un abandon de l’unipolarité perçue des États-Unis et de l’Union européenne, on peut s’attendre à ce que cette invitation tombe sur des oreilles réceptives.

    Le G7, en revanche, comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et le Canada, avec la participation de l’Union européenne (la seule mise en garde étant qu’elle n’a pas le droit d’exercer la présidence). Pourtant, ce groupe est de plus en plus perçu comme agissant comme un bloc quasi unilatéral, organisant des initiatives mondiales, y compris des sanctions, sans référence aux institutions internationales telles que l’OMC.

    Cela laisse des pays comme la Chine, la Russie (qui a été éjectée du groupe en 2014), tout le Moyen-Orient, la grande majorité de l’Asie, y compris l’Inde, ainsi que l’Amérique centrale et latine hors du processus. Inévitablement, il y a maintenant un retour de manivelle. L’Occident n’aimera pas ça, mais l’OCS rassemble les pays exclus du G7 et il y a, selon les Nations Unies, 186 pays qui ne font pas partie de ce groupe, dans le cadre d’un collectif pour introduire le changement.

    Cette Déclaration de New Delhi est majeure, annonçant un tournant mondial irrémédiable. Cela semble même plus important que les BRICS, car ces derniers n’ont pas une organisation structurée comme l’OCS. Avec cette déclaration, on a une feuille de route très claire sur tous les domaines et l’Occident est systématiquement exclu ou plutôt, il est considéré comme une entité comme une autre. Si à une époque, rien ne pouvait se faire sans l’Occident, aujourd’hui, il est davantage considéré comme un boulet ou un parasite au choix.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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