Vers une dédollarisation de l’ASEAN
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L’ASEAN se libère du dollar américain en augmentant les transactions en monnaies locales et en améliorant la connectivité des paiements régionaux.
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Au 42e sommet de l’ASEAN, qui s’est tenu à Labuan Bajo, en Indonésie, les membres ont signé un accord visant à favoriser la connectivité des paiements régionaux et l’utilisation des transactions en monnaie locale (LCT). Ce mouvement est considéré comme la stratégie du bloc de se détourner des devises établies pour le commerce, telles que le dollar américain.
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Le dollar américain a été le roi du commerce mondial pendant des décennies. Ce n’est pas seulement parce que les États-Unis représentent la plus grande économie du monde, mais aussi parce que le pétrole et la plupart des matières premières sont cotées en dollars américains.
Cependant, depuis que la Réserve fédérale a entamé sa stratégie d’augmentation agressive des taux d’intérêt, les banques centrales des pays en développement ont été contraintes d’augmenter leurs propres taux d’intérêt pour endiguer la forte dépréciation de leurs devises.
À travers l’initiative de transactions en monnaie locale, l’ASEAN espère augmenter le commerce au sein du bloc, approfondir l’intégration financière régionale, renforcer la résilience financière et consolider les chaînes de valeur régionales. Les ministres des Finances développeront ensuite un cadre de transactions en monnaie locale de l’ASEAN pour mettre en œuvre son plan de LCT.
L’ASEAN consciente de l’impact des sanctions
Les membres de l’ASEAN sont également conscients du rôle que joue le dollar américain dans les sanctions imposées par les États-Unis. Les États-Unis et l’Union Européenne ont gelé environ 300 milliards de dollars des réserves de change russes et ont empêché ses grandes banques d’accéder au réseau SWIFT pour tenter de paralyser l’économie russe.
Par conséquent, ces sanctions ont contraint les pays de l’ASEAN à atténuer leurs risques et à diversifier leurs devises de réserve. De plus, ils sont également conscients que les États-Unis pourraient utiliser le pouvoir de leur devise pour les cibler à l’avenir.
La Chine s’est progressivement débarrassée de ses bons du Trésor américains pour ne plus détenir que 870 milliards de dollars en dette américaine, le chiffre le plus bas depuis 2010. L’Irak autorise désormais le règlement de ses échanges commerciaux avec la Chine en yuan et cette dernière, ainsi que l’Arabie saoudite, envisagent de fixer certains prix de vente de pétrole en yuan.
Les banques centrales indonésienne et sud-coréenne ont convenu d’étendre l’utilisation de leurs devises locales pour les transactions bilatérales tandis que l’Inde et les Émirats arabes unis ont finalisé un accord pour échanger leurs devises.
L’ASEAN améliore son système de paiement régional
L’ASEAN a lancé une initiative visant à améliorer son paysage de paiement régional avec le lancement du code QR universel.
Les banques centrales des Philippines, de l’Indonésie, de la Malaisie, de Singapour et de la Thaïlande ont mis en place des systèmes de paiement sans contact par code QR pour les biens et services échangés entre les pays, encourageant ainsi une plus grande inclusion financière pour les consommateurs et les PME de la région.
Cela signifie également qu’une transaction en Thaïlande via une application indonésienne sera payée grâce à un échange direct entre le rupiah et le baht, en contournant le dollar américain comme intermédiaire. Une fois les liaisons établies, les banques centrales envisageront de se connecter à d’autres clusters dans le monde. Le système de paiement numérique QR devrait être mis en œuvre parmi les membres de l’ASEAN d’ici septembre 2023.
Cette initiative encouragera une plus grande inclusion financière pour la population non bancarisée et sous-bancarisée de la région. On estime que 50 % de la population de l’Asie du Sud-Est ne dispose pas d’un accès aux services bancaires de base.
De plus, pour les PME de la région, qui représentent 99 % de toutes les entreprises, l’utilisation des systèmes de paiement QR leur permettra de saisir plus d’opportunités de marché, en plus des investissements pour les aider à monter dans la chaîne de valeur.
Cependant, malgré l’érosion lente de la domination du dollar américain, les analystes estiment que la devise ne sera pas détrônée à court terme, principalement parce qu’il n’y a pas d’alternative réelle.
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