Monnaie commune des BRICS : Ce n’est pas pour tout de suite

Selon Leslie Maasdorp, vice président et directeur financier de la Nouvelle Banque de Développement des BRICS, la monnaie commune n’est pas encore à l’ordre du jour. De nombreuses rumeurs pointent sur le fait que pendant la prochaine réunion des BRICS en aout 2023, les Etats membres vont annoncer une monnaie commune basée sur l’or pour détroner le dollar. Dans l’état actuel des choses, c’est davantage un fantasme qu’autre chose. Mais il est clair que les paiements en monnaies nationales vont s’accélérer.

Les BRICS et les coups de poing impériaux

Les BRICS sont la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique du Sud et le Brésil, mais vous avez une pléthore de pays qui veulent le rejoindre. On peut citer l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Algérie, l’Ethiopie, l’Argentine, etc. En fait, vous prenez tous les pays qui ont été exploités et détruits par l’Occident et vous avez un club de 90 % de l’humanité qui veut faire la peau au milliard doré.

Pour avoir un club qui soit invulnérable à l’Occident, il faut se protéger de ses différents coups de poing qui sont monétaires, militaires ou économiques. Comme toute logique impériale qui se respecte, plus vous voulez foutre votre poing sur la gueule à un pays à l’autre bout du monde, plus cela vous demande des efforts et donc, plus cela vous vide de votre propre sang. L’Amérique dont la pauvreté n’a rien à envier aux pires régions de l’Afrique est là pour le prouver.

Pour se protéger de son poing militaire, la Chine et la Russie ont développé des boucliers qui, pour le moment, surpassent les armes occidentaux. C’est la raison principale pour laquelle la Syrie n’ait pas subi le sort de la Libye. Et ce n’est pas tombé dans l’oreille de sourds, car cela explique la rébellion de l’Arabie Saoudite de Ben Salman, mais aussi de l’Iran. Même si on souhaite bonne chance à ceux qui voudraient combattre les iraniens !

Se passer économiquement de l’Occident

Le point militaire américain a été contré, il reste le poing économique et monétaire. Sur le plan économique, le monde est assez grand pour se passer de l’Occident. La preuve en est le développement des Routes de la Soie, mais aussi de l’INSTC. Les BRICS possèdent l’énergie, les ressources agricoles et l’industrie de la planète. Tout le monde a besoin d’eux, mais le contraire n’est pas forcément vrai.

Une monnaie des BRICS n’est pas simplement de l’arithmétique

Il reste le poing monétaire qui est le plus épineux. De ce fait, on pourrait penser que combiner les monnaies des BRICS, nouveaux et anciens membres, suffirait à détroner le dollar. Mais ce n’est pas juste de l’arithmétique. Il est évident que dans leurs pensées, les BRICS veulent de nouveaux instruments d’échanges qui ne soient pas uniquement monétaires pour éviter le syndrome de la planche à billet, principal moyen de subsistance des pays occidentaux.

Il faut ajouter le poids économique et donc, les ressources naturelles des BRICS qui serviraient comme des fonds de garantie à cette nouvelle monnaie. Et si on prend l’exemple de l’or, la Russie et la Chine prendraient la part du lion. Si vous ajoutez le pétrole, le gaz et les ressources agricoles, alors la Russie représenterait 90 % de la valeur monétaire des BRICS et cela lui donnerait un pouvoir beaucoup trop puissant pour son bien et celui des autres membres. Les BRICS ou la Coopération de Shanghai tiennent uniquement la route par le principe d’airain que tous les pays soient strictement égaux sur tous les plans.

Pas besoin de remplacer le dollar

Le dollar n’est pas une monnaie comme les autres, mais une monnaie-monde. C’est un statut unique dans l’histoire du monde et il est quasi impossible de la remplacer, mais surtout la question est si on veut la remplacer. Le dollar est un instrument impérial, le plus puissant de tous et donc, la solution est de ne surtout pas créer une nouvelle monnaie similaire, car vous aurez les mêmes effets nocifs.

Car l’aspect fondamental à comprendre est que vous n’avez pas besoin d’une nouvelle monnaie commune des BRICS pour détruire le dollar. Il suffit de passer aux monnaies nationales avec des paiements bilatéraux et c’est terminé. Car en plus d’être une monnaie, le dollar est combiné au système SWIFT qui permet aux américains de militariser le système financier international. Et qu’est-ce qu’on voit depuis février 2022 ? Une accélération du système SPFS russe et du CPIS chinois. Et c’est ça la clé pour détruire le dollar.

Si vous utilisez des systèmes qui sont totalement hors de contrôle des américains, alors ils ne peuvent rien faire contre vous. Et c’est ce qui est en train de se passer. On voit depuis plusieurs mois que les statistiques fournies par les Occidentaux sur les BRICS sont totalement fausses. Les transactions monétaires sont 10 fois inférieures au volume des marchandises échangées et cela signifie que dès maintenant, les Occidentaux ne voient qu’une petite partie de ces transactions et ils sont aveugles au reste. Si on ne peut pas voir son ennemi, alors on a déjà perdu.

Le cas d’école de l’Inde et de la Russie

Mais même les paiements bilatéraux se heurtent au concept moral du statut du monnaie. La définition la plus simple d’une monnaie est qu’elle permet d’acheter quelque chose. C’est tout. Et le cas d’école est ce qui s’est passé entre l’Inde et la Russie. Après le début de la guerre, l’Inde a pris position pour défendre ses intérêts. Quelques semaines plus tard, un paiement bilatéral a été mis en place entre la roupie et le rouble sur les produits non énergétiques. Mais comme l’Inde était assoiffée du pétrole russe bon marché, alors ils ont décidé de faire tapis et de passer tous les paiements en monnaies nationales.

Quelques mois plus tard, la Russie a fait marche arrière et les paiements sont revenus temporairement au dollar. Pourquoi ? Parce que les entreprises russes se sont retrouvés avec des tonnes de roupies dont ils ne savaient plus quoi en foutre. Cela ne signifie pas que la roupie est une monnaie faible, au contraire, mais ce n’est pas une monnaie internationale, à la limite, c’est une monnaie exotique. Elle a de la valeur dans son territoire et les pays avoisinants comme le Pakistan, le Bangladesh ou encore le Sri Lanka.

Les russes ont fait beaucoup d’investissements en Inde avec ces roupies, mais il y a des limites. Ainsi, la plus grande raffinerie de pétrole du pays qui se trouve dans le Gujrat (crée par Modi à l’époque où il était gouverneur de cet Etat), appartient à Rosneft à hauteur de 49 %. Cela signifie quand du pétrole raffiné russe estampillé Made in India est acheté par ces débiles d’européens, la Russie se remplit les poches.

Cependant, l’Inde ne peut pas tout accepter et elle ne peut pas laisser la Russie, avoir des parts de lion dans des secteurs qu’elle considère comme étant stratégiques. Et donc, on en revient au principe de bon sens d’une monnaie : Sa valeur se définit surtout par sa capacité à acheter des trucs, tout le reste est de la merde. Mais le passage au dollar n’a été que temporaire, car désormais, l’Inde utilise le Yuan, le Dirham émirati ou le rouble pour acheter son pétrole. Le résultat est que l’Inde et la Russie ont réussi à se dédollariser sans avoir eu besoin d’une nouvelle monnaie des BRICS.

Une monnaie sur l’or est le pire des remèdes

Mais les difficultés persisteront dans ces paiements bilatéraux. Quel est le lien entre l’Argentine, candidat des BRICS avec l’Afrique du Sud pour que les monnaies de ces deux pays soient compatibles ? Comme les BRICS sont des pays très disparates géographiquement et différents sur le plan économique, peut-être que dans le futur, un panier de devises comprenant leurs monnaies respectives, mais aussi leurs ressources naturelles et industrielles verra le jour. Cependant, une nouvelle monnaie basée sur l’or tient du fantasme.

Quand j’étais enfant, je subissais régulièrement des poussées de fièvre carabinée. Un jour, c’est devenu vraiment grave où elle a dépassé les 50 degrés. On m’a emmené chez le médecin qui a sorti un remède de cheval, une injection de quinine. Dans mon corps chaud comme les braises de l’enfer, j’ai senti qu’à peine, la quinine entrait dans mon corps, j’ai subi un refroidissant polaire instantané. L’or fait la même chose à un système économique. C’est un actif qui est déflationniste “as fuck” comme dirait l’autre. Il créerait instantanément de la déflation et un ralentissement extrême de l’économie par la rareté même de l’or. On dépense 1000 euros sans réfléchir, mais on réfléchit énormément avant de dépenser 100 grammes d’or.

Maintenant, si vous injectez cette quinine à petites doses, par exemple, en ayant 1 ou 2 % d’or par rapport à votre monnaie nationale, alors cela donne du corps à cette monnaie et éviter qu’elle passe pour un vulgaire PQ. Le découplage monétaire des BRICS est en marche depuis plusieurs mois que ce soit avec les BRICS qui deviennent populaires, mais aussi la Coopération de Shanghai qui se structure de plus en plus avec la Déclaration de New Delhi par exemple.

Pourquoi se faire chier à créer une nouvelle monnaie commune des BRICS avec le risque que les mêmes problèmes que le dollar nous tombe dessus alors qu’il faut simplement développer des paiements bilatéraux avec des systèmes alternatifs au SWIFT ? C’est beaucoup plus redoutable et efficace pour détroner le dollar comme monnaie-monde.

Mais la disparition du dollar est impossible, car 75 % des dollars en circulation se trouvent aux Etats-Unis. C’est à eux de choisir s’ils veulent rester un empire mort ou une nation comme les autres. La voie impériale les mènera à une exsanguination incurable. Quand à l’Euro, il est déjà mort et enterré depuis le 25 février 2022…

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