Qatar : Les esclaves du ballon rond


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  • Des pays de l’Asie du sud comme le Népal ont payé le prix fort en termes d’esclaves et de morts pour construire les stades de ce merveilleux pays du football.


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    Des pays de l'Asie du sud comme le Népal ont payé le prix fort en termes d'esclaves et de morts pour construire les stades de ce merveilleux pays du football.

    Il est clair que le 20 novembre 2022, Renuka, la veuve de Tej Narayan Tharu, un népalais de 24 ans mort en construisant un stade du Qatar ne verra pas le match d’ouverture comme tous les débiles décérébrés au stade ou les millions devant leur télé. Et pourtant, Renuka peut se satisfaire, car le Qatar a payé 55 000 dollars comme dommages et intérêts pour la “mort accidentelle” de son mari. La cause de la mort indique plusieurs traumatismes à cause d’une chute en hauteur.

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    Tej Narayan Tharu et 1700 autres comme lui, font partie de ces victimes que le Népal a dû payer comme tribut humain pour que le Qatar puisse se payer sa belle Coupe du monde. Le Népal comme d’autres pays de l’Asie du Sud sont les principaux fournisseurs des esclaves de la main d’oeuvre bon marché qui alimentent les projets pharaoniques des pays du Golf Persique. Plus de 400 000 népalais travaillent au Qatar et les transferts d’argent à leurs familles font que les gouvernements locaux ferment leur gueule de peur de froisser ces champions des droits de l’homme et des conditions de travail décent.

    Vu comment le Qatar traite les autres victimes de chutes inopinées, Renuka peut sourire. Ainsi, on ne peut pas dire la même chose de Nirmala Pakhrin, une autre veuve éplorée, qui a a perdu son mari de 27 ans à cause d’une mort provoquée par des troubles cardio-respiratoires pendant qu’il travaillait sur un échafaudage. Comme dommages et intérêts, elle a reçu 7000 rials qataris, soit environ 1 800 dollars. 1 800 dollars, c’est le prix d’une vie humaine selon les qataris. Le pays a justifié cette merde sur le fait que le mari de Pakhrin avait travaillé moins de 12 mois au pays et qu’il ne bénéficiait pas de la même largesse.

    On pourrait que dire que même 55 000 dollars pour la vie d’un homme, c’est ridicule. Cependant, on parle ici de pays très pauvres et ces petits 55 000 dollars ont permis à Renaka de payer ses dettes et d’inscrire sa fille dans une école privée. On estime que de 2010 à 2017, plus de 15 000 personnes sont mortes dans des conditions épouvantables au Qatar. Souvent, les médecins sur place, corrompus jusqu’à l’extrême, concluent à une mort naturelle, mais sans chercher à savoir les conditions de travail entourant la mort.

    Ainsi, beaucoup de victimes n’ont jamais été dédommagés, car ils sont morts d’une crise cardiaque. Et le Qatar estime qu’il n’a rien à se reprocher face aux antécédents médicaux de ses travailleurs. Cependant, les autorités oublient que leur pays est aussi celui des chaleurs extrêmes et il y a une causalité parfaite entre les troubles cardiaques et l’exposition aux grandes chaleurs.

    On peut se poser des questions, comment un pays aussi insignifiant que le Qatar a pu tuer 15 000 personnes en 7 ans et s’en tirer à bon compte ? Il y a plusieurs raisons et elles sont toutes liées aux montagnes de fric, balancés par le royaume. Il est difficile de parler quand on a la bouche pleine de dollars. Le premier problème est le Kafala, un droit musulman de l’adoption qui est exploité par les employeurs qataris pour maximiser le rendement de leurs employés, mais sans aucune responsabilité. A la base, le Kafala est une adoption sans filiation. Une famille peut recueillir un mineur pour l’éduquer et l’élever, mais l’enfant garde sa filiation d’origine avec ses parents.

    Dans le cas du Qatar, ils ont utilisé le Kafala comme une mécanique abjecte du néolibéralisme. Ainsi, les travailleurs sont pris en charge par l’employeur et celui-ci a quasiment un droit de vie et de mort sur eux. Hébergement dans des conditions négrières, confiscation du passeport, harcèlement, violences verbales et physiques, on peut dire que les employeurs qataris ont parfaitement respectés les coutumes de leurs ancêtres. Même si bon nombre de ces employeurs sont des occidentaux.

    Le Qatar sait qu’il ne craint rien, il est face à des pays de l’Asie du Sud qui n’ont aucun poids sur la scène internationale. De plus, le royaume les fait se battre les uns contre les autres pour faire baisser les salaires et fermer les yeux sur les abus. Si ces pays devenaient collectifs, l’union permettrait d’augmenter les salaires et d’exiger des conditions de travail plus décentes.

    Mais pour les gouvernements locaux, le sort de leurs propres migrants leur est indifférent. D’une part, ils ne veulent pas froisser les pays du golf et leur manne financière et d’autre part, ces migrants ne peuvent pas voter quand ils sont à l’étranger. Le résultat est qu’ils n’ont aucun poids électoral ou lobbying pour faire pression sur les politiciens locaux.

    On peut se demander aussi ce qui motive les migrants alors que les histoires d’horreur se multiplient sur les conditions de travail dans les pays du golf. L’Asie du Sud se caractérise par une forte démographie, une absence d’industries et des emplois locaux rachitiques. Et il suffit qu’ils entendent une Success Storie d’un mec qui est devenu riche en allant à Dubai ou Doha pour que cela attire plein de candidats.

    Si le Qatar rechigne à payer 1800 dollars à un mec qui est mort en construisant un de leurs stades, cela ne l’empêche pas de balancer des milliards de dollars en relations publiques. Depuis 2019, c’est plus de 2,4 milliards de dollars qui ont été investi par le royaume pour payer des influenceurs, des stars du foot, des politiciens, des journalistes pour qu’ils disent du bien du Qatar. La même chose pour la FIFA qui est quand même la principale responsable sur comment les stades sont construits.

    Mais que ce soit Sepp Blatter ou Gianni Infantino, les présidents de la FIFA sont surtout préoccupés par le profit et ce que cela va leur rapporter en termes de droits TV. Car on parle du Qatar, mais on a eu la même merde à la Coupe du monde au Brésil où des bidonvilles ont été rasés et des milliers de personnes expulsées pour construire des stades. Mais quand on voit que la FIFA cache et protège des pédophilies et des violeurs au sein de différentes fédérations dans le monde, la traite négrière fait pâle figure à coté.

    En plus d’être des négriers, les qataris sont aussi des lâches. Car maintenant que le monde voit le sang qui coule dans leurs stades de merde, ils sont passés à la déportation. Plus les travailleurs se font entendre à l’international et plus le Qatar exerce sa maltraitance pour les empêcher de parler. Des centaines de travailleurs ont été déportés depuis juillet 2022 pour des motifs tels que le Covid, de la tracasserie administrative et autres prétextes fallacieux. Parfois, on les parque de force dans des bus pour les ramener dans leurs pays.

    Maintenant que les stades sont construits, il faut effacer les traces…

    Cet esclavagisme moderne concerne tous les pays du golf, car ce sont des nations vides sans aucune main d’oeuvre qualifiée. Et les dirigeants du golf sont pris d’une frénésie de projets tout aussi cons les uns que les autres. On peut citer The Line ou NEOM de l’Arabie Saoudite ou les nouvelles îles artificielles à Dubai, tous ces projets seront construits par des népalais, des bengalis, des malaisiens et autre chair humaine bon marché qui semble inépuisable pour satisfaire les caprices de Néron modernes de pacotille.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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