Qui peut remplacer la Chine ?

Il y a quelques semaines, une usine de Foxconn dans la région de Zhengzhou, a fait la une des médias. Plus de 1000 cas de Covid ont été détecté et l’usine a décrété une fermeture partielle et un confinement strict de ses employés. Foxconn produit plus de 70 % des iPhones dans le monde et la moindre secousse à cette entreprise, crée des tsunamis de pénuries et de doutes boursiers dans le monde.

L’usine de Foxconn à Zhengzhou est un spectacle en soi, c’est une véritable ville où 350 000 personnes vivent dans une superficie de 10 km carrés. Même en temps normal, c’est l’une des “villes” les plus surveillées, des caméras de surveillance tous les mètres, scanners d’empreinte et de rétine, contrôle régulier des employés. Comme Apple prétend offrir les meilleurs téléphones au monde, le concept de fuite est intolérable et chaque aspect est surveillé.

Et Foxconn symbolise aussi pourquoi on appelle la Chine comme “l’usine” plutôt que l’atelier du monde. Si vous pensez à des milliers d’ouvriers qui assemblent des composants de téléphone dans un mouvement automate, alors vous vous trompez lourdement. Foxconn est l’exemple parfait de l’usine moderne, de la robotique partout, de l’intelligence artificielle pour optimiser les processus, mais la véritable richesse de Foxconn et de la Chine concerne sa main d’oeuvre extrêmement qualifiée.

Apple conçoit ses iPhones, ses iPad et ses autres gadgets avec une extrême minutie. Chaque composant, chaque ligne, chaque couleur doit être sa place et chaque iPhone est esthétiquement et conceptuellement parfait. Ce qui fait qu’il faut produire massivement une ingénierie de précision. Quand un nouveau iPhone est lancé, les ingénieurs d’Apple vont travailler avec Foxconn pour garantir que leur vision du téléphone soit retranscrit dans le produit final.

Il faut expérimenter et innover sans cesse. Et cela nécessite une compétence qui s’acquiert au fil des années. On estime que pour une ingénierie de précision comme celle d’Apple, il faut 5 à 10 ans de formation en continu. Mais ce n’est pas que Foxconn, car la Chine a créé un vaste réseau d’entreprises, petites et moyennes, qui vont alimenter les grosses usines. Ainsi, Foxconn possède plus de 350 entreprises sous-traitantes qui vont déléguer certaines tâches à leur tour. Cela crée une division internationale du travail la plus complexe jamais créé. Car les entreprises chinoises ont désormais des sous-traitants au Vietnam, en Inde, au Mexique ou en Malaisie.

Quand la Chine se ferme à cause du Covid, alors les idiots crient qu’il faut aller en Inde ou en ailleurs. Même en rêve, ce n’est pas possible. Il faudra 20 à 25 ans à l’Inde pour se hisser au niveau des chinois. Car la formation de la main d’oeuvre chinoise est assurée par les dizaines d’universités et d’écoles qui apparaissent chaque année et qui sont financés par l’Etat. Ce n’est pas pour rien qu’en 2021, la Chine a décapité le secteur de l’éducation privée, car elle ne voulait pas que le premier de la classe se base sur la taille du portefeuille parental. L’Inde a entièrement privatisé son secteur éducatif avec des inégalités gigantesques entre chaque province.

La division du travail en Chine reste aussi endogène que possible. Elle sous-traite au Vietnam, mais elle a toujours ses propres producteurs sur place. Ainsi, les 350 sous-traitants de Foxconn alimentent aussi des entreprises comme ZTE, Skyworth ou Oppo. Zhengzhou est le fer de lance de la production chinoise. Le numéro 1 en termes d’exportations chinoises, de recrutements et d’investissements. Mais plus un produit est complexe et plus longue est la chaine de production. Une longue chaine de production implique une vulnérabilité aux chocs externes comme une épidémie, des inondations, des séismes, etc.

Le paradoxe est qu’une chaine de production complexe peut être très efficace et abordable, mais recèle une faiblesse en natif dans le sens où le moindre choc peut tout faire écrouler comme des dominos. Le Covid est une épine insoluble pour la Chine. Le gouvernement a décidé de combattre le virus jusqu’à la dernière particule et le dernier congrès du Parti Communiste ne montre pas de changement. Et pour contenir cette épidémie, il faut arrêter la production et donc comment concilier une production en continu de l’usine du monde tout en combattant le virus ?

Et on ne peut redémarrer la production comme si on ouvrait et fermait un robinet. On l’a vu avec les confinements mondiaux stupides de 2020, car même en 2022, certains pays n’arrivent pas à redémarrer. L’arrêt et le redémarrage de la production ressemble à un atterrissage forcé d’un avion. Sans doute qu’il peut repartir, mais il faut tout réparer et tout vérifier sinon l’avion va se crasher de nouveau.

Ce cycle de confinements commence à peser très lourd sur le moral des chinois. Autrefois, l’avenir était radieux avec une consommation qui crevait le plafond. Aujourd’hui, le peuple chinois doute de son avenir ce qui fait qu’il consomme moins et cela crée un cercle vicieux, car la consommation intérieure est le principal moteur de l’économie chinoise. Si les chaines de production comme Foxconn se prennent des coups de boutoir à répétition, alors la chaine de production et la main d’oeuvre disparaitra pour de nouveau. Et il faudra 20 à 25 ans pour que le Vietnam ou l’Inde puissent prendre le relais et cela dépend aussi si les dirigeants de ces pays n’ont pas un autre agenda que de devenir l’usine du monde pour engraisser les occidentaux.

Pour l’Occident, l’arrêt de la Chine signifie leur arrêt de mort. Sans le dragon, les pénuries vont se généraliser en Occident, créant des cycles inflationnistes sans fin et si l’Inde n’arrive pas à industrialiser son pays au niveau de la Chine alors qu’elle a un bonus énergétique et que son bonus démographique est intact, alors il ne faut pas compter sur l’Occident qui est actuellement une maison de retraite à l’intérieur d’un asile psychiatrique et qui jouxte un cimetière de plus en plus en imposant.

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