Russie et Venezuela main dans la main, un camouflet de plus pour l’Amérique
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Le Venezuela est un allié clé de la Russie en Amérique latine et possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. Les deux pays ont récemment décidé d’élargir leur coopération dans plusieurs domaines, dont l’extraction pétrolière, l’agriculture, la santé et les technologies de pointe.
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Le ministre russe des Affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue vénézuélien à Caracas, où les deux parties se sont engagées à intensifier leur coopération économique.
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« Nous avons convenu de prendre des mesures concrètes pour élargir la coopération commerciale et d’investissement ainsi que les contacts entre les communautés d’affaires. Nous prévoyons de nombreux projets dans les domaines de la production pétrolière, du développement de champs gaziers, de l’agriculture, de la santé, de la pharmacie, des communications, de l’espace et des hautes technologies », a déclaré Lavrov lors d’une conférence de presse.
Les échanges commerciaux bilatéraux sont actuellement d’environ 130 millions de dollars, mais pourraient atteindre des milliards grâce à des liens énergétiques renforcés. La Russie exporte des céréales, des produits électriques et de la viande au Venezuela, tandis que le Venezuela exporte des produits optiques, des boissons et des fruits.
Lavrov a également discuté de la mise à jour du traité d’investissement bilatéral Russie-Venezuela, qui remonte à 2008, et qui établit les bases juridiques et fiscales pour le commerce et l’investissement bilatéraux. Ces accords sont également la base sur laquelle peuvent être basés d’éventuels accords de libre-échange.
Sommaire
Le potentiel énergétique du Venezuela
Le Venezuela détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, mais sa matière première est très lourde selon les normes internationales, et beaucoup d’entre elles doivent être traitées par des raffineries spécialisées nationales et internationales. Dans ce contexte, alors que les États-Unis sont empêtrés dans des différends politiques et des sanctions avec Caracas, la Russie peut jouer un rôle clé en matière de production et de raffinage.
Les entreprises russes sont prêtes à développer la production de pétrole et de raffinage au Venezuela via des co-entreprises, a déclaré le PDG de la PDVSA, Asdrubal Chavez, à l’issue d’une réunion de la Commission intergouvernementale russo-vénézuélienne en décembre 2022. Chavez a souligné l’importance de la coopération dans tous les domaines de la chaîne de valeur des hydrocarbures.
“Nous avons convenu de mettre en place un groupe de travail respectif afin de développer cinq co-entreprises entre la Russie et le Venezuela. Je tiens à remercier la Russie pour la présence de ces cinq nouvelles entreprises, qui ont exprimé leur volonté de nous soutenir dans la reprise ultérieure de la production et de la transformation du pétrole. Les entreprises publiques sont intéressées par l’ensemble du processus de production et de raffinage du pétrole“, a déclaré Chavez.
Le Venezuela est membre de l’OPEP, le cartel mondial qui fixe les prix de l’énergie et coordonne la production.
Sur l’agriculture
L’agriculture est un domaine dans lequel la Russie et le Venezuela ont récemment signé un accord de fourniture de produits agricoles lors d’une réunion de la Commission intergouvernementale russo-vénézuélienne en novembre 2022. En effet, la Russie a ouvert son marché à sept exportateurs de poisson vénézuéliens en novembre 2022, a déclaré le co-président de la Commission et vice-premier ministre russe, Alexander Novak.
“Beaucoup de choses seront faites dans ce domaine en 2023. Plus de 50 fabricants russes et plus de 40 producteurs vénézuéliens de viande, de poisson et de produits laitiers sont intéressés à devenir des fournisseurs“, a-t-il ajouté.
Novak a déclaré que les deux parties sont en train de mettre à jour un accord commercial sur l’exportation et l’importation de boeuf, de crevettes, de fruits de mer, de soja, de sorgho, de café et de cacao et cherchent à élargir la gamme de produits vénézuéliens “sur la table russe”.
La fourniture d’engrais pour l’agriculture vénézuélienne a également augmenté, a déclaré Novak. “Les expéditions ont augmenté de 12 % en glissement annuel en 2022“.
Le ministre de l’Agriculture vénézuélien, Wilmar Castro, a remercié la Russie pour sa certification de cinq entreprises vénézuéliennes de crevettes et a noté que le Venezuela avait certifié neuf fabricants de viande russes. “Les entreprises commenceront bientôt à faire des livraisons”, a déclaré Castro.
Selon lui, il existe un potentiel pour la fourniture de mangue, de banane, de pastèque, d’ananas, de melon, de fruits de la passion, de café et de cacao pour la Russie. Le Venezuela a également demandé des fournitures de tournesol et de légumineuses. Selon Castro, le Venezuela est un fournisseur de crevettes, de crabes et d’autres types de fruits de mer.
Coopération pharmaceutique entre la Russie et le Venezuela
La Russie et le Venezuela renforcent leur coopération dans le domaine de la pharmacie. Selon Novak, onze médicaments et vaccins russes ont été enregistrés au Venezuela au cours des derniers mois. « Nous sommes prêts à fournir des médicaments russes contre le cancer. Un total de 1,5 million de doses de vaccin contre la grippe ont été livrées après le Nouvel An » a-t-il déclaré.
La modernisation de la production d’insuline au Venezuela avec la technologie russe est un projet phare, a déclaré Novak. « Cela créera plus de 570 emplois hautement qualifiés. La production commencera en 2024. Nous travaillons ensemble sur un centre commun pour la recherche et la prévention des maladies infectieuses au Venezuela. »
Secteur des technologies de l’information
Les entreprises russes de haute technologie s’intéressent vivement au marché vénézuélien, a déclaré Novak. « Nos entreprises sont prêtes à offrir des solutions pour les télécommunications, la protection des infrastructures d’information critiques et la numérisation urbaine. Nous encourageons la création de la sous-commission respective. »
Glonass au Venezuela
La Russie et le Venezuela ont signé un accord pour le déploiement d’une station de mesure Glonass à Caracas. L’entente a été conclue en marge d’une rencontre de la Commission intergouvernementale russo-vénézuélienne. Yuri Roi, directeur général de High Precision Instrument Systems (HPIS), entreprise de production et de recherche appartenant au groupe étatique russe Rostec, et Adolfo Jose Godoy Pernia, chef de l’Agence bolivarienne des activités spatiales, ont apposé leur signature sur le document.
HPIS se concentre sur les systèmes de haute précision et les armements pour la zone tactique de combat.
Les stations de mesure fournissent une navigation de précision grâce à la technologie de positionnement de point précis, qui surveille en permanence les signaux des satellites des systèmes de navigation satellite mondiaux Glonass, GPS, Galileo et Beidou pour mesurer les paramètres de navigation courants en temps réel.
Dans le cadre du déploiement de ces stations de mesure, Roscosmos s’est également entretenu avec l’Argentine. D’autres stations similaires pourraient bientôt être établies dans d’autres pays sud-américains, notamment le Brésil et le Paraguay.
Sur le développement numérique
La banque russo-vénézuélienne Evrofinance Mosnarbank et la Superintendance nationale des cryptoactifs et des activités connexes (Sunacrip) du Venezuela ont signé un accord de développement numérique en décembre dernier en marge de la Commission intergouvernementale russo-vénézuélienne.
Le PDG de la banque, Sergei Yarosh, et le chef de Sunacrip, Joselit Ramirez, ont apposé leur signature sur le document. Rostec, qui détient 52 % de Mosnarbank, a annoncé en novembre 2022 la création d’un ensemble d’instruments financiers numériques pour faciliter la gestion des transactions transfrontalières entre la Russie, le Venezuela et d’autres parties concernées.
Parmi ces produits, une plateforme numérique pour la recherche d’investisseurs et de partenaires commerciaux. Fonden Venezuelan Development Fund détient les 48 % restants de parts de la banque. Ce fonds a été sanctionné par les États-Unis en mars 2019 en raison de sa relation avec la société pétrolière nationale PDVSA du Venezuela. Cet accord permet à la Russie et au Venezuela de mener des échanges commerciaux sans recourir au dollar américain ou aux réseaux bancaires.
Le secteur bancaire
Les autorités de Moscou et de Caracas travaillent main dans la main pour mettre en place une connexion entre le Venezuela et le système de paiement Mir, ainsi que l’utilisation de la carte respective dans le pays sud-américain. C’est ce qu’a annoncé Sergey Melik-Bagdasarov, ambassadeur de Russie au Venezuela.
Cette initiative témoigne de l’importance croissante accordée aux relations économiques et géopolitiques entre ces deux pays. Selon le diplomate, “la possibilité d’utiliser la carte Mir au Venezuela serait particulièrement utile pour le secteur du tourisme”. Si des progrès en ce sens sont en cours de développement, des dates précises ne sont pas encore évoquées.
Conclusion
Une activité frénétique s’est emparée de la Russie alors qu’elle cherche de nouveaux alliés économiques dans sa lutte contre les sanctions occidentales. Malgré ces dernières, la Russie a noué des partenariats mondiaux importants avec des pays tels que le Venezuela, l’Iran et la Chine, qui sont tous soumis à des sanctions.
Ces partenariats sont particulièrement importants en raison des réserves d’énergie du Venezuela et de l’Iran. Les États-Unis regardent avec inquiétude la coopération des deux pays dans le domaine des satellites, qui pourrait avoir des implications militaires. Le fait que la Russie travaille déjà avec les GPS de l’UE et des États-Unis ainsi que le Beidou chinois soulève la question de savoir si la navigation mondiale pourrait être divisée en deux unités distinctes.
De plus, la Russie et le Venezuela ont commencé à travailler sur une solution de financement pour faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays en dehors du système bancaire occidental. Cela pourrait se traduire par des swaps de devises bilatéraux et l’adoption du rouble en tant que monnaie leader.
Cette initiative est également un avant-goût de l’utilisation de la carte MIR pour les échanges commerciaux futurs, en particulier si la Russie parvient à créer une alternative à SWIFT grâce à son système SPFS.
La carte MIR pourrait également permettre de développer le tourisme russe en Amérique latine. En effet, la Russie a récemment introduit des vols directs entre Moscou et Cuba, un signe supplémentaire de son intérêt pour l’Amérique latine, qui est clairement mentionné dans la politique étrangère russe de 2023.
Les réserves de pétrole de l’Amérique latine sont d’une importance stratégique pour la Russie. Celles-ci seront acheminées vers les marchés asiatiques, africains et latino-américains plutôt que les marchés européens ou américains. Le ministre des Affaires étrangères Lavrov prévoit de rencontrer son homologue cubain prochainement, ce qui permettra sans doute d’en savoir plus sur les projets de la Russie en Amérique latine.
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