Nuland au Niger : entre pressions, menaces et diplomatie

Victoria Nuland, la numéro deux de la diplomatie américaine, s’est rendue au Niger pour discuter avec les auteurs du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum le mois dernier. Son voyage a révélé des informations intéressantes sur la situation politique du pays et les intérêts des États-Unis dans la région.

Nuland, qui a joué un rôle clé dans la révolution du Maidan en 2014, a rencontré le général Abdoulaye Barmou, le nouveau chef de la défense, et trois colonels qui le soutiennent. Elle a également parlé au téléphone avec Bazoum, qui est détenu par les militaires, mais n’a pas pu le voir ni rencontrer le président intérimaire, le général Abdourahamane Tchiani. Elle a qualifié ses discussions de “franches et parfois très difficiles”.

L’objectif de Nuland était de pousser à une solution négociée pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, conformément à la position de la CEDEAO, l’organisation régionale soutenue par l’OTAN et la France, qui a menacé d’intervenir militairement si le coup d’État n’était pas annulé. Elle a également rencontré des représentants de la société civile nigérienne, dont des journalistes, des activistes démocratiques et des militants des droits de l’homme, ce qui pourrait laisser présager un soutien américain à d’éventuelles révolutions de couleur contre les autorités militaires.

Nuland a cependant reconnu que les militaires nigériens avaient “leurs propres idées sur la façon de procéder” et que “leurs idées ne sont pas conformes à la constitution”. Elle a dit espérer qu’ils garderaient la porte ouverte à la diplomatie et qu’ils tiendraient compte des options qu’elle leur avait proposées. Elle a également souligné que les relations entre les États-Unis et le Niger seraient difficiles si les militaires persistaient dans leur voie.

Un fait surprenant est que le général Barmou était un partenaire étroit du Pentagone depuis des années, ayant travaillé en étroite collaboration avec les forces spéciales américaines. Il a néanmoins participé au coup d’État contre Bazoum, un dirigeant soutenu par les États-Unis, et n’a pas fait marche arrière malgré les pressions de Nuland. Cela montre que les programmes militaires américains à l’étranger ne garantissent pas toujours la loyauté de leurs alliés locaux.

Enfin, Nuland a abordé la question de Wagner et de la Russie, deux acteurs qui suscitent l’inquiétude des États-Unis en Afrique. Nuland a affirmé avoir mis en garde les militaires nigériens contre les risques que Wagner représente pour leur souveraineté et leur sécurité (ce qui est le comble de l’hypocrisie). Elle a toutefois donné des réponses contradictoires sur le fait de savoir si les militaires nigériens envisageaient ou non de faire appel aux services de Wagner.