La Russie contourne le canal de Suez et envoie un train de fret en Arabie saoudite

Un train de fret en transit en provenance de Russie avec 36 conteneurs a traversé le corridor de transport iranien pour se rendre en Arabie saoudite, selon Miad Salehi, le chef des chemins de fer iraniens. Le train est arrivé dimanche (27 août).

Salehi a déclaré qu’il s’agissait de la première fois qu’un cargo en transit de Russie passait par la frontière ferroviaire iranienne d’Incheh Borun, près du Turkménistan. Il a été acheminé vers la ville portuaire de Bandar Abbas, sur le détroit d’Ormuz, et a été transféré de là à Djeddah, la plus grande ville portuaire d’Arabie saoudite. C’est la première fois que la Russie envoie un train aussi loin au sud en utilisant le corridor de transport Nord-Sud et marque l’émergence de nouvelles chaînes d’approvisionnement régionales reliant directement la Russie au Moyen-Orient.

Le train a quitté la gare de fret de Tcheliabinsk, en Russie, le 21 juin, et a transité par le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Iran. L’itinéraire réduit les délais de livraison de plusieurs jours et est moins coûteux que l’alternative maritime et du canal de Suez. Il permet également l’exportation de marchandises russes vers l’Arabie saoudite en réduisant les droits de douane à presque la moitié des montants habituels.

Hojatollah Abdolmaleki, secrétaire du Conseil suprême des zones économiques libres d’Iran, a commenté que les nouveaux corridors de transport au sein du corridor de transport international Nord-Sud (INSTC), passant par l’Iran, ont commencé à fonctionner. Selon lui, le nouveau corridor relie la Russie et les pays arabes par le rail via l’Iran et par la mer via le golfe Persique.

L’INSTC, qui a été présenté comme une alternative au canal de Suez, est un système de transit multimodal de 7 200 km qui reliera les routes maritimes, ferroviaires et routières pour le transport des marchandises entre la Russie, l’Iran, l’Azerbaïdjan, l’Inde et l’Asie centrale. Le flux total de marchandises le long de l’INSTC était de 14,5 millions de tonnes en 2022, et la projection pour cette année est de 17,6 millions de tonnes, selon le ministère russe des Transports.

La Russie a suggéré à plusieurs reprises que l’INSTC pourrait devenir un substitut au canal de Suez, la voie navigable de 193 km (119 miles) en Égypte qui relie la mer Méditerranée à la mer Rouge. Environ 12 % du commerce mondial y transitent chaque jour. Moscou cherche à assurer l’interconnectivité tout au long de l’INSTC et à lancer des lignes régulières de transport de fret, a déclaré le mois dernier le président Vladimir Poutine.

Le volume des marchandises transportées via l’INSTC devrait presque tripler au cours des sept prochaines années, et le dirigeant russe a suggéré d’établir un centre logistique pour le corridor sur la côte africaine. Il est à noter qu’en 2018, la Russie et l’Érythrée ont annoncé leur intention de construire un centre logistique dans la ville portuaire de Massawa, tandis que l’Éthiopie a récemment rejoint les BRICS.