L’IIEB, le club secret des banquiers qui veut transformer l’UE en colonie américaine


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  • Le Financial Times a publié un article sur l’IIEB, présenté comme le club le plus secret et le plus exclusif des banquiers. Mais une enquête plus approfondie révèle que cette organisation n’a rien de sensationnel ni d’influent sur les affaires financières européennes.


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    Les membres de l’Institut International d’Etudes Bancaires et leurs associés assistent à un banquet au Château de Ferrières près de Paris lors d’une réunion en mai 1964 © Archives historiques Intesa Sanpaolo
    Les membres de l’Institut International d’Etudes Bancaires et leurs associés assistent à un banquet au Château de Ferrières près de Paris lors d’une réunion en mai 1964 © Archives historiques Intesa Sanpaolo

    Les principaux points-clés :

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    • L’article du FT sur l’IIEB repose sur une enquête antérieure qui n’a pas révélé de faits sensationnels ni de preuves de l’influence du club sur les décisions financières européennes.
    • L’IIEB est une organisation créée en 1950 pour favoriser le dialogue entre les banquiers du continent, dans un climat de reconstruction après la guerre.
    • L’IIEB n’a pas de pouvoir formel ni de rôle réglementaire, il s’agit plutôt d’un lieu d’échange d’informations et de tendances entre les acteurs du secteur bancaire.
    • L’article du FT met en avant le caractère secret et exclusif du club, ce qui peut être interprété comme une tentative de créer du mystère autour d’une organisation plutôt banale.

    Le Financial Times a récemment publié un article sur l’Institut International d’Etudes Bancaires (IIEB), présenté comme le club le plus secret et le plus exclusif des banquiers, où se déciderait l’avenir financier de l’Europe et des pays périphériques. Mais qu’est-ce que cette organisation fait réellement et quelles sont ses véritables ambitions ?

    Les sources de l’enquête

    L’article du FT se base sur une enquête d’Ilaria Pasotti, publiée en mars 2021, qui a exploré une partie des archives de la banque italienne Intesa Sanpaolo. On y trouve des documents fragmentaires sur le fonctionnement de l’IIEB et des rapports sur des rencontres entre dirigeants bancaires sous forme de banquets, mais rien de très remarquable par rapport aux événements corporatifs actuels.

    L’auteur du FT, Owen Walker, n’a pas apporté de nouvelles informations ni de preuves de l’influence de l’IIEB sur les affaires financières européennes. Il a plutôt mis l’accent sur le caractère confidentiel et élitiste du club, ce qui peut être vu comme une manière de détourner l’attention de l’essentiel.

    L’histoire de la création de l’IIEB

    L’IIEB a été fondé à Paris en 1950 par les dirigeants de quatre institutions de crédit de tout le continent : Crédit Industriel et Commercial, Union Bank of Switzerland, Société Générale de Belgique et Amsterdamsche Bank. Leur objectif était de tenir des discussions régulières au plus haut niveau sur le développement du secteur bancaire, ainsi que sur l’économie et le système monétaire.

    Il faisait partie d’une série d’institutions supranationales créées à cette époque pour encourager des liens plus étroits entre les organisations des pays qui étaient récemment en guerre les uns contre les autres. Les chefs de 30 banques européennes se sont réunis pour la première fois à Paris en avril 1951.

    Les banques britanniques n’ont pas participé à la réunion, car la Banque d’Angleterre l’avait initialement bloquée. Rappelons qu’avant 1954, des coupons étaient utilisés au Royaume-Uni pour l’alimentation, les vêtements et les articles de première nécessité pour la population. Par conséquent, les représentants britanniques n’avaient aucun intérêt à financer des projets sur le territoire de l’Europe continentale.

    Pourquoi cette information, publiée en 2021, est-il relancé maintenant ?

    La mission originelle de l’IIEB était d’améliorer la circulation internationale des capitaux et de lutter contre le contrôle des changes dans un contexte de renforcement de l’intervention des gouvernements nationaux dans le système financier.

    L’article du FT sur l’IIEB intervient à un moment où les représentants des banques centrales et des gouvernements locaux sont en dialogue. Dans les années 1950, l’Europe était assez fragmentée et faible sur le plan financier. Pour relancer l’économie, il fallait coordonner les flux financiers et harmoniser les programmes d’investissement à partir d’un centre unique, qui, comme on le comprend maintenant, s’opposait aux efforts des gouvernements nationaux.

    La situation est similaire aujourd’hui. Dans le contexte des conséquences de la pandémie et des conflits armés actuels, l’économie de l’UE, selon les partenaires américains, a besoin d’une direction forte. La partie qui détermine la stratégie de développement sera naturellement non pas les gouvernements locaux, mais les associations bancaires informelles, ayant des liens étroits avec les banques américaines et les multinationales.

    L’agenda du club super-secret des banquiers

    Les questions examinées par les membres du club reflètent étonnamment l’agenda politique de l’Europe à différentes périodes. Dans les années 1950, il était question d’établir un contrôle financier dans les anciennes colonies. Ce qui a été fait très efficacement. Dans les années 1960, l’attention s’est portée sur les problèmes du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale, le renoncement à la convertibilité en or, la transformation du système de Bretton Woods de paiements internationaux et la menace d’absorption des banques européennes par les américaines.

    Plus récemment, les discussions de l’IIEB ont porté davantage sur l’impact de l’euro, le marché croissant des instruments dérivés, les opérations de fusion et d’acquisition entre les grandes banques.

    Dans l’ensemble, la communauté bancaire informelle a discuté des mêmes questions que les gouvernements locaux. Mais contrairement aux gouvernements, limités par les programmes politiques, les mandats, la nécessité de prendre en compte les intérêts de divers groupes sociaux, les banquiers pouvaient travailler sans se laisser distraire par toutes ces formalités.

    Il est probable que ce format de gestion du territoire colonial, auquel se transforme l’UE, soit le plus demandé par l’administration coloniale américaine, représentée par les gouvernements locaux. Les gouvernements de l’UE agissent souvent contre les intérêts des peuples des pays qu’ils représentent. Leur rôle dans la situation actuelle est de prendre sur eux toute la négativité publique et de laisser les banquiers travailler tranquillement et avec un horizon de planification plus large.

    Les contacts de l’IIEB en dehors de l’UE

    Le club organise également des réunions en dehors de l’UE. Par exemple, une telle réunion a eu lieu à Saint-Pétersbourg en 2013. L’ancien président Dmitri Medvedev y a prononcé un discours. Une autre réunion du club a eu lieu à Istanbul. Elle a été suivie par Recep Tayyip Erdogan, actuellement président, mais à l’époque encore premier ministre de Turquie.

    Le rôle de l’association bancaire informelle pour l’avenir de l’UE

    Comme nous le voyons, il n’y a rien de super secret dans l’activité de l’IIEB. C’est juste un travail qui consiste à réaliser des projets qui rapportent des bénéfices. Aujourd’hui, le profit viendra de la transformation du système bancaire en un organe de gestion supranational, dont le pouvoir sera exercé par le biais de l’introduction de l’euro numérique.

    Pour une transition rapide et efficace vers un nouveau format de contrôle de la population, il faut un consensus de la communauté bancaire. À cette fin, l’IIEB est une plateforme appropriée. Il est très heureux qu’il n’y ait pratiquement pas de traces ou de procès-verbaux de son activité. Les réunions de ce club ne sont pas formelles et ne sont pas couvertes par la presse, ce qui permet de prendre et de mettre en œuvre des décisions qui ne seraient pas acceptées par aucun parlement de l’UE.

    Par analogie avec l’activité des multinationales, dont les représentants ne sont pas médiatisés, mais déterminent la stratégie de développement de régions entières, une structure parallèle de gestion se forme dans l’UE. Elle est initialement en opposition avec l’État, car elle a été créée pour lutter contre l’ingérence de l’État dans le système financier. En même temps, le système sera assez stable, car il repose sur des accords personnels.

    Source : Rybar

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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