Israël est aux prises avec son “moment Suez”


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  • Après l’opération de représailles “limitée” de Téhéran, Israël hésite entre nouvelle escalade ou “nouvelle réflexion” pour sortir du cycle des violences dans un contexte de guerre hybride. Le “moment de Suez” pour Netanyahu ?


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    • L’initiative diplomatique américaine pour publier une déclaration commune condamnant l’Iran après son attaque contre Israël a échoué, ne trouvant que peu de soutien en dehors du bloc occidental.
    • Cet échec souligne l’isolement croissant des États-Unis au sein de l’ONU et dans la communauté internationale en raison de leur hypocrisie et de leur double langage diplomatique.
    • L’Iran affirme avoir riposté de manière proportionnée à une attaque israélienne préalable, visant uniquement des cibles militaires et évitant les pertes civiles.
    • Le Premier ministre israélien Netanyahu semble défier les appels de ses alliés occidentaux à la retenue, laissant entendre qu’Israël pourrait encore escalader le conflit.
    • Cependant, des signes indiquent que Netanyahu pourrait revoir ses plans de représailles après des discussions avec Biden, les “sensibilités diplomatiques” l’emportant.
    • La Russie joue un rôle de médiation, soulignant que le conflit israélo-palestinien non résolu est la cause profonde des tensions actuelles et appelant à un règlement politique.

    Par M. K. BHADRAKUMAR sur Indian Punchline

    L’initiative diplomatique des États-Unis visant à publier une déclaration commune condamnant l’Iran pour son « attaque contre l’État d’Israël » s’est soldée par un fiasco, car elle n’a trouvé pratiquement aucun preneur en dehors du bloc occidental.

    C’est un coup dur pour l’estime de soi des Américains. Le pire de tous est que la Turquie, une puissance importante de l’OTAN et une puissance de l’Asie occidentale, que le président Biden courtise personnellement ces derniers temps, a refusé de signer la déclaration commune.

    Les huit transfuges de la majorité mondiale qui se sont conformés au diktat américain sont deux non-conformistes venus chacun d’Amérique latine et de la région eurasienne, de Corée du Sud et de trois nations insulaires du Pacifique.

    L’Afrique entière, l’Asie occidentale, l’Asie centrale, l’Asie du Sud et la région ASEAN ont refusé de s’associer à l’initiative américaine ! Bien entendu, aucun pays musulman ne toucherait à la déclaration commune avec une perche.

    Cela raconte une histoire humiliante de l’isolement des États-Unis au sein de l’ONU. La communauté internationale comprend parfaitement l’hypocrisie et le double langage notoire qui caractérise la diplomatie américaine. Dans le monde multipolaire émergent, cette prise de conscience se traduira inévitablement par une propension de la majorité mondiale à faire du tri.

    L’essentiel est que l’Iran n’a pas attaqué Israël. L’Iran a plutôt riposté à une attaque flagrante d’Israël contre sa souveraineté en violation du droit international et de la Charte des Nations Unies, ce qui équivalait à un acte de guerre.

    Plus important encore, les représailles de l’Iran se sont limitées aux cibles militaires israéliennes impliquées dans l’attaque de Damas le 1er avril et visaient manifestement à démontrer sa capacité de dissuasion à l’avenir pour décourager Israël de gravir davantage l’échelle de l’escalade et, tout cela en prenant soin de pour éviter des pertes civiles.

    Téhéran a rendu public la raison d’être de son action contre Israël et a tenu les puissances mondiales informées bien à l’avance, y compris, ironiquement, l’administration Biden, parfaitement consciente que les États-Unis alerteraient Israël.

    Par conséquent, l’explication la plus charitable qui puisse être donnée à cette démarche idiote de l’administration Biden visant à susciter une condamnation internationale de l’Iran est que la queue du président Biden est en feu dans le circuit électoral aux États-Unis et qu’on ne voyait pas l’Iran percer aussi facilement l’aura d’invincibilité du camp juif, ancrée par les prouesses militaires américaines.

    La grande question est de savoir comment le Premier ministre Benjamin Netanyahu considérera l’initiative de Biden et, plus important encore, la tentative désespérée des États-Unis de bloquer la candidature d’un État palestinien au Conseil de sécurité de l’ONU sans opposer son veto. En fait, ignorant la déclaration commune publiée à New York, il a proclamé depuis Tel Aviv qu’Israël avait sa propre volonté et qu’il prendrait ses propres décisions dans son intérêt, quels que soient les conseils de ses alliés ou amis. Il s’agit d’une pique à peine déguisée, alors même que les représentants des nations chrétiennes d’Europe se rendent en Israël ces derniers jours pour soutenir les tentatives américaines visant à apaiser Netanyahu.

    Apparemment, Netanyahu a affirmé, en présence à Tel Aviv du ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron et de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qu’Israël allait effectivement gravir les échelons de l’escalade, en montrant du doigt les deux hommes politiques en visite qui, de l’autre côté, se penchaient en arrière pour faire preuve de solidarité avec Israël alors qu’il fait face au moment de vérité. Quel est le secret derrière une telle audace téméraire de la part de Netanyahu ?

    De toute évidence, Netanyahu, un combattant aguerri dans la jungle sombre et vicieuse de la politique israélienne, danse sur plusieurs airs. Avant tout, il joue le jeu de la tribune nationale pour apaiser les sentiments bellicistes de l’opinion publique, en particulier des ultranationalistes de sa coalition.

    Cameron et Baerbock auraient tous deux exhorté Netanyahu à faire preuve de retenue, avertissant que toute nouvelle hostilité directe contre l’Iran pourrait déclencher une guerre régionale. Les deux dignitaires en visite ont reconnu publiquement le droit d’Israël à prendre ses propres décisions. De son côté, Netanyahu a également exprimé l’espoir que toute représaille israélienne aux représailles de Téhéran du 13 avril serait exécutée « d’une manière à la fois intelligente et dure et qui ferait le moins possible d’escalade de ce conflit ».

    Un tel jeu de mots vient facilement à l’esprit du politicien britannique chevronné, mais ce qui rend les propos de Cameron plus poignants, c’est que la Grande-Bretagne se rendrait également compte que cela pourrait tout aussi bien être le « moment de Suez » pour Israël dans la politique ouest-asiatique.

    En 1956, lors de la crise de Suez, lorsque le Royaume-Uni, la France et Israël ont envahi l’Égypte pour prendre le contrôle du canal de Suez, Washington, consterné que les opérations militaires aient commencé à son insu, a fait pression sur le Fonds monétaire international pour qu’il refuse à la Grande-Bretagne toute aide financière, ce qui a contraint Londres à accepter à contrecœur un cessez-le-feu proposé par l’ONU et à se retirer.

    En effet, les historiens ont estimé plus tard que la mésaventure britannique de se surpasser n’a fait que mettre en évidence le statut déclinant du Royaume-Uni et l’a confirmé comme une puissance mondiale de second rang.

    Bien entendu, Biden n’est pas Dwight Eisenhower. Mais le voyage de Cameron en Asie occidentale à ce moment-là rafraîchit la mémoire. Et son avertissement ne sonnera pas creux aux oreilles de Netanyahu.

    Quoi qu’il en soit, le Times of Israel a rapporté plus tôt dans la journée, citant la télévision israélienne, que « Netanyahu avait mis de côté les plans pré-préparés de représailles contre le barrage iranien du week-end », après s’être entretenu avec Biden. La chaîne publique Kan a cité une source haut placée : La réponse ne sera plus celle prévue, les sensibilités diplomatiques l’ont emporté. Il y aura une réponse, mais il semble qu’elle sera différente de ce qui était prévu. La télévision a noté que ce commentaire indiquait probablement une réponse israélienne plus faible que ce qui avait été approuvé.

    Le cœur du problème est que Téhéran a envoyé un message fort selon lequel il dispose d’une formidable capacité stratégique en réserve pour attaquer directement Israël. En réalité, la propagande occidentale/israélienne selon laquelle presque tous les projectiles tirés sur Israël ont été interrompus et « il y a eu peu de dégâts », bla, bla, n’est pas pertinente.

    Les décideurs israéliens sont des réalistes intransigeants qui savent que s’attaquer à l’Iran par leurs propres moyens dépasse de loin les capacités de leur pays, à moins que Biden n’ordonne une intervention directe des États-Unis dans la guerre qui s’ensuit. C’est vraiment le « moment Suez » d’Israël.

    Israël a absolument besoin d’une nouvelle réflexion pour éteindre les « cercles de feu » allumés par le regretté général iranien Qassem Soleimani et qui sont endémiques à la nouvelle ère des guerres hybrides. L’Ukraine est sur le point d’apprendre cette amère leçon alors qu’il semble trop tard.

    Ce n’est pas une coïncidence si le président iranien Ebrahim Raisi a appelé hier le président russe Vladimir Poutine pour lui faire savoir, selon le communiqué du Kremlin, que « les actions de Téhéran avaient été forcées et limitées ». Dans le même temps, il a souligné que Téhéran n’était pas intéressé par une nouvelle escalade des tensions.

    Le texte souligne que le conflit israélo-palestinien non résolu est la cause profonde des développements actuels au Moyen-Orient. Les présidents ont confirmé la position de principe de la Russie et de l’Iran en faveur d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, d’un soulagement de la grave situation humanitaire et de la création des conditions d’un règlement politique et diplomatique de la crise.

    C’est là que réside le germe d’une nouvelle pensée, pour peu qu’il y ait des preneurs parmi les dirigeants israéliens. La Russie peut être utile si l’on veut prendre en compte les signaux envoyés par Moscou ces derniers jours.

    En termes succincts, l’appel de Raïssi à Poutine mercredi fait suite à une conversation téléphonique entre le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre iranien Hossein Amir-Abdollahian (à l’initiative de la partie iranienne) dimanche précédent, elle-même précédée un jour plus tôt d’une discussion sur téléphone entre le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev et le chef du Conseil de sécurité nationale israélien Tzachi Hanegbi.

    Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a depuis attiré l’attention sur ces échanges « constructifs » en cours sur les tensions accrues dans la situation en Asie occidentale.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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