Un monde anti-SWIFT se met en place


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    Lors de la dernière prise de parole de Vladimir Poutine, il est clair que les paiements par SWIFT et l'utilisation du dollar/euro vont fortement décliner dans les prochaines années.

    Malgré toute l’importance des secteurs de l’énergie et de l’alimentation, nous mettrons l’accent sur les biens autres que les ressources et les investissements mutuels dans le développement des liens étrangers.

    Derrière cette phrase abscons, Poutine lance le futur du monde monétaire et économique, un monde qu’il veut sans dollar et sans euro. Plus difficile à dire qu’à faire, car l’hégémonie américaine est encore très présente et elle va le rester pendant mal de temps. Quand l’Inde ne veut pas lâcher le dollar pour acheter son pétrole russe, cela signifie que les choses bougent, mais pas suffisamment vite au gout de la Russie.

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    Mais si autrefois, il était impensable de se passer du dollar, le nouveau monde veut réaliser cette impossibilité en passant à des paiements en devises nationales. Le rouble, la roupie indienne, le yuan. Cette prise de conscience s’est faite quand on a compris que les Etats-Unis avaient militarisés le système SWIFT à leur propre profit.

    Le SWIFT permet aux américains de tracer les transactions bancaires à travers le monde et de sanctionner celles qui paraissent illégales. Si à la base, cela a été fait pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, progressivement, les Etats-Unis ont utilisé le SWIFT comme une arme de destruction économique contre les pays qu’ils ne pouvaient pas voir en peinture, l’exemple de l’Iran qui a été déconnecté du système en 2012.

    Pour les américains, l’exclusion iranienne du SWIFT était un test, un moyen de voir si cela peut mettre un pays à genoux. 10 ans plus tard, les yankees font la même chose contre la Russie et la Biolérussie. Mais si l’Amérique peut tordre le bras à l’Iran et à la Biolérussie, c’est une autre paire de manche avec la Russie. Quand vous êtes le premier exportateur de pétrole, le leader en production de gaz, en engrais, en produits agricoles, en matières premières, vous déconnecter du SWIFT va créer et a créé des pénuries au niveau mondial sans oublier un affolement des prix sur les marchés.

    La Russie a compris qu’elle avait tenu le choc et la seconde phase peut entrer en jeu. C’est à dire inciter tous ses pays “amis” à payer dans leurs monnaies respectives. De plus, les autres géants comme l’Inde ou la Chine ont compris que vu la prédation sans limite des américains, ils risqueront d’être les suivants à être exclus du SWIFT s’ils n’obéissaient pas à la gérontocratie en place à Washington. Ainsi, la Chine a déjà demandé à l’Arabie Saoudite de payer son pétrole en Yuan.

    Et les alternatives au SWIFT ne manquent pas. On a le CIPS de la Chine et le SPFS de la Russie. Ces deux alternatives ont encore des problèmes et leur taille n’est pas suffisante pour rivaliser avec le SWIFT. Cependant, les progrès sont notables. Ainsi, le CIPS chinois a traité 12 000 milliards de dollars en 2021 avec 1280 institutions dans 103 pays, cela fait quand même quasiment la moitié de la planète.

    Le SPFS est plus modeste, car il traite actuellement avec 52 organisations dans 12 pays. Et vous avez aussi des systèmes hybrides qui se mettent en place. L’Inde a créé un système où sa banque centrale peut payer en rouble via le SPFS avec la Vnesheconombank, l’équivalent de la Caisse des dépots en France.

    Et le monde anti-SWIFT gagne du terrain. Les petits pays sont en train de former des blocs avec leurs propres modes de paiement comme les nations des BRICS qui veulent un système de paiement mutuel. Les Occidentaux continuent de pérorer que leurs sanctions ont pénalisé l’économie russe, mais ils le considèrent de leur point de vue. Certes, le commerce entre la Russie et l’Occident a un peu diminué, mais par exemple, la Russie a exporté davantage vers l’Union européenne en 2022 qu’en 2021.

    Mais si on regarde les autres partenaires de la Russie, alors elle a un boulevard devant elle. La frontière Est de la Russie est 4,5 plus longue que celle de l’ouest et le commerce avec cette frontière continue d’augmenter chaque mois. La Russie a également remplacé la totalité de son marché européen par des alternatives dans les pays émergents tandis que son volume bilatéral avec la Chine et l’Inde atteignent des niveaux records.

    Mais ce n’est pas uniquement l’Asie, la Russie a signé des accords stratégiques avec le Venezuela, le Brésil, Cuba et les Emirats Arabes Unis sans oublier son partenariat d’amour et de haine avec la Turquie, sa relation privilégiée avec l’Iran ainsi qu’une poussée des investissements en Afrique. Et on nous dit encore que la Russie est isolée ?

    Toutefois, ce sont des processus longs, complexes et chaque pays va défendre sa paroisse. Et on n’aura pas de changements visibles avant 2024 ou 2025. L’extension des BRICS va leur donner un PIB qui est 30 % supérieur à celui des Etats-Unis, 50 % de la population mondiale et 60 % des réserves de gaz.

    Ce que Poutine a dit au début est en train de se réaliser, le commerce mondial et la logistique de l’énergie vont subir une refonte complète et les Etats-Unis et surtout l’Europe en sont exclus.

     

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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