Israel joue au pyromane au Liban et en Syrie


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  • En frappant la Syrie, Israël veut affaiblir le Hezbollah et l’Iran, mais il se trompe de cible. Il s’expose à un embrasement de la région et à l’isolement sur la scène internationale.


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    En frappant la Syrie, Israël veut affaiblir le Hezbollah et l’Iran, mais il se trompe de cible. Il s’expose à la riposte de ses ennemis et à l’isolement sur la scène internationale.

    Israël a mené plusieurs raids aériens contre des cibles en Syrie ces derniers jours, provoquant la colère du gouvernement syrien et de ses alliés iraniens et libanais. Israël affirme vouloir empêcher le transfert d’armes et de combattants du Hezbollah, qui soutient le régime de Bachar al-Assad, vers le Liban. Israël espère aussi impressionner les États-Unis, qui cherchent à renouer avec l’Iran sur le dossier nucléaire.

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    Mais Israël se trompe de calcul. Ses frappes ne font pas reculer le Hezbollah, mais l’incitent à renforcer sa présence et sa préparation militaire dans le sud du Liban, où il a érigé des tentes et des postes d’observation près de la frontière. Le Hezbollah dispose d’une unité d’élite, la Radwan, qui est prête à affronter l’armée israélienne en cas de conflit. Le risque d’une escalade est réel, comme l’a averti le général Assaf Orion, de l’Institut d’études sur la sécurité nationale à l’université de Tel-Aviv.

    Israël espère aussi détourner l’attention des manifestations massives qui secouent le pays, où le Premier ministre Benyamin Netanyahou est accusé de corruption et d’incompétence face à la crise sanitaire et économique. Le ministre de la Défense Benny Gantz, lors d’une visite sur le front nord, a menacé de “renvoyer le Liban à l’âge de pierre” si le Hezbollah commettait une erreur. Il a ainsi répondu au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui a affirmé qu’Israël, “autrefois une puissance redoutable, s’est effrité – ce qui conduit à sa crise actuelle”.

    Mais Israël ne fait pas que s’attaquer au Hezbollah. Il vise aussi les forces iraniennes et irakiennes qui sont présentes dans le nord-est de la Syrie, où les États-Unis occupent illégalement plusieurs champs pétroliers et gaziers. Israël veut ainsi affaiblir l’influence de l’Iran dans la région et entraver la reconstruction de la Syrie après la guerre. Mais cette stratégie est dangereuse, car elle provoque la riposte des forces syriennes et de leurs alliés russes, qui veulent chasser les Américains de leur territoire.

    Le 12 août, des roquettes ont visé les troupes américaines au champ gazier de Conoco, dans la province de Deir Ezzor. Ce champ est le plus grand gisement de gaz naturel de Syrie et est l’un des plusieurs champs occupés par les forces américaines, qui organisent régulièrement des opérations de contrebande du pétrole et du gaz vers la région du Kurdistan irakien, où ils sont ensuite vendus pour financer les activités des proxies américains.

    Cette attaque intervient deux jours après que l’État islamique (EI) a mené son attaque la plus meurtrière de l’année contre l’armée arabe syrienne (AAS), tuant 33 soldats dans la même région (Conoco) où les États-Unis ont renforcé leur présence. Il s’agit de la quatrième attaque de l’EI en Syrie en moins d’un mois, et quelques jours après qu’une énorme explosion près du sanctuaire de Sayyida Zaynab en périphérie de Damas a fait plus d’une vingtaine de victimes.

    L’autre point chaud est la base d’Al-Tanf, une autre enclave occupée par les États-Unis – connue sous le nom de zone des “55 km” près du triangle frontalier syro-irako-jordanien dans le sud-est de la Syrie. Et l’enchevêtrement ici est profond : il y a les forces américaines censées combattre l’EI, mais des forces islamistes radicales sont implantées dans une grande partie de cette zone “sûre” américaine. En juin, le quartier général du Maghawir al-Thawra a été bombardé à l’intérieur de la zone des 55 km. Les déclarations américaines étaient opaques, mais laissaient entendre un rôle russe. La Russie, à son tour, a accusé les combattants du Maghawir al-Thawra d’avoir posé une bombe au bord de la route qui a entraîné des victimes militaires russes.

    La Syrie, il semble, se sent enfin en mesure de “nettoyer les écuries d’Augias syriennes” de ses insurgés extrémistes. Elle veut les éliminer d’Al-Tanf et d’Idleb – et agit en ce sens avec le soutien de la Russie et de l’Iran. La complication ici est que la Turquie a soutenu les groupes radicaux en Syrie – notamment dans la province d’Idleb – et qu’elle a ses propres forces sur la frontière nord-est de la Syrie, qui combattent les militants kurdes du PKK.

    Israël imagine donc qu’en frappant les “actifs” iraniens en Syrie, il peut dissuader le Hezbollah dans la région des fermes de Chebaa, occupée par le Liban. L’hypothèse d’Israël est fausse – et ses actions suscitent la colère de ce trio de grands acteurs. Elle renforce leur détermination à riposter. La région est une poudrière. Une étincelle suffirait.

    La Syrie et l’Irak sont à l’aube d’une métamorphose à la suite du bouleversement tectonique qui balaye la région, ainsi que de la fusion des BRICS, de l’Organisation de coopération de Shanghai et de la Communauté économique eurasiatique en un seul bloc massif – annoncée pour la fin du mois d’août.

    Le changement est inéluctable. Si Israël intervient – en imaginant qu’il aide l’Amérique – il risque de commettre une erreur stratégique : la sienne pourrait être précisément l’étincelle qui mettrait le feu à cette transition enchevêtrée. Tout conflit n’épargnerait pas Israël.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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