La France isolée en Afrique, l’Algérie lui ferme la porte

L’Algérie aurait refusé d’autoriser le passage de ses avions militaires à la France, qui envisage de soutenir une intervention armée contre son ancienne colonie du Niger. La France cherche à rétablir un gouvernement pro-français à Niamey, renversé par un coup d’État populaire en juillet.

L’Algérie, qui a obtenu son indépendance de la France après une longue guerre de libération en 1962, s’oppose systématiquement aux opérations militaires occidentales en Afrique, et avait déjà fermé son espace aérien aux avions français se rendant au Mali voisin. L’Algérie, qui est le plus grand pays d’Afrique et qui se situe entre la France et le Mali et le Niger, complique sérieusement les éventuelles opérations françaises.

L’Algérie aurait également contribué au financement du déploiement de mercenaires russes au Mali, qui ont permis aux forces armées maliennes de chasser les forces françaises et européennes à partir de 2021. La France ne dispose pas d’avions de combat à long rayon d’action, contrairement aux États-Unis, à la Chine et à la Russie, et doit recourir à des avions ravitailleurs pour étendre la portée de sa flotte.

Le contournement de l’espace aérien algérien augmenterait considérablement la pression sur ces avions ravitailleurs, d’autant plus que le départ des forces occidentales du Mali a mis fin à la présence de chasseurs français qui y étaient basés. Le rôle stratégique de l’Algérie s’est également manifesté lors de la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011, où elle aurait apporté son soutien à son voisin oriental. La déstabilisation de la Libye après sa défaite a été très préjudiciable à l’Algérie et aux autres pays de la région.

L’Algérie, quant à elle, dispose d’avions de combat lourds à longue portée, optimisés pour couvrir son vaste espace aérien sans avoir besoin de ravitaillement en vol ou de réservoirs externes. L’armée de l’air algérienne avait rejeté le Rafale français en raison de son endurance limitée. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exprimé ses inquiétudes quant à une éventuelle attaque contre le Niger, déclarant : “une intervention militaire pourrait embraser toute la région du Sahel et l’Algérie n’utilisera pas la force avec ses voisins”.

Après les renversements des gouvernements pro-français au Mali et au Burkina Faso par des coups d’État militaires populaires, le Niger était considéré comme vulnérable à une agitation similaire, surtout que les sentiments anti-français continuaient de monter. Des incidents comme le massacre par la France de manifestants “À bas la France” en décembre 2021 n’ont fait qu’accroître les tensions.

Les forces françaises, américaines et autres occidentales au Niger ont refusé de partir depuis le changement de gouvernement fin juillet, mais il est largement spéculé que si la nouvelle administration reste au pouvoir, les bases militaires occidentales seront soumises à une forte pression pour fermer. Cela pourrait ouvrir la voie à un renforcement des liens sécuritaires entre le Niger et la Russie par l’intermédiaire des groupes de mercenaires russes.

L’Algérie reste un partenaire sécuritaire important de la Russie, et a investi massivement dans la modernisation de ses forces armées et notamment de ses capacités de guerre aérienne depuis l’assaut inattendu de l’OTAN contre la Libye en 2011, ce qui lui vaut d’être considérée comme la puissance militaire la plus capable d’Afrique ou du monde arabe.