Colonisé par le FMI

Quand Philibert Tsiranana était président à partir de 1960, la transition vis à vis de la France, ancienne puissance coloniale, était si douce que l’ambassadeur de France assistait régulièrement au Conseil des ministres et donnait régulièrement ses bons offices. Tsiranana et son parti avait été privilégié par les Français au détriment du MDRM qui avait été décapité sous le prétexte de l’insurrection de 1947. Quand une puissance coloniale donne des conseils à des ministres, plus besoin d’envahir le pays.

En 2024, sous le prétexte de la pénurie d’eau, des “experts” du FMI sont invités au Conseil des ministres pour donner leurs bons conseils. Tsiranana n’avait peut-être pas le choix, le pays était tout nouveau, 60 ans et des poussières plus tard, nous invitons nous-même des puissances étrangères à nous coloniser, elle n’est pas belle la vie ? Qu’est-ce que le FMI, une institution qui n’est élue par personne, totalement contrôlée par les Etats-Unis, s’y connait quoi que ce soit en pénurie d’eau ?

Tous leurs experts sont des fils de bourge, costard-cravate, qui sont partis de familles oligarchiques pour terminer dans des institutions tout aussi oligarchiques. Le ventre affamé, l’angoisse de ne pas pouvoir payer son loyer, voir ses enfants mourir de faim, ils ne l’ont lu que dans les romans de Charles Dickens. La soumission est totale, car le gouvernement aurait pu tenir une réunion, hors cadre gouvernemental, pour recevoir ces “bons conseils” même si on doit répéter Ad vitam æternam que le FMI et la Banque Mondiale n’ont jamais pu développer un seul pays de toute leur histoire, car leur spécialité est la destruction de pays en les donnant en pâture aux multinationales en supprimant la moindre notion d’Etat.

Ce qui est tragique est qu’aucun ministre, ni même le président, ne comprend la débilité d’un tel acte. C’est normal, pour ces ministres et élus putréfiés, un bureau dans une banque, un bureau dans une entreprise de BTP, un bureau de proxénète ou un bureau de ministre est la même chose. Ils n’ont aucune idée de l’incarnation d’un Etat, de la souveraineté ou de la sacralité de la fonction et que lorsqu’on est un élu, la hantise est d’éviter les influences étrangères autant que possible. L’Etat régi par des hommes d’Etat, élus par la légitimité du peuple.

Aujourd’hui, c’est juste un tas d’hommes qui regardent uniquement la taille de leur portefeuille après leur journée de travail.

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