Didi : Comprendre l’amende de 1,2 milliards de dollars


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  • L’entreprise Didi Chuxing, l’équivalent d’Uber en Chine, s’est pris une amende record de 1,2 milliards de dollars par les autorités chinoises pour violations multiples de la vie privée et de menaces sur la sécurité nationale. Cette affaire nous incite à comprendre que désormais, les chinois ne plaisantent pas sur la sécurité de leurs internautes, mais cela montre aussi le véritable logiciel espion que sont ces applications de l’économie des petits boulots (Gig Economy).


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    L'entreprise Didi Chuxing, l'équivalent d'Uber en Chine, s'est pris une amende record de 1,2 milliards de dollars par les autorités chinoises pour violations multiples de la vie privée et de menaces sur la sécurité nationale. Cette affaire nous incite à comprendre que désormais, les chinois ne plaisantent pas sur la sécurité de leurs internautes, mais cela montre aussi le véritable logiciel espion que sont ces applications de l'économie des petits boulots (Gig Economy).

    Il y a quelques jours, l’entreprise Didi Chuxing, l’équivalent d’Uber en Chine, s’est pris une amende de 8,03 milliards de yuans par les autorités chinoises, soit 1,2 milliards de dollars. Le gouvernement chinois a accusé Didi de ne pas avoir respecté les données personnelles de ses utilisateurs et que certains de ses agissements portaient atteinte à la sécurité nationale. L’affaire commence le 30 juin 2021 lorsque Didi entre à la bourse de New-York, levant plus de 14,4 milliards de dollars. Le 4 juillet 2021, la Chine lance une enquête sur Didi en lui interdisant l’inscription de nouveaux utilisateurs et en le bannissant de toutes les App Store.

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    On apprendra plus tard que les autorités chinoises avaient demandés à Didi de retarder l’entrée en bourse afin de vérifier l’intégrité de l’infrastructure et de la manière dont les données personnelles sont traités par l’entreprise. Didi a sans doute confondu le gouvernement chinois avec l’Union européenne en se disant qu’elle ne craignait rien. Mais le fait est que la baffe chinoise est beaucoup plus rugueuse. L’entreprise s’est défendu qu’elle a accéléré l’entrée en bourse sous la pression de ses investisseurs.

    La suspension temporaire de Didi a eu des effets désastreux. L’entreprise a perdu 4,7 milliards de dollars au dernier trimestre 2021 et elle a dû réduire ses dépenses et licencier une partie de ses employés. Une entrée en bourse à Hong-Kong a dû être également annulée ce qui l’a fait encore dévisser de 44 % en Bourse.

    Et le 21 juillet 2022, les autorités chinoises ont annoncé (en chinois) les résultats de leur enquête et ce n’est pas fameux. Didi a violé et commercialisé les données personnelles de ses utilisateurs à de nombreuses reprises. Elle n’a pas sécurisé son infrastructure et les infractions étaient suffisamment graves pour justifier une amende exemplaire pour faire comprendre à tous les autres géants chinois qu’on ne plaisante pas avec la confidentialité des données des internautes chinois.

    Un espionnage systématique de Didi sur ses utilisateurs

    Et quand on voit comment Didi a espionné sans vergogne ses utilisateurs, alors on se dit que l’amende était beaucoup trop faible. Le gouvernement chinois a relevé plus de 16 infractions graves parmi lesquelles :

    • Didi a effectué illégalement environ 12 millions de captures d’écran sur les albums photo des utilisateurs.
    • Didi a pompé 8,3 milliards de données provenant du presse-papier et des applications qui étaient présentes sur le téléphone des utilisateurs.
    • Didi a collecté 107 millions de données de reconnaissance faciale, 53 millions de données sur les tranches d’âge, 16 millions sur les métiers, 1,4 millions sur les relations familiales et près de 153 millions d’adresses de domicile ou d’entreprises.
    • Didi a collecté 167 millions de données concernant la longitude et la latitude précises sur les trajets pour mesurer la performance des conducteurs tout en obtenant des informations sur Orange Video Recorder qui est une sorte de Dashcam (caméra de bord) créé par l’entreprise pour fliquer ses conducteurs.
    • Didi a collecté 142 0000 données sur le cursus des conducteurs et 57,8 millions de numéros de permis de conduire qui étaient stockés en clair.
    • Didi a analysé 54 milliards de données sur les envies de voyage des utilisateurs, 1,5 milliards de données sur la ville où habitaient les utilisateurs et 304 millions de données sur les habitudes des utilisateurs à l’étranger sans oublier les détails des voyages effectués par les utilisateurs.
    • Didi exigeait fréquemment des autorisations téléphoniques aux utilisateurs pendant qu’ils utilisaient le service.
    • Didi n’a pas pu expliqué aux autorités sur 19 infractions aux données personnelles, notamment quand l’application accédait aux paramètres du téléphone.

    On peut penser que même la NSA serait jalouse d’un tel espionnage de masse. Les autorités ont également déclarés que Didi avait eu des pratiques qui menaçaient la sécurité nationale, mais on n’a pas eu de détails sur ces violations vu leur caractère de secret défense. Les infractions que nous avons mentionnés ont duré 7 ans allant de 2015 jusqu’à 2021.

    Cette affaire nous permet d’aborder deux aspects majeurs, le premier est lié à la Chine et le second concerne tous ces services pourris issus de l’économie des petits boulots. Concernant la Chine, elle a publié l’une des lois le plus importantes sur le numérique en novembre 2021 avec le PIPL (Personal Information Protection Law) qui est l’équivalent chinois du RGPD. Et l’amende de Didi montre que les chinetoques ne prennent pas la protection des données personnelles à la légère contrairement au RGPD qui est devenu une acceptation de cookies quand on accède à un site web.

    Le PIPL estime que la collecte des données personnelles doit être encadrée de façon draconienne et que toute collecte non essentielle sera chatié comme il se doit. La Chine a lancé le PIPL, car les géants chinois du numérique faisaient ce qu’ils voulaient ces dernières années avec des collectes massives d’informations personnelles. Cette prise de conscience chinoise s’est produite lorsque Jack Ma, le fondateur d’Alibaba a voulu défier le gouvernement chinois et ce dernier l’a envoyé suivre un régime minceur pendant quelques mois et il a tellement perdu sa superbe qu’il n’ose même plus parler en public.

    Que ce soit avec Jack Ma ou l’amende de Didi, le gouvernement chinois lance un message clair au secteur du numérique. Vous pouvez peser des dizaines de milliards de dollars, mais on va vous écraser comme un insecte si vous défiez l’Etat chinois ou que vous n’obéissez pas à ces lois. Cette purge du secteur technologique des services en Chine servait également à rediriger les capitaux et la main d’oeuvre vers le secteur des semi-conducteurs et du Hardware en général. En bref, le gouvernement chinois veut que ses ingénieurs cessent de créer des Tik Tok à la pelle et se focalisent davantage sur les processeurs.

    Le second aspect majeur est que si Didi a pu faire cet espionnage de masse, alors c’est également le cas d’Uber, de Deliveroo, d’Airbnb et toutes ces merdes qui basent leurs richesses en exploitant les petits mains sans leur donner le statut de vrais travailleurs. Car les géants chinois copient les géants occidentaux ce qui fait que ces derniers doivent pratiquer une collecte beaucoup plus massive des données personnelles.

    A tous les débiles qui utilisent ces services, sachez que ces derniers peuvent voir vos photos personnelles, connaissent votre adresse de domicile, analyse vos envies de voyage, les trajets que vous prenez tous les jours ainsi que vos conversations téléphoniques. Ils connaissent également tous les autres applications que vous utilisez qu’ils s’empressent de vendre à des annonceurs qui se pourlèchent les babines devant des informations aussi sensibles.

    Mais après tout, cela permet à ces débiles de faire croire qu’ils sont branchés et qu’ils font partie des Winners de la mondialisation.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

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