La Chine et son empire des terres rares


  • FrançaisFrançais

  • La Chine avait l’habitude d’avoir le monopole absolu sur les terres rares, mais aujourd’hui, cet empire chancelle à cause de l’épuisement des gisements. Et cela incite le dragon à utiliser toute sa puissance pour contrôler les nouvelles ressources dans des pays comme Madagascar et l’Afghanistan. Mais cette fois, l’Occident est sur ses talons.


    Suivez-nous sur notre page Facebook et notre canal Telegram

    La Chine avait l'habitude d'avoir le monopole absolu sur les terres rares, mais aujourd'hui, cet empire chancelle à cause de l'épuisement des gisements. Et cela incite le dragon à utiliser toute sa puissance pour contrôler les nouvelles ressources dans des pays comme Madagascar et l'Afghanistan. Mais cette fois, l'Occident est sur ses talons.
    La mine Bayan Obo située en Mongolie Intérieure/Chine

    Le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine aura les terres rares, cette déclaration de Deng Xiaoping en 1992 montre toute l’importance de cette ressource pour l’empire du milieu. A travers des investissements massifs, le Soft Power, mais aussi des relations parfois contraintes avec d’autres pays, la Chine, même si son monopole est moins important, reste la reine absolue des terres rares dans le monde.

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    Et la Chine comprend très tôt l’importance des terres rares. Dès 1956, les soviétiques commencent à tester des alliages de métaux dans des industries en Chine pour fabriquer leurs missiles et leurs avions. La Chine va devenir une puissance nucléaire en 1964 et elle comprendra l’immportance des terres rares. Le dragon va utiliser Bayon Obo, le principal gisement des terres rares pour prendre une avance considérable sur les yankees dont les réserves commencent à s’épuiser dans les années 1980.

    La Chine avait l'habitude d'avoir le monopole absolu sur les terres rares, mais aujourd'hui, cet empire chancelle à cause de l'épuisement des gisements. Et cela incite le dragon à utiliser toute sa puissance pour contrôler les nouvelles ressources dans des pays comme Madagascar et l'Afghanistan. Mais cette fois, l'Occident est sur ses talons.

    Deng Xiaoping

    Un homme va révolutionner les terres rares en Chine et c’est Xu Guangxian qui est considéré comme le père chinois des terres rares. En 1972, le gouvernement chinois va le charger d’une mission quasi impossible selon les normes de la science de l’époque. Il s’agit de séparer le Praséodyme et le Néodyme qui étaient connus pour être des éléments inséparables. Même si la Chine connaissait l’enjeu crucial des terres rares, elle n’avait pas la technologie et les ressources pour avoir une pureté digne de ce nom. Elle était obligé de les importer avec des prix qui étaient cents fois supérieurs aux matériaux bruts.

    Xu Guangxian va finalement développer la théorie de l’extraction à contre-courant qui lui permet de séparer ces deux éléments. Une fois que les industries chinoises ont adopté le processus, cela leur a permis d’avoir une terre rare pure à 99,99 %. Le résultat fut flamboyant, car en 1995, la Chine possédait 90 % du marché des terres rares dans le monde.

    La Chine avait l'habitude d'avoir le monopole absolu sur les terres rares, mais aujourd'hui, cet empire chancelle à cause de l'épuisement des gisements. Et cela incite le dragon à utiliser toute sa puissance pour contrôler les nouvelles ressources dans des pays comme Madagascar et l'Afghanistan. Mais cette fois, l'Occident est sur ses talons.

    Xu Guangxian et Xi Jinping

    Il y a trois facteurs qui ont permis au dragon d’avoir le monopole des terres rares. Un Etat puissant et économiquement très avancé, une main d’oeuvre pas chère et des lois environnementales minimales. Quand les terres rares ont commencé à devenir la principale ressource dans la haute technologie comme les drones, les voitures électriques ou les éoliennes, alors la Chine a encore accéléré sa domination que ce soit par des investissements miniers dans d’autres pays et des milliards de dollars investis dans la recherche et développement. En fait, la seule revue scientifique sur les terres rares est chinoise.

    En termes de quantité, les chinois sont assis sur de véritables montagnes de terres rares, 44 millions de tonnes en capacité et 14 millions de tonnes en production. Et on parle ici de ses gisements locaux qui sont au nombre de treize. Quand on sait que sur toute la planète, on a 120 millions de tonnes alors le monopole laisse rêveur. Les occidentaux ont également quelques billes que ce soit aux Etats-Unis, en Australie, en Suède et au Groeland, mais il leur faudra entre 15 et 20 ans pour avoir une exploitation commerciale digne de ce nom.

    De plus si au début, les chinois ont dû utiliser des méthodes polluantes pour l’extraction et le raffinage, aujourd’hui, ils sont capables de purifier avec de l’hydrométallurgie ce qui évite de produire de l’eau usée contenant du thorium et d’autres éléments radioactifs. Le processus des occidentaux continue d’être radioactif et ces eaux usées deviennent de véritables problèmes. Sans oublier le délire écologique qui décapite tous les investissements miniers en Occident.

    Le résultat est que 80 % des terres rares aux Etats-Unis sont importés de Chine et concernant l’Europe, c’est encore pire comme d’habitude, car elle a une dépendance chinoise de 98 %. Et quand vous avez un tel monopole, la tentation est grande de l’utiliser comme une arme géostratégique et la Chine l’a déjà utilisé à deux reprises. Le conflit des îles Senkaku/Diaoyu et la guerre commerciale lancée par Trump. Les îles Senkaku/Diaoyu (ce sont les mêmes îles, mais le Japon les nomme Senkaku tandis que la Chine les connait sous Diaoyu) sont revendiqués à la fois par la Chine et le Japon.

    C’est une dispute territoriale qui existe depuis des siècles, mais en 2010, c’est monté d’un cran lorsque l’équipage d’un navire de pêche chinois a été arrêté par des garde cotes japonais. Cela a provoqué d’énormes manifestations anti-japonaises dans les principales villes chinoises. Et la Chine a répondu en interdisant l’exportation des terres rares vers le Japon, ce dernier importe entre 60 à 70 % de ses terres rares depuis la Chine. Par la suite, le dragon a repris ses exportations, mais cela a suffit pour asphyxier de nombreuses entreprises japonaises.

    La guerre commerciale lancée par Trump a fait beaucoup de mal à la Chine, mais ce n’est rien comparé à la désolation provoquée par l’interdiction des terres rares vers les Yankees. On estime que ce ban a provoqué des milliards de pertes et plus d’une centaine d’entreprises de haute technologique ont dû fermer. L’administration Trump s’est retrouvé à genoux, juste parce que la Chine a interdit une seule ressource, mais c’est ce qui arrive quand cette ressource représente l’avenir technologique du monde.

    Cependant, les terres rares portant bien leur nom, le monopole chinois n’est plus aussi hégémonique. Dans la production, la Chine domine en maitre avec 60 % de la production mondiale. Mais en termes de réserves et de capacités, elle est passé de 90 % en 1995, 70 % dans les années 2000 et en 2020, elle ne possède “que” 38 % des réserves mondiales.

    Et c’est pourquoi, la Chine recherche activement de nouveaux gisements. Dans l’extraction minière, on a toujours l’équation habituelle du pas cher jusqu’à l’exorbitant. Au début, on se contente d’extraire des ressources facilement accessibles, mais ensuite, il faut aller chercher de plus en plus loin avec une extraction beaucoup plus onéreuse. Deux pays sont dans l’oeil du dragon, Madagascar et l’Afghanistan. Dans le cas malgache, nous en avons déjà parlé avec la rumeur d’une base militaire chinoise dans le pays à la fois pour sécuriser le canal de Mozambique et concrétiser l’exploitation du projet Tantalus.

    L’Afghanistan est de plus en plus courtisé par la Chine. Et pour cause, le pays est un hub de transport naturel pour toute l’asie centrale sans oublier des ressources minières estimées à 1000 milliards de dollars incluant du cuivre, du cobalt, du lithium et du fer. Mais l’industrie minière afghane est encore au niveau de la pioche, mais la Russie, l’Iran et l’Inde sont également très intéressés par l’Afghanistan et les opérations de séduction vont se multiplier à l’avenir. De même, les entreprises chinoises prospectent activement de nouveaux gisements à l’étranger. On peut citer l’arrivée des chinois au Groenland et au Zimbabwe.

    Si dans les années 80 et 90, la Chine était la seule candidate dans la course des terres rares, les occidentaux se sont également mis à mettre les bouchées doubles. L’Occident n’hésite pas non plus à utiliser des tactiques de rétorsion, d’extorsion, de chantage et de menaces pour rattraper son retard, les Etats-Unis ont clairement compris le danger, mais leur économie dévastée, leur manque abyssal d’infrastructures et un écologisme délirant les empêchent d’avoir la même efficacité clinique que les chinois. De plus, une grande partie du monde émergent ne cache plus sa détestation, souvent justifiée, de l’Occident ce qui fait les affaires de la Chine et de ses alliés.

    En 2022, cela fera 30 ans pile que Deng Xiaoping a prononcé cette phrase sur la domination des terres rares par le dragon. Et on s’aperçoit qu’elle n’a jamais été démentie sur son caractère prophétique.

    Si vous avez apprécié cet article, soutenez-moi sur Patreon ou Buy me a coffee Vous recevrez chaque semaine du contenu exclusif et des réponses à vos questions. Merci ! 😊

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur en chef d'Actualité Houssenia Writing. Rédacteur web depuis 2009.

    Blogueur et essayiste, j'ai écrit 9 livres sur différents sujets comme la corruption en science, les singularités technologiques ou encore des fictions. Je propose aujourd'hui des analyses politiques et géopolitiques sur le nouveau monde qui arrive. J'ai une formation de rédaction web et une longue carrière de prolétaire.

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *