F-35 dans l’Utah : Un bug logiciel à l’origine du crash

Un avion de chasse F-35A de cinquième génération de l’US Air Force, qui a été détruit dans un accident à la base aérienne de Hill dans l’Utah le 19 octobre 2022, s’est écrasé à cause d’un problème logiciel, selon une enquête de l’Air Force. L’appareil du 421e escadron de chasse s’approchait de la base en formation de quatre F-35, un peu après 18 heures, lorsque le pilote a ressenti une “légère turbulence” dans le sillage du chasseur devant lui, ce qui a provoqué une erreur de données de vol dans les commandes de vol de son F-35.

Son avion a ensuite cessé de répondre à ses tentatives de contrôle manuel, virant brusquement sur la gauche et ignorant ses efforts pour interrompre la séquence d’atterrissage. Un pilote d’essai du F-35, qui a assisté à l’incident depuis le sol, a déclaré aux enquêteurs que l’avion “avait l’air d’un F-35 tout à fait normal avant de perdre évidemment le contrôle… J’ai vu des mouvements très importants des surfaces de contrôle de vol – les stabilisateurs, les volets arrière, les gouvernails semblaient bouger très rapidement”.

Le rapport, publié le 27 juillet, devrait servir à éviter des incidents similaires dans la flotte de F-35. Ce chasseur possède déjà 800 bugs connus et de nouveaux sont découverts en permanence.

800 bugs pour le fer à repasser volant

Parfois décrit comme un “ordinateur et un fer à repasser volant”, le F-35, dont la complexité est à l’origine du crash d’octobre 2022, a suscité de vives critiques de la part d’un large éventail de sources, car malgré les nombreux avantages qu’il procure, son fonctionnement peut être beaucoup plus problématique que celui des chasseurs des générations précédentes dotés d’avionique plus traditionnelle comme le F-16.

Une interview d’un pilote de F-35 réalisée par le magazine américain d’aviation Hush Kit, par exemple, a montré que beaucoup ont eu du mal avec les interfaces et les écrans du cockpit du chasseur. Le pilote a observé à l’époque : “Actuellement, j’appuie sur la mauvaise partie de l’écran environ 20 % du temps en vol en raison soit d’une mauvaise identification, soit plus souvent parce que mon doigt est secoué par la turbulence ou sous l’effet des G. L’un des plus grands inconvénients est que vous ne pouvez pas caler votre main contre quoi que ce soit en tapant – pensez à la facilité avec laquelle vous tapez sur un smartphone avec vos pouces par rapport à essayer de piquer sur un clavier virtuel sur une grande tablette avec juste votre index.”

Les difficultés à utiliser un système à écran tactile peuvent réduire le temps de réaction du pilote et potentiellement causer de graves dangers au combat. Le pilote a également observé que l’interface du F-35 avec son “casque magique” à 400 000 dollars, qui remplaçait les affichages tête haute utilisés sur les anciens avions comme le F-22 et le F-16, ne pouvait pas afficher les informations aussi largement et les réduisait pour qu’elles correspondent au champ de vision du casque.

Il a également critiqué son système de reconnaissance vocale en déclarant : “La saisie vocale est une autre caractéristique du jet, mais pas une que j’ai trouvée utile. Elle peut bien fonctionner au sol dans un banc d’essai, mais sous G en vol ce n’est pas quelque chose que j’ai trouvé fonctionner assez régulièrement pour m’y fier. Je n’ai rencontré personne qui l’utilise.” Son témoignage était l’un des nombreux à faire état d’une insatisfaction généralisée face à ce qui semblait être des caractéristiques trop high-tech sur l’appareil qui entravaient en fait son efficacité opérationnelle. L’impossibilité de reprendre le contrôle manuel de l’appareil le 19 octobre 2022 n’était qu’un exemple parmi d’autres.

Dans le cadre du programme d’armement le plus coûteux de l’histoire, le F-35 a souvent été décrit comme trop gros pour échouer, des centaines de milliards de dollars ayant déjà été engloutis dans le programme. L’avion est irremplaçable en raison de son statut de seul chasseur de post-quatrième génération en production dans le monde occidental, et du seul capable de combattre à un niveau similaire à celui du J-20 chinois qui est produit en très grand nombre et dans des variantes de plus en plus avancées.

Les problèmes du F-35 ont néanmoins été extrêmement répandus, le logiciel problématique ayant récemment entraîné des coupes dans plus d’un tiers de la production pour 2023, tandis que les problèmes avec le moteur F135 problématique ont coûté au Pentagone 38 milliards de dollars de dépenses imprévues de maintenance. Provoquant une indisponibilité des avions six fois plus élevée que celle des autres classes de chasseurs, le moteur a fait l’objet de vives critiques du président de la sous-commission des services armés de la Chambre sur la préparation, John Garamendi, en mai 2022, lorsqu’il a fustigé la suggestion que le F-35 passe à un autre moteur d’un autre producteur, affirmant qu’il entraînerait probablement deux moteurs différents qui “ne fonctionnent pas”.

Qu’est-ce que c’est ce ce bordel ?

“Peut-être que le moteur ne fonctionne pas, ce qui est un problème de Pratt & Whitney”, a-t-il déclaré. “Ils vont passer bientôt devant cette commission. S’ils sont dans le public et s’ils écoutent, attention. Je vais vous attaquer de tous les cotés. Vous nous donnez un moteur et il ne fonctionne pas, eh bien il a fonctionné pendant un petit moment jusqu’à ce qu’il y ait un peu de poussière autour et puis il ne fonctionne plus. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qu’est-ce qui se passe ici ?”

Les performances du F-35 ont été très largement critiquées par les responsables militaires et civils, ainsi que dans les rapports des opérateurs étrangers comme la Corée du Sud, ses taux de disponibilité très faibles et son manque de fiabilité ayant un impact sérieux sur la préparation opérationnelle des flottes qui adoptent largement l’appareil. Si les problèmes du programme ont entraîné des dépenses énormes en temps de paix, en temps de guerre, ils ont le potentiel d’influencer sérieusement l’équilibre des forces dans les airs en faveur des futurs adversaires et donc de mettre davantage de vies en danger.

Les problèmes seuls de moteur, qui immobilisent les avions à des taux beaucoup plus élevés que ceux des autres classes de chasseurs, ne font que rendre les bases accueillant le F-35 des cibles plus ridicules pour les adversaires fortement investis dans des actifs tels que les missiles balistiques pour contrer l’appareil.