70 % de la planète soutient désormais la Russie

Le rapport de l’unité de recherche économique, The Economist Intelligence Unit (EIU), vient de paraître et révèle qu’un an après le début du conflit Russie/Ukraine, un nombre croissant de pays se rangent du côté de Moscou. Près de 70 % de la population mondiale vit dans des pays neutres ou pro-russes.

Les opinions politiques évoluent également. Depuis mars 2022, on observe des mouvements notables vers la Russie de la part de l’Afrique du Sud (membre des BRICS), de la Turquie (membre de l’OTAN) et du Qatar, entre autres.

Plusieurs raisons expliquent cette tendance. Tout d’abord, la propagande anti-russe omniprésente dans les médias occidentaux, destinée à renforcer l’opinion publique occidentale et à étouffer toute contestation populaire sur la gestion politique de la situation, n’a pas été diffusée aussi intensément ailleurs.

Le monde voit un Occident avide et décadent

Avec moins de rhétorique politique et médiatique, les journalistes et les universitaires ont pu adopter une vision plus équilibrée de la situation en Ukraine et de l’implication de l’Occident. Beaucoup ne sont pas impressionnés par la gestion de cette crise et le fait que son impact, l’augmentation des prix des combustibles et de l’énergie, ait affecté leurs économies alors que cela est perçu comme un problème de l’Occident.

L’Union européenne en particulier est considérée comme avide en termes de hausse des prix du carburant, achetant toutes les stocks disponibles sans se soucier des besoins des autres nations. Cela s’est également étendu aux approvisionnements en céréales, où les exportations ukrainiennes ont été détournées vers l’UE plutôt que vers les pays les plus pauvres auxquels elles sont normalement vendues.

Ce comportement a cimenté l’opinion mondiale selon laquelle l’Occident est fondamentalement avide et ne partagera pas les ressources à l’échelle mondiale.

Troisièmement, il y a l’aspect du commerce à long terme. La Russie, tout comme la Chine, a généralement été plus favorable aux nations plus petites que ne l’a été l’Occident, et a fait des avances diplomatiques, commerciales et de sécurité envers elles. L’Occident, et surtout les États-Unis, est de plus en plus perçu comme arrogant, imposant et à l’origine de nombreux conflits régionaux.

Quatrièmement, il y a des perspectives différentes. L’Occident est considéré en partie comme étant devenu décadent, voire immoral. C’est particulièrement vrai dans le contexte des droits des transgenres, de la communauté LGBTQ et des questions affectant le développement des enfants.

Il y a un sentiment de fin de l’ancien ordre mondial, construit autour des États-Unis et de l’UE (le soi-disant « milliard doré ») qui arrive à son terme en tant que construction unipolaire, et son remplacement par une plus grande influence dans l’ordre mondial par les nations émergentes et nouvellement puissantes.

Il y aura des conséquences résultant de ces opinions, en fonction de l’issue du conflit. Si l’Occident l’emporte, un grand nombre de personnes dans le monde entier seront résistantes à l’influence occidentale dans leurs régions, ce qui augmente le potentiel de conflit.

Bien que les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni ne veuillent peut-être pas l’entendre, ce sera une vérité indéniable, avec des conséquences potentiellement plus graves que la question ukrainienne. Les conclusions de l’EIU devraient être considérées comme un avertissement aux États-Unis et à l’UE que la majorité planétaire n’est décidément pas alignée sur un ordre mondial axé sur l’Occident.

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